CRIMES EN ÉTÉ Meurtre entre amis à Alais
Sur Objectif Gard, été rime avec nouveautés. Cette semaine, vous n’êtes certainement pas passés à côté de tous les bons plans que l’on vous propose chaque matin à 7h, de la nouvelle rubrique insolite le jeudi à 11h ou encore le « Inside-Outside » chez les naturistes vendredi dernier à 14h. Ce dimanche, toujours avec cette volonté de ne pas se reposer sur nos acquis et de dépoussiérer Objectif Gard, nous vous proposons de revenir sur les grandes affaires criminelles qui ont marqué notre département. Cette semaine, l’affaire Flandrin à Alais (ancienne orthographe d’Alès)…
« Pourquoi j’ai cette montre ? Cela ne te regarde pas. Je te prie de garder ta langue sans cela je te foutrais ma main sur la figure et tu ne t’en relèveras pas ». Encore une fois, Etienne Flandrin est dans tous ses états. A son domicile de la rue Fabrerie à Alais, ce cultivateur de 52 ans passe un savon à sa femme Marie. Mais ce jour de septembre 1855, Marie le sent bien, Etienne est différent : nerveux, sur ses gardes et plus colérique qu’à l’accoutumée. Il faut dire que la Marie vient de poser une question très embarrassante sur cette grosse montre de valeur, en argent, et avec une chaîne en acier. En demandant ce qu’elle fait là, dans une tasse près de la cheminée, cela revient aussi à demander à qui elle appartient. Et ça, Etienne Flandrin n’a pas franchement envie d’en parler. Il va pourtant y être contraint…
L'histoire remonte au 13 septembre 1855, quelques jours plus tôt, quand Alexis Michel, un brave homme de 70 ans que tout le monde surnomme le Père Michel, va rendre visite à son ami Etienne Flandrin. Les deux hommes se connaissent depuis cinq ou six ans et s’apprécient mutuellement. Il faut dire que chacun y trouve son intérêt : le cultivateur profite de l'argent du vieillard, qui ne rechigne pas à mettre la main à la poche pour quelques virées au cabaret, et ce dernier est bien content d'avoir trouvé un copain de boisson lors de ses sorties nocturnes. Mais au lendemain d’une énième virée, le père Michel est retrouvé mort par un cantonnier. Son corps gît dans un fossé, le long des bois du Mas Neuf, à Rousson. Couché sur le ventre et baignant dans une mare de sang, son corps est dans un sale état : on compte douze blessures, des fractures des os, d’autres sont broyés... Détail encore plus sordide : on découvre que le nez du pauvre homme a été tranché ! Tout comme une partie supérieure de la lèvre.
Sans surprise, les soupçons se portent tout de suite sur Flandrin, le bon copain. Il faut dire que le cultivateur n’a déjà pas très bonne réputation : il est connu des services de police pour vol et coups et blessures. De plus, une rumeur se répand comme une trainée de poudre dans le village : la veille au soir, la voisine de Flandrin l'a entendu rentrer tard et trafiquer un bon moment avec les tuyaux d'eau de son jardin, comme s'il nettoyait énergiquement quelque chose...
Dès le lendemain, les policiers vont mettre des débuts de réponse sur ces rumeurs : en perquisitionnant le domicile de Flandrin, ils trouvent une blouse bleue et un pantalon de velours noir avec des tâches suspectes mais aussi une hachette et une serpe parfaitement aiguisée et tâchées de sang. « Je m'en suis servi pour tuer un lapin », expliquera Flandrin. Admettons… Mais cette montre en argent au verre cassé qui traîne près de la cheminée ? Tout le monde la connaît cette montre : aucun doute, c'est celle du père Michel ! Il ne la quittait jamais. « Il me l’a vendue », dira Flandrin.
Que s'est-il donc passé ce 13 septembre 1855 ? Selon la version du cultivateur, c'est le Père Michel qui passe prendre Flandrin chez lui, alors qu'il est en train de préparer sa soupe. Ils partent alors en direction de l'auberge. Là-bas, ils partagent une bonne bouteille de vin, une assiette de fromage et un lapin, tout en discutant des conquêtes du vieillard, qui « aime particulièrement courir après les femmes des autres » selon Flandrin. Puis vient l'heure de se quitter. Il est quatre heures de l'après-midi. Etienne Flandrin dira une première fois aux policiers qu'il a rejoint sa demeure dont il n'est plus ressorti jusqu'à six heures du matin, le lendemain. Dans une deuxième version, il dira qu'il s’est promené avec deux personnes rencontrées un peu plus tôt au cabaret. La triste vérité est qu'il a sauvagement assassiné son ami. Pour lui voler 12 francs.
Ce 13 septembre, après être sortis de l’auberge, alors qu'ils marchent tous les deux sur des chemins de campagne, le Père Michel fait une pause de quelques minutes. Depuis quelques jours, une douleur au pied gauche le fait terriblement souffrir. Il ôte sa chaussure et laisse reposer son pied sans se soucier de ce que fait Flandrin. Dans son dos, son « ami » se tient droit, les bras en l’air et une hache entre les mains. Il s’approche lentement du septuagénaire et, sans prévenir, lui balance un coup de hache sur la tête. Le Père Michel est sonné mais, puisant dans ses dernières forces, il parvient à se relever. Flandrin le rattrape et ne lui laisse aucune chance. Il lui donne un nouveau coup, le plaque au sol et le piétine, tout en s'acharnant à le frapper à mort sur la tête. Ensuite, comble de l’horreur, Flandrin s'empare de son couteau et arrache une partie du nez ainsi que la lèvre supérieure de sa victime. « Au moins, personne ne le reconnaîtra », se dit-il. Avant de quitter les lieux, il s'empare de la fameuse montre...
Le procès de Flandrin s'ouvre à Nîmes le 19 février 1856. Cynique et manipulateur, l’accusé n’hésitera pas à ternir l’image du Père Michel. Prêt à tout pour sauver sa peau, il usera de plusieurs versions pour tenter de faire croire à son innocence. Mais la Cour n'est pas dupe et le reconnaît coupable de l'assassinat d'Alexis Michel. Le 10 avril de la même année, il sera guillotiné sur le Cours Neuf, à Nîmes, devant une foule immense.
Tony Duret et Elodie Boschet
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