Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 21.04.2014 - eloise-levesque - 3 min  - vu 363 fois

BARJAC. Une foire aux antiquaires sur fond de crise

Un habit de lumière porté par El Cordobés, matador espagnol des années 60

Jean-Jacques peine à vendre des fauteuils en noyer de 1920 à 200€ la paire. DR/EL

Depuis plusieurs années, les antiquités anciennes perdent de leur popularité auprès des acheteurs qui leur préfèrent du mobilier moderne ou en kit.  La faute à la crise qui réduit les budgets? Seulement en partie. Selon certains brocanteurs, il s'agit aussi d'un  phénomène de mode et d'évolution des mœurs. Reportage à grande foire biannuelle de Barjac, cet après-midi.

Depuis jeudi dernier et jusqu'à ce soir se tient la 81e édition de la Foire Aux Antiquités et à la Brocante de Barjac, qui accueille environ 400 exposants de tout le pays. Un rendez-vous incontournable pour certains marchands qui ne comptent que sur ce types d’événements pour vendre leurs objets anciens. "On vient à cette foire depuis 5 ans. Avant, mon mari et moi étions collectionneurs. Depuis, nous sillonnons la France tout au long de l'année en espérant trouver de nombreux acquéreurs. Mon époux ne vit que de cela mais de mon côté je travaille à l'extérieur, on ne peut pas en tirer deux salaires", affirme Marie, originaire de Haute-Loire, près de St-Etienne. Elle vend surtout des objets haut de gamme de la vie quotidienne, du rouet au fer à repasser du début du 20e en passant par la cuisinière miniature que les colporteurs utilisaient au début du siècle pour démarcher leurs clients.

D'anciens objets de la vie quotidienne qui intéressent surtout des marchands et des collectionneurs. DR/EL

Une apogée  révolue?

L'antiquité a eu son heure de gloire dans les années 80, mais la crise est passée par là, de même que l'évolution des modes de vie. "Aujourd'hui, les gens achètent un prix, et le patrimoine les intéresse de moins en moins. Ce n'est pas le luxe qui trinque, mais le moyen gamme. La mode est actuellement au mobilier industriel sorti d'usine et les vieilles armoires se vendent mal", ajoute Marie. "Il y a 5 ans, on ne pouvait pas circuler dans les allées tellement il y avait de monde. Cette année, on n'a vendu qu'au début de la foire à des collectionneurs et des marchands. Certes le très beau part bien (années 30,40, 70) mais les autres meubles sont difficiles à céder alors qu'on peut les acheter par dizaines", précise Rodolphe qui vient de Port Carmargue avec des objets entre 2 et 5000€.

"Ça reviendra", assure Jean-Jacques, qui expose en face et exerce ce métier depuis plus de 38 ans. "Je vendais une armoire Louis XV à 80 000 francs il y a dix ans. Elle ne peut dépasser 1200€ aujourd'hui. Les jeunes ne s'y intéressent plus du tout et achètent moins cher parce qu'ils bougent beaucoup. Mais la mode est cyclique. On finit toujours par faire un rejet de ce qu'on a connu. Le meuble ancien est revenu dans les années 80 après une folie vernis polyester. On achetait des livings à 50 000 francs à l'époque", affirme-t-il tout en restant sur ses gardes sur l'avenir. "Le sommet ne se paupérise pas mais la petite bourgeoisie tremble car elle peut se retrouver au chômage du jour au lendemain. Et c'est elle notre clientèle".

Le constat semble le même chez nos voisins belges. "Habituellement, j'expose dans le Nord mais je suis aussi venu en vacances ici. Les gens dépensent moins qu'avant, c'est clair. En Angleterre en revanche, les ventes se maintiennent bien, peut-être parce-que Londres est la capitale", explique Dany, qui vient de la partie flamande de la Belgique. De quoi donner raison à ceux qui clament sans cesse que la classe moyenne est en train de sombrer.

Eloïse Levesque

Eloïse Levesque

Actualités

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio