L'artiste nîmois Sylvain Fraysse investit le mur Foster du Carré d'Art jusqu'au 14 décembre. 38 gravures sur la face cachée du mur, à l'image d'une oeuvre au fin fond de l'intime.

Sylvain Fraysse réussit à mettre sans dessus-dessous le mur Foster en proposant une lecture atypique et chronologique de son oeuvre. Sur la face la plus visible, une typographie flashy affiche "Cooled their desire and Dawn said" à l'envers - que l'on parvient à lire avec un effet miroir - et sur la face arrière du mur, "let's build a fire", tiré d'une chanson de Pj Harvey Is this desire. L'artiste trompe le visiteur, alors désorienté, dans le but de rendre moins accessible des gravures au format réduit, 35 par 39 mm, d'où s'échappe un érotisme presque malsain. Au même titre que Pj Harvey, Sylvain Fraysse s'interroge sur le désir et raconte une histoire à la chronologie trouble. "Il y a quelque chose qui se brise dans la narration" nous indique t-il. Des images prises dans l'instant s'enchaînent jusqu'à l'apparition d'un véhicule accidenté. Et l'histoire reprend son cours. "Ce sont des images prises sur internet, et issues de ma vie privée." Sylvain Fraysse met en exergue l'impudeur de notre génération, où il est difficile de différencier vie privée et vie publique, et le visiteur s'y trompe.

Son travail est un mélange d'érotisme et de provocation à peine dissimulés. Sylvain Fraysse fige dans le temps des blessures secrètes, il les dévoile à un public sans faillir à son mystère et trouble les sens du spectateur, coincé quelque part entre l'impudeur et l'intime. Est-ce cela le désir ?

L'exposition est complétée de sa célèbre affiche de la féria 2013, accompagnée de deux autres propositions également réalisées au fusain. Sylvain Fraysse étonne ici par la cohérence de son oeuvre aux techniques variées - gravure, fusain, graffiti - et démontre l'étendue de son répertoire entre sensualité et art de la tauromachie.

Baptiste Manzinali

Quelques images de l'exposition :