Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 08.12.2014 - baptiste-manzinali - 2 min  - vu 198 fois

FAIT DU JOUR Les jeux-vidéos ont-ils leur place dans les bibliothèques ?

Salon Nîmes Open Game Art. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Un espace dédié aux jeux vidéos pourrait se généraliser dans les bibliothèques françaises dans les années à venir. Au delà des idées reçues sur l'addiction des adolescents, le jeu vidéo s'impose aujourd'hui comme un art pluridisciplinaire avec de réelles vertus pédagogiques, et sociales.

Ce matin, le Carré d'Art accueillait Nicolas Perisse de l'Association des Bibliothécaires de France et membre d'une commission sur les jeux vidéos. Dans la salle de conférence, une vingtaine de bibliothécaires gardois écoutaient attentivement les conseils avec un brin de curiosité. Pendant près de 2 heures, Nicolas a tenté de donner une autre image aux jeux vidéos en s'appuyant sur des expériences réalisées dans les bibliothèques de Cergy notamment. Pour lui, la place du jeu vidéo dans une bibliothèque ne fait aucun doute. "Aujourd'hui, les nouvelles technologies s'expriment d'avantage, le public est face des œuvres à part entière, avec de vraies histoires à suivre, construites et scénarisées dans des univers liés à l'imaginaire". Coincé quelque part entre le cinéma, la musique et l'écriture, le jeu vidéo serait un art comme les autres, avec ses limites aussi, qui sont liées notamment à l'accessibilité des enfants à des scènes inappropriées, même s'il existe comme au cinéma, un système d'évaluation intitulée PEGI qui classifie des catégories d'âge requis selon le jeu. En réalité, seulement 4 % des jeux vidéos seraient classifiés "18+", et 50 % seraient jouable de 3 à 16 ans, selon la Pan European Game Information. Des chiffres qui contredisent l'abondance de violence que véhiculeraient le monde du jeu vidéo en général.

Le jeu vidéo comme facteur de lien social

Salon Nîmes Open Game Art. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Pour Nicolas Perisse, les vertus portées par le jeu vidéo vont au delà de la contemplation d'une œuvre, mais intègre directement le joueur à l'histoire, le pousse à faire des choix et à prendre des décisions. "On est loin du monstre asocial enfermé dans sa chambre, cela existe, mais c'est une minorité. Dans une bibliothèque, l'espace est sociabilisant, il y a de l'entre-aide qui se crée entre le joueur actif et le joueur passif. Cela devient un lieu d'échange." L'intérêt réside également dans la gratuité et le choix des jeux proposés, souvent bien différent de ceux mis en avant sur les étalages des magasins à des prix avoisinant les 60 ou 70 euros. "C'est aussi un moyen de dynamiser une bibliothèque par de nouveaux supports." À l'image du Nîmes Open Game Art, le Carré d'Art semble aller dans le sens des expérimentations menées par la ville de Cergy.

Mais intégrer le jeu vidéo dans un lieu dédié à la lecture d’œuvres inscrites au patrimoine culturel français ne fait pas encore l'unanimité. "Beaucoup sont réfractaires à cette idée. Mais avec le temps cela changera, même si cela risque d'être long. On disait pareil du rock et du cinéma à l'époque, aujourd'hui personne ne remet en question leur apport à la culture populaire. L’État y a un intérêt également puisqu'il favorise les éditeurs de jeux vidéos français afin de garder sur le territoire les étudiants qui partaient à l'étranger." Reste à savoir si les bibliothèques auront les moyens d'investir dans ce genre d'espace, qui représente un budget d'environ 5 000 à 10 000 euros.

Baptiste Manzinali

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