Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 14.08.2014 - thierry-allard - 2 min  - vu 8118 fois

PONT-SAINT-ESPRIT L’histoire du pont qui a donné son nom à la ville

Le pont Saint-Esprit (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Des villes qui jonchent le Rhône, Pont-Saint-Esprit a très longtemps été une privilégiée.

En effet, elle fut pendant longtemps une des seules villes à disposer d’un pont de pierre entre Lyon et la mer. Nous sommes le 12 septembre 1265, Jehan de Thianges, prieur de Saint-Saturnin-du-Port, le nom de la ville à l’époque, décide de construire un pont reliant sa ville à la rive d’en face, le Vaucluse d’aujourd’hui. La légende raconte qu’il a lui-même posé la première pierre…

44 ans de construction

S’en suivront de longues et harassantes décennies de construction, puisque le pont ne sera achevé qu’en 1309, « à raison d’une pile et d’une arche tous les deux ans », explique Raymond Roman de l’association Renaissance du Vieux Pont-Saint-Esprit et spécialiste du pont.

Une construction qui a pris du retard sur la fin : des « bisbilles politiques » entre le roi Philippe Le Bel et le seigneur prieur concernant l’octroi le ralentissent. En 1302, les deux parties signent un traité permettant au roi de s’octroyer une part du juteux gâteau qui fera la fortune de la ville.

Le Saint-Esprit venu aider les ouvriers

Une légende naît durant la construction du pont : le Saint-Esprit aurait pris l’apparence d’un treizième ouvrier venu considérablement aider le travail des douze compagnons présents sur le chantier, si bien qu’il fut décidé de donner son nom au pont, puis à la ville.

Ça c’est pour la légende la plus connue, mais Raymond Roman a une autre théorie : d’après lui, le pont et la ville s’appellent ainsi « grâce à l’oratoire du Saint-Esprit, qui était à la place de la collégiale. On a donné ce nom à la ville aux alentours de 1350. »

Toujours est-il que Saint-Saturnin-du-Port devient Pont-Saint-Esprit, et que le fameux ouvrage s’appelle le pont du Saint-Esprit. Construit peu après le pont Saint-Bénézet d’Avignon, achevé en 1185, il est toujours debout, contrairement au pont avignonnais qui a fini par céder définitivement au 17e siècle.

« Un secret de construction »

Pourquoi le pont spiripontain a résisté, quand l’avignonnais a cédé ? Raymond Roman a la réponse : « Le pont a un secret de construction au niveau des claveaux. » De fait, il y a quatre rangées des ces pierres dans la largeur, puis régulièrement trois, ce qui lie les claveaux entre eux et assure la solidité du pont. Une technique qui n’avait pas été utilisée à Avignon.

De plus, pour éviter des tassements inégaux des arcs, les chariots étaient déchargés avant leur passage sur le pont, les marchandises transitant sur des berges traversant le fleuve, et ce jusqu’au 18e siècle.

Elargi, bombardé, mais toujours là

Le pont du Saint-Esprit ne sera modifié qu’en 1861, sous Napoléon III, lorsqu’il fut décidé de construire une arche marinière et d’élargir le tablier de plus de deux mètres. Il ne sera plus transformé, en tout cas volontairement.

Car le 15 août 1944 à 00h59, le pont du Saint-Esprit va être bombardé par les alliés. Endommagé, il ne sera reconstruit que dans les années 1950, et sera agrémenté d’une passerelle entretemps.

Aujourd’hui, plus de sept siècles après sa construction, ce pont de près de mille mètres relie encore majestueusement Gard et Vaucluse. Un ouvrage que Frédéric Mistral qualifiait de « couronne, porte d’or de la terre d’amour. »

Lire aussi : Le pont Saint-Esprit, prouesse médiévale, de Renaissance du Vieux Pont-Saint-Esprit.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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