Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 30.10.2014 - eloise-levesque - 2 min  - vu 825 fois

FAIT DU JOUR Sahnoune Karrad, ancien imam : "La France a raison d'intervenir en Irak"

Sahnoune Karrad, délégué régionale de Union des organisations islamiques de France. Eloïse Levesque/Objectif Gard

Intervention en Irak, campagne "Not in my name", stigmatisation...., Sahnoune Karrad, ancien imam de la Grand'Combe et délégué régional de l'Union des organisations islamiques de France, nous livre son analyse sur des sujets qui secouent l'opinion.

Objectif Gard : Comment réagissez-vous à l'actualité en Irak?

Sahnoune Karrad : Notre institution, l'UOIF, dénonce tout d'abord les actes de barbarie commis envers les Américains et les Français. Aucune religion ne peut cautionner ça. Nous dénonçons par ailleurs le terme d'"Etat islamique", qui a une connotation ambiguë envers les musulmans. Nous préférons l'appeler Daesh. Enfin, nous appelons la jeunesse musulmane de France à ne pas se laisser avoir par leurs discours, même si ceux qui partent rejoindre les djihadistes sont une minorité.

O.G : Comment expliquer leur engagement?

S.K : On ne comprend pas comment un jeune de 15 ans peut décider de partir là-bas. Certains s'auto-radicalisent. La stigmatisation n'est pas la seule cause. Il y a aussi le mal-être. La jeunesse se cherche et l'islam fascine. Mais ça ne doit pas de transformer en revanche. La spiritualité doit être au service de la citoyenneté.

O.G : Que pensez-vous de l'intervention de la France en Irak ?

S.K :  Je suis évidemment contre la guerre, comme tout le monde. Mais je pense que l'Etat est dans son rôle s'il juge que cette intervention est nécessaire. Le danger nous guette et tous les concitoyens sont concernés, musulmans ou pas. On ne peut accepter qu'on menace notre pays. Les conséquences peuvent certes être grave mais on ne l'espère pas.

O.G : En Grande-Bretagne, des musulmans ont mené une campagne publique -"Not in my name"- pour rappeler que les assassinats commis n'avaient rien à voir avec l'islam. Cette action est-elle constructive?

S.K :  La communauté est partagée sur ce point. De mon côté, je pense que l'assassinat d'Hervé Gourdel ne doit pas créer une brèche. Des blogs appellent directement à tuer des musulmans. Je suis pour affirmer les choses. Il faut que l'on puisse dire qu'on ne soutient pas cette barbarie. Cet homme a été tué parce qu'il était français. C'est comme si on touchait à toute la communauté musulmane.

O.G : "Not in my name" ne risque-t-elle pas d'amplifier l'amalgame entre islam et islamisme? La communauté n'a pas besoin de se justifier...

S.K : C'est un risque à prendre. Se taire est une forme de complicité intellectuelle. Nous sommes solidaires et cela doit être perçu par la République.

O.G : Comment lutter concrètement contre le radicalisme?

S.K : Grâce aux éducateurs. Je suis moi-même président de l'association Espérance à Alès et nous encadrons une centaine de jeunes avec des animations et des ateliers divers. Nous essayons de leur permettre de trouver l'équilibre entre engagement religieux et citoyen.

O.G : Évoquez-vous ces questions d'actualité pendant le culte à la mosquée?

S.K : C'est l'une de nos faiblesses. L'islam de France est peu différent de l'islam des pays arabes. On a du mal à évoquer ces questions. D'autant qu'il existe deux courants chez les imams : les réformateurs et les conservateurs. On a besoin de temps pour s'organiser mais on est en train de faire bouger les choses. En institutionnalisant les choses, comme avec l'UOIF, nous essayons de diffuser une culture commune.

Propos recueillis par Eloïse Levesque

Eloïse Levesque

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