Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 20.03.2015 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 322 fois

L'INVITÉ DE LA RÉDAC' Personnalité et politique : Yoann Gillet face à Objectif Gard

Yoann Gillet, secrétaire départemental du FN dans le Gard. Photo : Coralie Mollaret / Objectif Gard.

Suite et fin de notre édition "L'invité de la Rédaction" à quelques jours du premier tour des élections Départementales. Après Jean Denat (PS), Laurent Burgoa (UMP), Christian Bastid (PCF), c'est au tour de Yoann Gillet (FN) de se soumettre aux questions de la rédaction autour de trois thématiques : personnalité et politique, culture et social, et quiz sur la connaissance du Gard.

Objectif Gard : Tous les Gardois ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter ?

Yoann Gillet : J'ai 28 ans, je suis directeur de cabinet du maire de Beaucaire et élu d'opposition à la ville de Nîmes. Je viens du privé, j'étais gérant d'une société de prêt-à-porter. Sinon, je suis né à Rennes et j'ai vécu à Caen. Mi-breton, mi-normand, j'aime le Camembert…

O.G : Vous prétendez à la présidence du conseil général, pourtant vous n'avez que 28 ans… A votre âge, est-ce qu'on est capable de gérer une collectivité qui affiche un budget d'un milliard d'euros ?

Y.G : Je ne serais pas seul et, au FN, nous avons un tas de professionnels très compétents qui peuvent nous aider. En face de moi, les candidats ne sont plus capables. Nous prouvons tous les jours que le FN sait gérer des mairies sans clientélisme.

O.G : Citez une de vos qualités et deux de vos défauts. 

Y.G : Je suis travailleur mais aussi têtu et exigeant avec mes collaborateurs.

O.G : Vous êtes passé de l'UMP au FN en passant par le Nouveau Centre. Vous êtes aussi descendu de Caen à Nîmes… On a l'impression que vous souhaitez être élu à tout prix, peu importe le lieu ou l'étiquette politique…

Y.G : Ce n'est pas tout à fait vrai. J'ai aidé un candidat du Nouveau Centre parce que c'était un ami, je n'étais pas sur la liste. J'ai adhéré à l'UMP à 16 ans, mais j'ai été déçu du sarkozysme et j'ai décidé d'adhérer au FN en 2008. J'étais déjà encarté au FN avant d'arriver à Nîmes. Mon arrivée dans le Gard résulte d'une décision personnelle.

O.G : Aujourd'hui vous êtes un professionnel de la politique…

Y.G : Je fais ce qui me semble le mieux pour mes convictions : travailler pour le maire de Beaucaire et faire le meilleur travail possible.

O.G : La plupart de vos candidats n'habitent pas le canton sur lequel ils se présentent, comme au Vigan, à Bagnols, à Alès 3… Comment peut-on connaître, défendre les intérêts de ses habitants, lorsqu'on ne vit pas sur son territoire ?

Y.G : Ils se présentent pour être conseillers départementaux. Moi, en tant que président de la section départementale, mon ambition est d'implanter le FN dans le Gard. Il y a des études à faire sur chaque canton, on va pas faire des promesses à plusieurs millions sans les tenir. Sur mon canton, par exemple, il y a des enjeux économiques, comme la gare de Manduel.

O.G : Le développement économique ne fait pas partie des compétences obligatoires du Département. Donc comment comptez-vous accompagner le développement de la gare TGV de Manduel ?

Y.G : Avec des grands projets structurants, le Département peut contribuer au développement économique. Quant à la gare de Manduel, il faut être réaliste, si on fait une activité économique d'envergure, il faut les infrastructures routières nécessaires pour rejoindre Manduel de Nîmes et d'Alès. Il faudra aussi accompagner les entreprises qui souhaitent s'y installer. Concernant le logement, le territoire n'est pas assez vaste (180 ha) pour en accueillir.

O.G : Seulement, les gens aspirent à travailler près de l'endroit où ils habitent. Un mode de vie qui va dans le sens de la réduction de l’empreinte écologique…

Y.G : Il y a beaucoup de terrains autour où l'on peut construire. Il y a peut-être de la place ailleurs comme à Caissargues.

Yoann Gillet, secrétaire départemental du Front National et candidat sur le canton de Marguerittes. Photo : Coralie Mollaret / Objectif Gard.

O.G : Une alliance avec l'UMP est-elle envisageable pour que la droite remporte la présidence du conseil général si la majorité est serrée ?

