ENTRETIEN. Le député Fabrice Verdier : "Le Liban est dans une situation explosive"
Alors que le Liban élit cette semaine son président de la République, le député PS d'Alès Fabrice Verdier s'est rendu pendant 5 jours dans le pays, avec plusieurs parlementaires, pour notamment rencontrer des diplomates et visiter un camp de réfugiés. Objectif : rendre compte de ses observations et de ses analyses au Ministère des affaires étrangères.
Objectif Gard : Dans quelle mesure ce déplacement au Liban rentre-t-il dans le cadre de vos fonctions de député?
Fabrice Verdier : Il existe 110 groupes d'amitiés entre la France et l'étranger et les députés sont invités à y participer en tant que parlementaires. J'ai choisi le Liban par amitié pour Christian Assaf, qui est originaire de ce pays, et également par curiosité. Après cette visite, je vais faire remonter ce que j'ai vu au Ministère des affaires étrangères. Un député ne doit pas seulement se positionner les questions nationales, mais aussi internationales.
O.G : Quelle analyse portez-vous sur la situation libanaise, alors que le second tour des présidentielles a lieu ce mercredi?
F.V. : Ce voyage fut dense et riche humainement. Il m'a permis de comprendre bien des choses. Le pays est magnifique mais il a de nombreux défis à relever. Il est aujourd'hui dans une situation explosive, partagé entre chiites et sunnites (depuis juillet 2013, six attentats ont secoué le Liban, ayant fait au total près d’une centaine de morts et plusieurs centaines de blessés, NDLR). Au multiconfessionnalisme s'ajoute la frontière avec la Syrie et Israël, avec des conséquences séculaires pour le Liban. A ce jour, près d’un million de réfugiés syriens sont le sol du pays, et on estime que 15 000 nouveaux arrivent chaque semaine, soit près d’un par minute. Le Liban a vu en 2 ans sa population croître de 30% au moins, alors que sa situation politique, économique et sociale était déjà difficile. Les réfugiés sont par ailleurs menacés au quotidien, leur sécurité n'est pas assurée. Leur accueil est l'un des enjeux que devra maintenant relever le pays.
O.G : Qu'allez-vous rapporter au Ministère des affaires étrangères ?
F.V : La France doit continuer d'être présente au Liban, que ce soit politiquement, culturellement et économiquement. Les choses sont souvent plus compliquées qu'on ne les mesure quand on est loin. Aucune problématique n'est binaire et la politique étrangère est un véritable domino. Les conséquences de cette situation pour la France peuvent être importantes. Les risques terroristes peuvent augmenter et les relations entre l'hexagone et les pays voisins (Iran, Arabie Saoudite) peuvent en pâtir.
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