Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 04.10.2014 - baptiste-manzinali - 4 min  - vu 505 fois

INONDATIONS Des nouvelles de Saint-Laurent-le-Minier

Entrée du village de Saint-Laurent-le-Minier après les inondations. (photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Depuis une quinzaine de jours, le petit village du pays viganais connait une agitation sans précedent au milieu des ballets de tractopelles, de camions de nettoyage, et des services d'assainissement. Ce matin, la CCI et la Communauté des Communes ont fait le déplacement pour activer des leviers d'aides aux commerçants et entreprises locales. Après le bilan, place aux actes.

Si les eaux ont depuis opéré leur reflux, les séquelles des inondations de septembre dernier sont gravés dans la pierre de ce petit village au charme saisissant. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a encore du pain sur la planche, avant de rendre à Saint-Laurent-le-Minier son aspect naturel. Les véhicules fracassés ont été dégagés, seul une carcasse à l'entrée du village persiste, graffée "Welcome to Beyrouth" en guise d'avertissement aux visiteurs. Des cages de football sur un terrain vague improvisé en déchéterie rappellent qu'ici, la zone était autrefois vierge. Se sont désormais des montagnes d'appareils électroménagers, de végétations mourantes et d'objets en tout genre qui jonchent le sol de ce stade, triés par des tractopelles. Dans la petite rue principale qui mène au coeur du village, l'eau est partie, l'odeur de mazoute aussi. Quelques habitants avertissent à leurs fenêtres : "Ne buvez pas l'eau du robinet. Bouteilles disponibles à la mairie" ou encore "Maison nettoyée, merci à tous". Le temple protestant et l'église servent de stockage des dons arrivés par milliers d'ici et là, de la nourriture et des habits surtout. Les habitants des villages environnants et les grandes enseignes locales n'ont pas hésité à apporter leur aide, preuve de l'immense solidarité dont a bénéficié Saint-Laurent-le-Minier. "On a était obligé de refuser des vêtements, on en avait trop. C'était assez énorme, on a eu des repas chauds de la part de la commune de Sumène notamment" précise M. Dupuis, bénévole et ancien 1er adjoint de la mairie. "Le Décathlon Odysseum nous ont dit "servez vous". Mais aussi, Castorama et Carrefour de Trifontaine, Digital et Super U de Ganges et l'Intermarché de Laroque ont vraiment été de généreux donateurs" ajoute Dominique Loubat, directrice de l'école qui a elle-même démarché ces enseignes.

Saint-Laurent-le-Minier après les inondations. (photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

IKEA, seul enseigne qui a refusé d'aider les sinistrés

Seul hic dans cet histoire, l'étonnant refus du magasin Ikea à Montpellier qui a refusé d'apporter son soutien, ni même une aide au montage. La commune de Saint-Laurent-du-Var a par ailleurs apporté son aide. Il existerait une association nationale d'entre-aide entre les villages portant le nom de Saint-Laurent. En petite camargue, c'est Saint-Laurent d'Aigouze qui devrait se manifester d'ici peu de temps. Sur un plan plus commercial, la CCI ainsi que la Communauté des Communes du Pays Viganais collaborent avec les entreprises touchées par les inondations pour apporter des solutions assurant une reprise d'activité rapide. Un local de dépannage a donc été installé pour assurer un commerce multi-service, et sera remplacé par la suite par un bâtiment en bois pour du long terme. Selon le président Roland Canayer, "La Communauté des Communes va porter le projet, on va chercher des financeurs rapidement. On a déjà de bonnes pistes, on a fait voté un déblocage de 9000 euros et ouvert un numéro d'appel pour récolter les dons". Des investissements qui s'étendent à 4 millions pour la CCI d'Alès et 3,8 pour la CCI de Nîmes, seulement en ce qui concerne l'aide aux entreprises. Selon le Maire André Rouanet, "plusieurs millions de travaux, de voiries, de ponts, d'assainissement, de réparation sur la station d'épuration, la mairie, l'école, la salle communale" sont engagés pour le village. Sur les douze villages du pays viganais qui ont réclamé l'état de catastrophe naturelle, seulement 5 ont été retenus. Un deuxième recours prévu le 28 octobre prochain devrait permettre aux communes de reformuler leur demande. L'évacuation des déchets engendre un surcoût de 100 000 euros et représente 15 % de déchets de plus que sur une année entière habituelle.

Saint-Laurent-le-Minier après les inondations. (photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Parmi ces dommages collatéraux, une atypique entreprise de Saint-Laurent-le-Minier productrice de dessins-animés a également été ravagée. La Fabrique, crée en 1995, compte quatre employés à temps complet et embauche jusqu'à une trentaine de collaborateurs lors de productions importantes. Les locaux, situés en plein coeur du village, ont été totalement submergés par les eaux. Avant de céder, le pont qui faisait barrage a empêché l'évacuation naturelle des eaux qui se sont infiltrées dans les bâtiments de l'entreprise, emportant tout sur son passage. Aujourd'hui subsiste une épaisse couche de boue et de débris d'environ un mètre de hauteur dans les bureaux, quasiment impossible à déblayer en l'état. Le nettoyage sera fastidieux, "on devait entrer en production sur un important projet, mais on n'a plus rien. Il nous faut au moins un bureau, et l'électricité" déplore la présidente Stéphany Cloysil. Les ordinateurs qui contenaient toutes les données, les tables lumineuses et les planches graphiques sont irrécupérables. "Jusqu'à présent, on avait une connexion internet très limitée avec une antenne-relais et une box internet. Il faut envisager des investissements sur le long terme et prévoir la fibre optique. Dans le département voisin de l'Hérault à quelques kilomètres d'ici, les villages les plus reculés y ont accès" déclare Stéphany Cloysil, mettant le doigt sur l'un des problèmes majeurs du département qui enregistre un retard considérable en matière d'emménagement des réseaux haut débit et très haut débit.

Si les événements climatiques engendrent des frais faramineux aux collectivités territoriales, ils sont aussi l'occasion de renouveler des infrastructures vétustes et de mettre à jour des investissements primordiaux pour la survie des entreprises locales. Le maintien de l'activité économique locale en dépend.

Baptiste Manzinali

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