Y.G : Je n'aime pas faire de politique fiction ! Mais la question ne se pose pas puisque je pense qu'on sera en tête partout, et que l'on bénéficiera automatiquement des voix de l'UMP, en cas de duel contre le PS. Concernant la présidence, je connais certains candidats UMP dont je tairai les noms qui sont prêts à nous rejoindre. Laurent Burgoa ne fait pas l'unanimité dans l'alliance du Bon Sens Gardois. Il est la gauche de l'UMP !

O.G : Votre tract de campagne est national. Aucune ligne ne mentionne la construction d'un collège sur un territoire, ou la rénovation d'une route départementale. Peut-on vraiment s'implanter sur un territoire en s'appuyant sur un programme national ?

Y.G : On disait la même chose à Julien Sanchez, il y a un an et demi. Notre programme est cohérent car il évoque une même stratégie dans tous les départements de France. Après, les spécificités seront traitées quand nous serons aux manettes.

O.G : Que pensez-vous des propos tendancieux sur facebook de votre candidat FN M.Brunis (Calvisson) qui a publié une photo montrant des aliens qui brandissent une pancarte "musulmans restez chez vous" ? 

Y.G : Je n'ai pas voulu répondre aux sollicitations des médias, ces propos ne m'intéressent pas mais je pense que cela est une bêtise.

O.G : Vous pourfendez l'Union européenne. Pourtant, pouvez-vous vous passer aujourd'hui des 1,2 milliards de Fonds européens gérés par la Région qui financent des projets dans le Gard ?

Y.G : Non, on ne peut pas s'en passer. La France donne plus à l'Europe que ce qu'elle reçoit !

O.G : La gestion du Pont du Gard coûte chère et ne rapporte pas d'argent. Etes-vous favorable à une Délégation de service publique ? Chaque année, la mairie de Nîmes (qui a mit en DSP les Arènes, la Maison Carrée et la Tour Magne) annonce qu'elle récupère 300 000 euros.
Y.G : Je suis contre la délégation de service public. Le Pont du Gard  est un outil touristique du département. On ne va pas le privatiser aux entreprises pour en faire un business. Cela me gène de laisser un service public à des privés. On étudiera une baisse du prix d'entrée qui incitera les touristes à dépenser davantage sur place et d'autres mesures pour rendre le monument plus attractif.
O.G : Etes-vous favorable à la pose de portiques anti-métaux à l'entrée des collèges, comme le prévoit d'autres leaders FN ? 
Y.G :  Oui. Il n'y a plus d'autorité dans le collège. On proposera les portiques électriques dans les établissements qui posent problème. On fera au cas par cas. Il faudra rétablir la sécurité pour éviter que des enfants rentrent avec des couteaux comme on le voit aux collèges de Pissevin et Valdegour.

Yoann Gillet, secrétaire départemental du Front National et candidat sur le canton de Marguerittes. Photo : Eloïse Levesque / Objectif Gard.

O.G : Citez trois mesures phares et concrètes de votre programme.

Y.G : Doubler l'investissement. Aujourd'hui, 85% du budget sont consacrés au fonctionnement et 15% à l'investissement. C'est trop déséquilibré. Un département qui n'investit pas, c'est la mort du territoire. On veut investir beaucoup plus, et faire des coupes drastiques sur le fonctionnement. D'ici deux ans, l'objectif est de réduire sa part à 70%. On ne remplacera pas les départs à la retraite sauf sur les postes spécifiques et très techniques. Il y a trop de dépenses de personnel. Il faut aussi faire des économies sur la communication, et continuer de lutter contre la fraude sociale. Je reconnais que Jean Denat a récupéré 6 millions l'an dernier, mais il faudrait 3 à 4 fois plus de contrôles. Nous baisserons également les indemnités des élus de l'ordre de 20%, de même que leur train de vie (frais de représentation, de bouche ...). Côté investissement, ce sera du cas par cas, à la demande des maires, sur des projets structurants et quel que soit la couleur du maire.

O.G : S'il l'on vous écoute, vous devez réduire les frais de fonctionnement de 150 millions (afin d'obtenir une baisse des dépenses de fonctionnement à 70%). Ces économies suffiront-elles ? 

Y.G : A Beaucaire, en 11 mois, 2 millions d'économies ont ainsi été faites, dont 500.000 euros sur le personnel. En moyenne, un agent coûte au département 50.000 euros par an. Toutes ces économies mises bout à bout avec les baisses des subventions, permettra d'économiser une somme énorme. Par ailleurs, pour la fraude, on peut récupérer 20 millions d'euros par an.

O.G : On a tout de même l'impression que ce sont des économies de "bout de chandelles" assez démagogiques... 

Y.G : Pas du tout, c'est vous qui pensez cela.

Coralie Mollaret et Eloïse Levesque

Coralie Mollaret

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