Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 10.08.2014 - eloise-levesque - 3 min  - vu 213 fois

CRIME EN ÉTÉ Marie-Rose, la mère infanticide acquittée

Document d'archive.

1874 à Vénéjan dans le Gard. A 26 ans, Marie-Rose Bagnol est fileuse à St-Etienne-les-Sorts. Après une liaison illégitime, elle tombe enceinte et supprime son bébé à la naissance. Elle sera acquittée.

Marie-Rose est née à Vénéjan et y a passé toute sa vie. A 26 ans, elle n'est toujours pas mariée et ne sais pas lire. Elle est fileuse de cocons à St-Etienne-les-Sorts chez Mr et Mme Massot, alors l'élevage de ver à soie est en plein essor dans la région. Un jour d'août 1874, la police vient lui rendre une visite qui n'a rien de courtoise. Elle est accusée d'avoir accouché avant de supprimer son bébé naissant. La rumeur court dans les alentours depuis plusieurs semaines. Pourquoi aurait-elle commis cet infanticide?

Un enfant de la honte

Quelques mois auparavant, Marie-Rose a eu des relations intimes avec un veuf. L'homme s'est remarié après, la laissant dans une situation déshonorante. Elle cache donc sa grossesse à tout son entourage. "N'ayant pas eu mes maladies depuis novembre, je soupçonnais bien une grossesse mais n'osant en parler ni à ma mère, ni à personne, je ne fis point de préparatifs en vue de mon accouchement", assure-t-elle aux cours des interrogatoires. Elle est donc seule à savoir. Elle aurait donc pu nier avoir simplement été enceinte. Pourtant, interrogée par le commissaire, elle avoue rapidement avoir effectivement enfanté, mais réfute toute tentative d'assassinat.

Selon ses déclarations, elle travaille à St-Etienne-les-Sorts quand les première contractions arrivent."J'eus des vomissements. Je ne me doutais pas que j'étais sur le point de m'accoucher. Je ne dis rien de ma grossesse à la femme Massot, qui, me voyant malade, me fit prendre un infusion", prétend-elle. Toujours selon elle, l'enfant tombe alors qu'elle est debout, ce dernier chutant au sol en déchirant le cordon ombilical avec son poids. A ce moment précis, sa patronne s'est absentée et ne soupçonne pas ce qui arrive à Marie-Rose. "Il est mort après avoir fait deux ou trois mouvements sans que je n'ai rien fait pour provoquer sa mort. Il n'a pas poussé le moindre cri", affirme-t-elle. Elle le recouvre ensuite de paille et avant d'aller l'enterrer avec le placenta dans une vigne près de la maison de ses employeurs.

De fausses déclarations

Cependant, l'enquête dément point par point la version de Marie-Rose. Selon l'exposé des faits rédigé par le Procureur de la République, les constatations médicales effectuées sur le bébé avec l'avoir déterré, conduisent à un double résultat : "la section du cordon a du être faite par un instrument tranchant, parce qu'elle ne porte aucune trace de déchirure. De plus, l'enfant été presque à terme. Des expériences docimasiques faites sur les poumons ont trouvé un résultat positif. Il a donc respiré et a du vivre quelques instants. Toutefois, l'enfant était en pleine décomposition au moment de l'autopsie, qui a eu lieu un mois après sa mort, on n'a donc pu trouver de traces de blessures ou de violences. Le médecin expert a conclu à une mort due à un défaut de soins". Et au Procureur de conclure : "La culpabilité de la fille Bagnol est évidente, quelles que soient les raisons de son geste".

D'autres éléments sont troublants. Elle n'a pas accouché à St-Etienne, comme elle le prétend, mais dans sa chambre à Vénéjan. Elle assure avoir enterré l'enfant près de chez les Massot, les gendarmes le retrouvent dans le jardin de la ferme familiale. Marie-Rose a-t-elle voulu protéger sa famille d'une éventuelle inculpation pour complicité?

Cette question n'a bientôt plus d'importance. En novembre de la même année, 5 témoins se succèdent à la barre de la cour d'assises du Gard, et le jury rend son verdict. Marie-Rose est acquittée, comme de nombreuses femmes de l'époque qui ont commis un infanticide.

Eloïse Levesque

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