Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 29.10.2014 - thierry-allard - 3 min  - vu 199 fois

LE FAIT DU JOUR À Fukushima, « le nombre de cancers de la thyroïde devrait augmenter »

Le professeur de l’université de Kokugakuin (Tokyo) Nobuyuki Takahashi (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Il est venu pour « faire un point sur la situation et expliquer aux français ce qui se passe au Japon depuis l’accident de Fukushima. »

Le professeur de l’université de Kokugakuin (Tokyo) Nobuyuki Takahashi est intervenu hier lors du colloque « Nucléaire et Santé », organisé par l’Université de Nîmes au Visiatome de Marcoule, sur le thème des leçons tirées de Fukushima en matière de santé des réfugiés.

« La confiance envers le gouvernement s’est profondément cassée »

« La préfecture de Fukushima a mis en place un suivi épidémiologique, notamment pour suivre l’évolution du nombre de cancers de la thyroïde », explique Nobuyuki Takahashi, avant de préciser que « pour l’instant, on n’a détecté aucune trace de l’effet Fukushima, ce qui est assez logique, car le nombre de cancers de la thyroïde devrait encore mettre quelques années à augmenter. Il faudra au moins 30 ans pour connaître le résultat. »

Après avoir connu « une vraie panique », dixit le professeur Japonais, le pays du Soleil Levant pourrait donc bien se trouver dans l’œil du cyclone sanitaire. Une situation qui vient s’ajouter à une vraie crise de confiance des Japonais envers leur gouvernement. Pour Nobuyuki Takahashi, « la confiance envers le gouvernement s’est profondément cassée. Il faudra des années pour que les dirigeants retrouvent la confiance des habitants. »

« Les Japonais sont assez fatalistes »

Des habitants de la préfecture de Fukushima, mais pas forcément de l’ensemble des Japonais. Car même si ça peut paraître quelque peu surprenant, « le reste du Japon ne s’intéresse pas beaucoup à Fukushima, affirme le professeur. Quand je donne des cours à mes étudiants, qui ont une vingtaine d’années, ils sont surpris car ils ne connaissaient pas la situation actuelle. Pour eux c’est très lointain. »

Dans la même veine, Nobuyuki Takahashi explique que seule « une petite partie de la population est contre le nucléaire depuis Fukushima », et que le fait que les responsables de Tepco, qui étaient aux commandes de la centrale de Fukushima, ne seront sans doute jamais jugés, « ne provoque pas de réactions. Les Japonais sont assez fatalistes. »

Encore plusieurs centaines de milliers de réfugiés

Aujourd’hui, l’heure est au démantèlement à Fukushima. Une phase qui devrait prendre une cinquantaine d’années, et dans laquelle le site de Marcoule fait figure de précurseur. Une délégation de Japonais est d’ailleurs venue récemment sur place pour en savoir plus sur les savoir-faire locaux en terme de démantèlement des sites nucléaires.

Reste que plus d’une centaine de milliers de personnes originaires de la région de Fukushima n’ont toujours pas pu rentrer chez eux, après le tremblement de terre et le tsunami qui ont fait 18 000 morts en mars 2011. « 5 à 6 % de la population de la préfecture de Fukushima est partie, note le professeur, et il y a eu là bas une baisse considérable de la production agricole », dans une région qui était connue pour ses nombreuses rizières.

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Un colloque « sans parti-pris » : le directeur du département droit-économie-gestion de l’Université de Nîmes Nicolas Font l’affirme, ce colloque « n’est pas là pour rassurer ou inquiéter, mais pour prendre le sujet froidement, on fait une étude objective, sans parti-pris. »

Pour l’Université de Nîmes, « le but est d’envisager le nucléaire sous l’angle du droit, ce qui n’a été que très peu fait avant le démarrage de notre programme il y a six ans. » Dans cette optique l’ouverture sur l’international « est très importante, la question du nucléaire dépasse le cadre national. »

L’événement était ouvert au public, et fera l’objet d’une publication ultérieure.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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