Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 19.12.2014 - thierry-allard - 4 min  - vu 170 fois

PONT-SAINT-ESPRIT Le budget primitif voté dans la confusion

Hier soir, lors du conseil municipal de Pont-Saint-Esprit (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Suite logique du débat d’orientation budgétaire du mois dernier, qui n’avait de débat que le nom, le budget primitif de la commune de Pont-Saint-Esprit pour 2015 était soumis au vote du conseil municipal hier soir.

Un budget de 13 605 652 euros de fonctionnement et de 4 474 820 euros d’investissement. « Nous sommes dans un esprit de stabilité, avec une volonté de maintenir les dépenses, a commenté la première adjointe Claire Lapeyronie, rapporteuse de la délibération. Nous sommes dans un équilibre fragile, nous sommes encore une commune pauvre. »

En ce qui concerne les recettes, qui vont baisser avec la fonte des dotations de l’Etat, la première adjointe indique que cette baisse « a été anticipée ». Enfin, au rayon investissement, Claire Lapeyronie a affirmé qu’« en dépit des contraintes fortes, Pont-Saint-Esprit veut continuer a investir et a des projets », puis souligné la hauteur des subventions notifiées — 2 103 728 euros — : « On va les chercher, on a la confiance de nos partenaires. »

« Il y a des dépenses très lourdes, trop d’appels à des prestataires, de subventions »

Pas de quoi convaincre le groupe RBM-FN. Certes, la conseillère d’opposition Christiane Gondard ne va pas « reprocher les investissements très lourds compte tenu de l’état de certains immeubles et réseaux. » Mais pour autant, « il y a des dépenses très lourdes, trop d’appels à des prestataires, de subventions aux associations », mais aussi « pas d’étude de retour sur investissement » sur le projet immobilier de l’Hôtel-Dieu ou encore « des taux d’imposition trop élevés ».

La conseillère d'opposition RBM-FN Christiane Gondard, hier soir lors du conseil municipal (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« Ce que j’aime chez vous, c’est votre optimisme », lui répondra Claire Lapeyronie. « Sur l’Hôtel-Dieu, nous sommes dans la phase d’études. Quant aux prestataires externes, nous sommes des gens raisonnables, quand on juge que le service nécessite un appel à une entreprise, on le fait et toujours en regardant le coût. »

« Nous aurions mené une politique différente » indiquera sobrement la conseillère frontiste. « J’espère bien » lui lancera le maire.

« Vous avez mis 100 000 euros au pif »

Sa liste l’avait promis lors du débat d’orientation budgétaire : Gilbert Baumet s’exprimerait lors de la présentation du budget primitif. Il l’a fait hier soir avec un savant mélange de retours vers le passé, de critiques sur le budget et de menaces.

Au rayon des retours vers le passé, l’ancien maire est revenu pour la énième fois sur le rapport de la chambre régionale des comptes qui l’avait épinglé à l’époque, dans lequel « il y a de quoi s’interroger sur des manipulations. Les deux obstacles ont disparu : M. Bousiges (préfet de l’époque, ndlr) et le président de la chambre des comptes. Un jour ou l’autre la vérité viendra ! »

Soit. Sur le budget primitif, Gilbert Baumet estime que « vous vous enferrez sur l’Hôtel-Dieu, lorsqu’on voit à combien il est estimé, 2,3 millions d’euros, par rapport à la Blache, 1,5 millions… Vous vous rendez compte du prix de l’Hôtel-Dieu ? » Un Hôtel-Dieu où l’ex-édile reproche à son successeur de « vouloir mettre la mairie et vendre celle-ci, parce que je l’avais faite ! » Sur le nombre de marchés publics, Gilbert Baumet estime que Roger Castillon « ne respecte pas les services publics. »

Quant à la baisse des dotations de l’Etat, Gilbert Baumet reproche à la municipalité d’avoir « mis 100 000 euros au pif, sans attendre la DGF » alors que la commune peut voter son budget après le 31 décembre. Bref, le conseiller d’opposition estime que « tout ça manque de sincérité. »

L'ancien maire de la commune a vertement critiqué le budget primitif (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« Je me réserve, j’ai des munitions ! »

Roger Castillon lui répondra que l’Hôtel-Dieu avait aussi été acquis par la municipalité Baumet, et que « ça nous a coûté 156 000 euros car vous n’aviez pas respecté vos engagements », avant de mettre le feu aux poudres en lançant : « vous détourniez de l’emprunt pour financer du fonctionnement. Ce genre de leçons, on n’est pas là pour les entendre ! »

Gilbert Baumet va alors tonner que « sur l’Hôtel-Dieu, je me réserve, j’ai des munitions ! Sur le reste, il y a eu un an et demi de contrôles de A à Z ! Résultat ? Rien de rien ! Nous en reparlerons, je maintiens ici qu’il y a eu un contrôle orienté et politique ! » L’adjoint aux travaux Vincent Rousselot va en remettre une couche en lançant « combien de carburant à l’époque ? », faisant allusion au budget carburant de la municipalité Baumet épinglé par la chambre régionale des comptes.

« Vous n’allez pas me donner des leçons ! Il n’y a rien eu sur l’essence, eh oui, eh oui, ça vous embête » lui rétorquera Gilbert Baumet, avant que le maire intervienne : « restez dans la raison ! Le budget carburant était de 280 000 euros à l’époque alors que 40 000 suffisent. » « Les dépenses étaient fausses ! » objectera l’ancien maire.

« Vous avez donné un triste spectacle aux enfants du conseil municipal des jeunes présents ce soir » lui dira alors Claire Lapeyronie, une fois le calme à peu près revenu. Gilbert Baumet fermera le ban en citant approximativement Marivaux : « écouter c’est comprendre. Si vous m’aviez écouté, vous auriez compris. »

Le budget primitif sera adopté avec 8 voix contre, soit toutes les listes d’opposition.

Et aussi :

Les impôts resteront stables en 2015 : après plusieurs années de baisse, le temps de la stabilité fiscale est venu à Pont. Ainsi, les taux de taxe d’habitation, de foncier bâti et de foncier non bâti restent à, respectivement, 23,24 %, 32,53 % et 99 %. Quant à la taxe d’enlèvement d’ordures ménagères, la Ville demandera à l’agglo de la maintenir à 17 %. Aux conseillers d’opposition Christiane Gondard et Valère Segal qui attendaient de nouvelles baisses, le maire répondra qu’« on ne peut pas baisser les taux indéfiniment. On les a ramenés au niveau de 2007, un engagement que nous avions pris et respecté. Nous estimons que nous devons en rester là pour l’instant. » Les taxes locales seront votées avec 4 voix contre et 4 abstentions.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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