INDIGNE Découvrez les conditions de vie de Louise, 81 ans, habitante du Mas de Mingue
Rue Montaigne au Mas de Mingue. La porte de Louise, petit brin de femme de 81 ans, s’ouvre lentement. Chaque centimètre laisse échapper une odeur insoutenable, un mélange de renfermé et de saleté. Sur le pallier, Jean-Paul Fournier, sénateur-maire de Nîmes, Thierry Procida, conseiller général du canton Nîmes II et Marc Taulelle, adjoint au maire, marquent un mouvement de recul. On les comprend. Il fallait avoir le cœur bien accroché ce jeudi matin pour pénétrer dans ce capharnaüm. Louise, elle, sourit. L’octogénaire semble ravie que l’on s’intéresse enfin à elle, à ses conditions de vie. Elle voit probablement en ces visiteurs une once d'espoir.
A mesure qu’il découvre le T4 d’une cinquantaine de mètres carrés géré par Habitat du Gard, le visage de Jean-Paul Fournier se décompose. Sur les murs sans vie, des cafards font la course. La cuisine est vieille, sale, répugnante. La salle de bain est impraticable : la vaisselle dans l’évier et les casseroles dans la baignoire côtoient un tube de shampooing, objet qui rappelle la présence d’une salle de bain. Sur les murs, des fils électriques pendouillent de manière anarchique et sans la moindre protection. La tutrice de Louise enfonce le clou : « Il n’y a pas d’eau dans la cuisine. L’évier est bouché. Louise a passé deux hivers sans chauffage et sans eau chaude. C’est révoltant ».
Pour sortir l’octogénaire de cet enfer, la tutrice a frappé à toutes les portes : le bailleur Habitat du Gard, les services d’hygiène, la députée Françoise Dumas… « Mais tout le monde se renvoie la balle », déplore-t-elle avant de continuer : « On demande à ce que l’appartement soit remis en propreté et qu’Habitat du Gard fasse certains travaux d’électricité parce que ça peut prendre feu à tout moment ».
Sorti de l’appartement pour visiter les parties communes du quartier, Jean-Paul Fournier a l’air grave : « Je suis abasourdi qu’on laisse vivre des personnes dans de telles conditions. On n’y mettrait pas des bêtes ! Je demande à M. Bouad (président d’Habitat du Gard, NDLR) de venir ici ». Interpellé par une habitante du quartier, le sénateur-maire de Nîmes fait part de son impuissance : « On ne peut rien faire ici. Ce n’est pas à nous. Même les trottoirs ne sont pas à nous. Mais sachez que je vais interpeller M. Cabrié (directeur d’Habitat du Gard, NDLR) ainsi que le Préfet ». La visite dans les caves et escaliers des immeubles ne fut guère plus rassurante : tags, fenêtres cassées et de la mort aux rats qui traîne au sol, à la portée du premier enfant venu, sont le quotidien d’habitants exaspérés mais soutenus dans leur combat par la Confédération Générale du Logement et son président Mohammed Jaffal. « Les responsables de cette situation, il faudrait les faire vivre ici ! », propose Sabah, une jeune femme du quartier. Chiche ?
Tony Duret
tony.duret@objectifgard.com
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