SANTE. Médicaments à l'unité : une aberration selon certains pharmaciens d'Alès
En octobre dernier, l'Assemblée nationale donnait son feu vert à la vente à l'unité de certains antibiotiques à titre expérimental, afin d'éviter leur gaspillage ou une automédication dangereuse. Le test a démarré pour trois ans dans 78 pharmacies en France le 1er avril dernier. 14 molécules sont concernées. Du côté des officines d'Alès, la pilule a bien du mal à passer.
Les pharmaciens semblent unanimes sur cette proposition de la ministre de la Santé Marisol Touraine qui souhaite faire des économies tout en luttant contre l'auto-médication. «Les médicaments entassés dans une armoire à pharmacie amènent des gens à prendre des médicaments pas forcément adaptés», a-t-elle expliqué, arguant que «1,5 kg, en moyenne, de médicaments sont non utilisés par chaque Français». Cette mesure limiterait donc également le gâchis de médicaments et est déjà développée depuis près de 25 ans en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande.
Mais les officines, la plupart syndiquées, sont plus que dubitatives. Et la capitale cévenole ne fait pas exception. "C'est une décision politique, pas de terrain. Ils feraient mieux de se renseigner un peu avant d'envisager de telles aberrations", juge Françoise Rivière, pharmacienne dans le centre-ville d'Alès. Et d'ajouter avec agacement : "Tous les médecins savent combien il y a de comprimés dans une boite. Il leur suffit d'adapter leur posologie pour éviter les pertes et donc l'auto-médication. Cette mesure ne sert à rien. Le gouvernement ne fera aucune économie et la perte de temps pour les pharmaciens et les préparateurs sera considérable. Je n'ai pas fait 6 ans d'études pour ouvrir des boites! Par ailleurs, les médicaments ne représentent que 15% du trou de la sécurité sociale. Si le gouvernement veut faire des économies, il devrait aller dans les hôpitaux et revoir le système, notamment sur l'acharnement thérapeutique qui coûte cher".
Même analyse du côté de Nancy Welmant, qui tient son commerce près du Cratère : "Ce n'est pas sécurisant pour le patient, en particulier les personnes âgées, qui risquent de se tromper dans leur pilulier. Certes la sécurité sociale fera des économies mais pas nous. Nos marges vont encore une fois diminuer. Aujourd'hui, 3 pharmacies ferment en France par jour".
De son côté, une autre pharmacienne est réservée mais moins radicale : "Ce sera très difficile à gérer. Ce n'est économiquement pas du tout à notre avantage. Et les manipulations supplémentaires favorisent les erreurs su détriment du patient. Par contre, il est vrai que c'est un bon moyen de lutter contre l'auto-médication qui est trop fréquente", nuance-t-elle.
Réponse dans trois ans...
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