Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 17.12.2014 - thierry-allard - 3 min  - vu 589 fois

UZÈS Le conflit se durcit au Mas Careiron, le conseil de surveillance interrompu

Le "comité d'accueil" devant les bureaux du centre hospitalier ce matin (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le directeur de l'hôpital Pierre Nogrette, debout au centre, durant le conseil de surveillance interrompu ce matin (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Voilà plus de deux mois que l’intersyndicale du centre hospitalier du Mas Careiron, à Uzès, est en conflit ouvert avec sa direction à propos du plan d’économies que le directeur veut appliquer dès 2015.

Le conseil de surveillance de l’hôpital se réunissait ce matin dans un contexte on ne peut plus tendu, d’autant que le point numéro 4 de l’ordre du jour s’intitulait « Plan d’économies 2014-2015. » Alors pour l’intersyndicale, pas question de rester sans rien faire : ainsi, un « comité d’accueil », d’après les mots du délégué CGT Sébastien Castagnier, attendait le conseil de surveillance ce matin dès 8h30.

« Le directeur passe en force »

« Nous allons demander le retrait du plan d’économies de l’ordre du jour, explique Edouard Gloanec, de SUD Santé Sociaux. La direction l’a mis à l’ordre du jour. C’est la dernière étape avant qu’il y ait une application administrative du plan. »

« Le président du conseil de surveillance (le conseiller général et maire de Blauzac Denis Bouad, ndlr) nous a dit qu’il ne souhaitait pas que le plan soit à l’ordre du jour », rappelle Fabrice Aimé de FO. C’est donc sous le vacarme et les « Nogrette démission », du nom du directeur de l’hôpital, que s’est ouvert ce conseil de surveillance.

Au bout d’une vingtaine de minutes, le représentant de SUD présent à l’intérieur du conseil sort pour annoncer que « Denis Bouad a retiré le plan d’économies de l’ordre du jour, mais M. Nogrette passe en force et maintient qu’il l’appliquera. » Les manifestants laissent alors éclater leur colère et envahissent la salle du conseil.

« J’assume. Je ne démissionnerai pas »

Denis Bouad va alors rappeler qu’il avait demandé le retrait du plan d’économies de l’ordre du jour, ainsi qu’une « réunion début janvier avec l’ARS (Agence régionale de la santé, ndlr). » Le maire de Vallabrix Bernard Rieu va alors s’adresser directement au directeur de l’établissement Pierre Nogrette : « vous portez une lourde responsabilité. »

« J’assume. Je ne démissionnerai pas », va lancer le directeur Pierre Nogrette, plus esseulé que jamais. Dans la confusion générale, la comptable du centre hospitalier va prendre la parole pour dire que si le conseil de surveillance ne votait pas la décision modificative du budget prévue à l’ordre du jour, « les salaires ne pourront pas être payés », provoquant la colère des manifestants, hurlant à la « provocation. »

Le "comité d'accueil" à l'intérieur des bureaux du centre hospitalier ce matin (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Denis Bouad va proposer de voter la décision modificative en question, ce qu’il parviendra finalement à faire plus de deux heures après. Entretemps, Bernard Rieu va proposer « que M. Nogrette retire le plan d’économies pour que le conseil de surveillance puisse se tenir », ce que le directeur refuse : « La loi ça se respecte ! Le jour où les fonctionnaires ne respectent plus les lois sous la pression, la république est menacée. »

« Personne ne quittera cette pièce tant que M. Nogrette ne dira pas qu’il suspend le plan d’économies »

Fabrice Aimé de FO va alors durcir le ton : « personne ne quittera cette pièce tant que M. Nogrette ne dira pas qu’il suspend le plan d’économies jusqu’à la reprise de négociations début janvier », « une demande qui semble acceptable », pour Bernard Rieu.

Dans une ambiance toujours aussi confuse, Denis Bouad, agacé, va demander « pour la énième fois, M. Nogrette, on se voit à l’ARS le 5 janvier pour discuter du plan d’économies ? » Las, le directeur répondra que l’ARS lui a dit « que cette réunion ne porterait que sur les projets. Je suis là pour faire en sorte que cet établissement puisse survivre. »

Quant aux négociations, il considère que « depuis le 9 octobre il y a eu un certain nombre d’avancées, même si vous ne les reconnaissez pas comme des négociations. »

Le plan d’économies suspendu jusqu’au 5 janvier

Finalement, Denis Bouad calera par téléphone une réunion le 5 janvier en fin d’après-midi entre l’intersyndicale, la direction, l’ARS et les députés. Le directeur finira par lâcher une suspension du plan d’économies jusqu’au 5 janvier : « vous contestez la suppression des 11 jours de congés et la mutualisation avec l’hôpital local. On ne prendra pas de décision jusqu’au 5 janvier sur ces deux points. »

Les discussions achopperont encore sur la demande de l’intersyndicale de rédaction d’une note par le directeur indiquant aux salariés que le plan était suspendu. A la mi-journée, le conseil de surveillance était encore retenu par les manifestants pour cette raison.

De son côté, le directeur s’est fait fataliste, lâchant à une manifestante : « si je démissionne, vous aurez un autre directeur qui fera exactement la même chose. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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