Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 29.07.2014 - eloise-levesque - 3 min  - vu 284 fois

POLÉMIQUE Suspension des subventions aux producteurs bio : la région répond

Les vignerons de Tornac, à Barjac cet après-midi. Eloïse Levesque/Objectif Gard

Alors que les régions vont bientôt prendre les compétences des subventions accordées aux agriculteurs bio, le Languedoc-Roussillon envisage de supprimer les aides au maintien de l'activité destinées aux producteurs installés depuis plus de 10 ans. Une pétition est également ligne pour lutter contre cette mesure.

Barjac fêtait aujourd'hui le 10e anniversaire de sa foire bio, rassemblant de nombreux producteurs du département du Gard. L'occasion pour les organisateurs d'appeler à une mobilisation des agriculteurs contre une mesure préparée par la Région : le suppression du crédit d'impôt accordée aux fermes bio installées depuis plus de 10 ans, faute de budget. "Lors de sa visite dans le Gard en septembre dernier, le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll disait vouloir soutenir le bio. Mais le transfert de compétences à la Région permet à cette dernière de faire ce qu'elle veut. La production raisonnée* ne perdra quant à elle aucune subvention, incitant de fait à revenir au chimique. Ça n'a aucun sens", s'insurge Denis Florès, président de la CIVAM bio du Gard.

Un problème surtout éthique

Du côté des producteurs, la colère est présente, mais elle laisse souvent place à la résignation. "Ça représente 2500€ par an environ. C'est une partie de notre revenu mais ce manque à gagner ne sera pas trop lourd de conséquences pour nous et on n'a pas l'énergie de se battre. On est trop loin pour agir", explique Laurie Petit, qui tient une petite exploitation de fromage de brebis à St-André-de-Valborgnes. "Cette aide nous permet de passer le cap de l'hiver, période creuse financièrement. C'est une aide appréciée. Mais s'ils veulent la supprimer, on ne pourra rien faire. Dans tous les cas, on doit pouvoir s'en passer. C'est tout de même l'objectif!", assure une productrice de vinaigre culinaire et médicinal.

D'autres au contraire ne veulent pas se laisser abattre, même si le problème n'est, selon eux, pas uniquement financier : "Cet argent ne sera plus utilisé pour aider le bio, et c'est surtout ce qui m'inquiète. Si l'on veut qu'il perdure, il faut le soutenir. En le promouvant par exemple", affirme une viticultrice installée depuis 10 ans à St-Maurice-de-Cazevieille. "Cette aide représente 8% de mon chiffre d'affaire. Elle me permet de payer une partie des 140 000L d'amendement (engrais fait de la lie du vin) que je verse sur mes ceps. C'est pas anodin. Politiquement, c'est surtout incompréhensible. L'état a financé l'assainissement des nappes phréatiques de Tornac pour y installer le bio, et aujourd'hui, on veut nous enlever des aides", précise Olivier Jaussaud. Une pétition est actuellement en ligne pour lutter contre cette mesure.

"Mieux répartir les budgets"

La Région confirme ce projet mais se défend de laisser tomber le bio. "Ce secteur bouge et s'accélère. Le taux de conversion en agriculture biologique augmente de 8 à 10%. D'un autre côté, on estime qu'une entreprise soutenue pendant 10 ans (5 ans de subventions de conversion et 5 ans de subventions de maintien) est viable et pérenne. Nous avons donc décidé de répartir cet argent sur la conversion pour soutenir les nouveaux producteurs, qui sont notamment nombreux dans les Pyrénées Orientales. Pour 2014-2020, sur 100 000 000€ de budget européen pour l'agriculture, nous avons décidé d'en consacrer 40% au bio. Je comprends les craintes des producteurs mais ils connaissent notre fort engagement dans ce domaine", justifie Françoise Bigotte, conseillère régionale déléguée à la bio. Pour rappel, le Languedoc Roussillon figure au deuxième rang national de la filière bio : 10 % de sa surface agricole régionale est y dédiée. Le Gard quant à lui est le 2ème département français en nombre de producteurs bio : 550.

L’agriculture raisonnée fait référence à une gestion des pratiques agricoles tenant compte de la protection des écosystèmes (donc de l’environnement), de la maîtrise des risques sanitaires, de la sécurité au travail et du bien-être animal. En France, une certification est délivrée par le ministère de l'Agriculture et de l'écologie aux agriculteurs respectant ces principes. Le document n'est obtenu que si 103 exigences sont remplies. Pour ne citer que quelques exemples, l’agriculteur doit équilibrer l’utilisation des fertilisants, mettre en œuvre des pratiques culturales préservant les sols et limitant les risques de pollution, ou contribuer à la protection des paysages et de la diversité biologique. Pour les militants du bio, cette agriculture ne respecte pas davantage l'environnement

Eloïse Levesque

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