A la sortie de Barjac, sur la route de St Sauveur, une ferme partagée par 3 producteurs a été inaugurée en 2011 sous l'impulsion de l'association nationale Terre de Liens. Objectif : proposer du foncier à moindre coût pour faciliter l'installation des jeunes cultivateurs bio. Aujourd'hui, l'heure est venue de davantage se faire connaître.

Une centaine de personnes étaient présentes hier à la Grange des Prés sous un soleil particulièrement lumineux. Atelier de pains pour les enfants, apéro-concert, pizzas au four à bois, buvette, le tout dans une ambiance familiale de village. Les uns boivent une bière dans l'ombre d'un arbre qui commence à fleurir, les autres dégustent une part de tarte cuite au feu de bois. Il manque l'essentiel, le pain. Fred, producteur local et artisan boulanger, vient de le mettre au four. Confectionnées par les enfants du village qui ont pris soin d'y ajouter de nombreuses pépites de chocolat, les petites boules vont bientôt être prêtes à la dégustation. "Le pain n'est qu'un prétexte pour faire connaître la grange et aider à la diffusion des produits", précise Fred, 38 ans.

Un financement solidaire

De fait, trois producteurs et une association de formation louent leurs terres sur la Grange des Prés. Éleveurs de cochons, de volaille et boulanger se partagent 120 hectares. "L'association Terre de liens acquiert des terrains grâce à un fonds propre (25%) et à l'épargne solidaire (75%). Ces surfaces sont ensuite mise en location sous des baux de 25 ans. Un fermier qui loue 20ha paiera 1000€/an à l'association, c'est bien moins cher que les prix du marché", explique Alain Reybaud, président d'honneur des Amis de la Grange des prés (qui aide à la diffusion des produits) et vice-président de Terre de liens Languedoc-Roussillon. Ainsi, 150 fermes de ce type existent en France dont trois dans le Gard.

Trouver des clients

"Sans l'association, je n'aurais pas pu m'installer. Aujourd'hui, il est très difficile de trouver des terres et reprendre une ferme coûte cher. Si on est pas fils d'agriculteur, c'est mission impossible", ajoute Fred qui fabrique son pain bio sur l'ensemble du processus de production, de la culture du blé au pétrin de la pâte, en passant par la meule pour faire de la farine.

Installé depuis 3 ans, il a commencé le pain il y a un an et vient d'obtenir son label bio. Le boulanger commence tout juste à avoir une clientèle régulière, entre le centre de loisirs de Méjannes-le-Clap, la cantine de Barjac, les commandes de particuliers et le marché. Mais cela reste insuffisant financièrement et il n'a pas de contrat. "J'ai peut-être une piste de développement du côté du magasin de producteurs de Bagnols-sur-Cèze. J'attends de voir. Le but est quand même d'en vivre!", lance-t-il ironiquement, tout en rappelant qu'il ne peut  ouvrir sa boulangerie. "Mon atelier est à Issirac, 220 habitants. J'y ai mon moulin en pierre et mon four à feu de bois. Mais le pain de se stocke pas et je perdrais de la marchandise. Je fonctionne donc sur commande. J'espère pouvoir me tirer un salaire convenable dans 3 ans". Avis au amateurs de bon pain.