Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 01.08.2014 - eloise-levesque - 3 min  - vu 545 fois

EN IMMERSION A la visite guidée de Vézénobres

Le château de Girard, construit au 14e. Eloïse Levesque/Objectif Gard

Une visite guidée de Vézénobres, près d'Alès... Une idée peu excitante à première vue... Pourtant, l'activité matinale que vous propose Objectif Gard cette semaine pour son sujet en immersion pourrait réveiller en vous quelque intérêt pour ce village médiéval de caractère qui regorge de surprises...

Même la visite guidée a cette image très ancrée d'activité de soixantenaire, celle de Vézénobres demande tout de même un minimum d'entrain et de résistance. 10h du matin sur les hauteurs du village... Déjà, le soleil a décidé de se montrer sans réserve et atteindre les 300m d'altitude à pied relève d'un petit exploit.

Nous sommes une dizaine de touristes, et la visite débute par l'observation du panorama offert par les hauteurs. On s'arrête sur un champ de figues de 2 ha, dernier vestige des anciennes cultures de figues qui ont laissé place à la vigne il y a plusieurs années. Derrière nous, se dresse le château de Girard, construit au 14e siècle par une famille fortunée, à l'époque médiévale. On aperçoit encore les mâchicoulis et les meurtrières rebouchées. "Il s'agit de l'une des pièces maîtresse du village", précise Florence Canel, guide-conférencière.

En contournant le château, nous pénétrons via un porche à la cour qui, à la surprise des visiteurs est particulièrement petite. L'intérieur renferme aujourd'hui l'office de tourisme et autres espaces administratifs comme la salle des mariages. Les entrées sont tantôt arrondies, tantôt en forme d'ogive, "ce qui est rare dans le sud", assure la guide, "cette architecture est plus propice aux constructions élevées comme celle des églises".

L'entrée du fond est en forme d'ogive, comme dans les églises. Eloïse Levesque/Objectif Gard

La visite se poursuit par la place principale du village, où se trouve l'actuelle mairie. Déjà, le parfum du déjeuner que prépare le restaurant lèche les babines de certains. Cachée derrière quelques figuiers, Florence nous montre une fontaine à 3 têtes, que même certains habitués de Vézénobres n'avaient jamais remarqué. "Ça me fait étrangement penser à du Picasso", lance discrètement l'une d'entre nous.

Une créature étrange cachée par les figuiers, une fontaine à 3 têtes. Eloïse Levesque/Objectif Gard

Derrière nous, la façade blanche de l'époque médiévale reflète avec force le soleil qui continue de nous paralyser. Heureusement, l'endroit est ombragé. Sur le mur, des traces d'anciennes ouvertures de fenêtres ont été modifiées au fil des générations et de la mode architecturale. "Au 18e siècle, les habitants ont vu l'apparition d'un impôt sur les fenêtres. C'est aussi pourquoi certains les réduisaient pour payer moins cher. Cette taxe a perduré jusqu'en 1926", raconte la guide.

Les balcons en fonte moulée. Eloïse Levesque/Objectif Gard

La plupart des constructions vézénobriennes datent du moyen-âge, entre le 12e et le 14e siècle, alors que le village prend son essor et se développe sur le versant sud pour avoir la meilleure exposition. Les maisons et les commerces se multiplient. A l'époque, ces derniers possèdent la spécificité de donner directement sur la rue. Le vendeur se trouve derrière un comptoir clôturé en fin de journée par un volet de bois que l'on abaisse (voir photos ci-dessous). Ce qui donnera l'expression "Trier sur le volet", quelques décennies plus tard.

Ancien commerce de l'époque médiévale. Eloïse Levesque/Objectif Gard

Illustration de commerce au moyen-âge. Photo : Patrimoine de France

La visite se poursuit par divers chemins de traverses aux noms bien spécifiques. Nous empruntons d'abord une endroune, qui vient de andros, en grec, qui signifie "homme". "Ce passage est si étroit que l'on y passe à une seule personne. Il s'agit d'un accès permettant de circuler à l'intérieur de la ville en coupant, et en évitant de faire de grands tours. De surcroît, il ventile le cœur du village et permet un meilleur écoulement de l'eau", indique la guide.

Une endroune, ou androne. On en trouve surtout en Provence. Eloïse Levesque/Objectif Gard

Après une petite frayeur dans une calade à la pierre polie et glissante, nous pénétrons dans la rue Bougainvillers. Les cigales se réveillent et la chaleur monte d'un cran. Il s'agit de l'une des artères les plus exposées au soleil, et nous ne nous attarderons pas, sous peine de griller comme une saucisse. Juste le temps d'observer le temple protestant qui se trouve en contrebas sur la droite, ainsi que l'ancienne filature de ver à soie construite au 19e siècle qui dénote avec le reste de l'architecture de Vézénobres.

Ancienne filature où l'on élevait le ver à soie au 19e siècle. Eloïse Levesque/Objectif Gard

Avant de terminer la visite, nous gravissons un peu plus les pentes escarpées du village pour découvrir un lieu important de son histoire. "Tiens regarde, c'est du romarin, ça sent Marseille!", lance en chemin une quinquagénaire, visiblement originaire du nord de la France, à son mari et son fils. A l'époque Gallo-romaine la région est déjà prospère. Pendant deux siècles, un oppidum dont il reste quelques vestiges, est utilisé comme forteresse par les gaulois pour se protéger des invasions multiples ou les brigands.

Le reste des murailles médiévales. Eloïse Levesque/Objectif Gard

La matinée s'achève avec un petit remontant que les visiteurs attendaient avec impatience. Eric Gras, jeune agriculteur de Ners, est venu présenter ses produits pour les promouvoir et ainsi valoriser l'économie locale. Cartagène, huile d'olive et nectarine, la petite dégustation ravit les touristes, même s'ils savourent avec sobriété, tandis que le mercure enivre sans modération.

Eloïse Levesque

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