Triste trentième anniversaire que celui des Restos du Cœur en cette campagne hivernale 2015 débuté depuis lundi. Au centre de distribution de la Route d'Avignon, on anticipe déjà une fréquentation en hausse d'au moins 10 %.

Les premiers mots de M. Vezinet, responsable du centre de distribution de la route d'Avignon, sont clairs. "C'est seulement la 2ème matinée d’accueil depuis lundi, et c'est déjà tendu. Il y a de plus en plus de monde qui frappe à nos portes." Et l'hiver risque d'être long jusqu'au 13 mars, soit 16 semaines d'une campagne hivernale qui sera alors succédée sans interruptions par celle d'été. Plus de monde, ce qui signifie un besoin en réapprovisionnement plus important. "Nous avons réussi à maintenir une aide de la Communauté Européenne sur les pâtes, le riz, qui était menacée. Après nous avons une centrale d'achat qui s'occupe de trouver les tarifs les plus intéressants de nos fournisseurs. Puis il y a aussi la ramasse : les agriculteurs nous ont donné dernièrement six tonnes de pommes de terre de sable. La loi Coluche est importante aussi, puisqu'elle permet de déduire 75 % d'impôt sur le montant des donations. Nous voulons que cette loi évolue afin de défiscaliser également les dons d'aliments ou de produits quelconques."

Quand l'aide alimentaire ne suffit plus

Les Restos du Coeur s'orientent de plus en plus vers de l'aide à l'insertion, logement et emploi. Partant du simple constat que l'aide alimentaire n'est plus suffisante tant les fractures sociales sont un faussé de plus en plus large, M. Vezinet veut instaurer un conseil budgétaire pour ces familles qui s'enfoncent dans l'endettement, ou crée un système de micro-crédit semblable à ceux pratiqués dans certains pays du Tiers-Monde. "Il est de plus en plus facile de tomber dans la misère. Il suffit parfois de perdre un job, ou une séparation difficile." Pas de profil type, ici, les gens qui poussent la porte sont nos voisins, "Cela va de la petite mémé aux familles monoparentales dont la mère se retrouve seul, en passant par les étudiants."

Toujours à la recherche de bénévoles de toutes natures, "nous cherchons autant des gros bras que des informaticiens", les 17 centres de distribution des Restos du Cœur dans le Gard entament comme chaque année une campagne hivernale qui laissera des traces. "Il faut avoir envie de donner de soi, sans attendre quoi que ce soit en retour" estime Dove, bénévole depuis six mois ici, auparavant chez Emmaüs. Déjà 30 ans que Coluche lançait une opération dont personne ne doutait à l'époque cette longévité, à la fois triste et heureuse.

Le samedi 14 mars, les Restos du Coeur organise La Féria du Coeur à l'hôtel Atria à partir de 20h. Public, bénévoles comme artistes sont les bienvenus.

Baptiste Manzinali