Ce matin le portable de Jean Denat, maire PS fraîchement élu à Vauvert, n'arrête pas de sonner. Si la victoire municipale d'un socialiste dans le Gard est assez rare pour être relayée, c'est un autre événement qui consacre toute cette attention : la nomination de son ami Manuel Valls au poste de Premier ministre. Le "sarkozyste de gauche", comme le surnomment ses détracteurs, entretient depuis onze ans des liens privilégiés avec notre Camarguais. Dimanche, les deux socialistes se sont d'abord passés un coup de fil après la victoire de Jean Denat et ont débattu de la "déroute" de leur parti en faisant "un point sur la situation gardoise".

Hier, c'est un texto qui a scellé l'échange de félicitations, après la promotion du ministre de l'Intérieur au rang de Premier ministre. François Hollande par le biais d'une allocution enregistrée a expliqué rapidement : "le message que vous m'avez adressé (déroute PS aux municipales, NDLR) je le reçois personnellement et je dois donc y répondre. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a réussi à rétablir une situation dégradée. Il est temps d'ouvrir une nouvelle étape, et j'ai donc confié à Manuel Valls la mission de gouverner". Différents objectifs lui sont assignés : "redonner de la force à notre économie" ; assurer "la justice sociale" en adossant au pacte de responsabilité "un pacte de solidarité" et "convaincre l'Europe" du "bienfondé" de la politique de la France.

Différences. "Vous savez, il ne faut pas réduire Manuel Valls à l'aile droite du Parti Socialiste et aux primaires (l'homme aux 6%, NDLR). C'est un élu responsable et honnête qui va mettre en œuvre la politique voulue par le président de la République", commente d'abord Jean Denat. Et de poursuivre : "il existe de nombreuses différences entre lui et Jean-Marc Ayrault. C'est un bon manager, avec une personnalité forte et populaire auprès des Français. Il est capable de rassembler beaucoup de monde autour de lui. Je suis sûr qu'il réussira à mettre en oeuvre ce pacte de solidarité adossé au pacte de responsabilité. Aujourd'hui, il faut bien se rendre à l'évidence : si nous voulons conserver notre niveau de vie et notre compétitivité, il faut faire des efforts. Manuels Valls est capable de fixer ce cap et de le maintenir". Reste à savoir si cette promotion, à défaut d'être une marche pour les présidentielles, ne sera pas un casse-gueule politique...

Coralie Mollaret