Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 25.03.2015 - eloise-levesque - 2 min  - vu 237 fois

ALÈS ITINERANCES Petr Vaclav : "J'ai fait un film pour rendre les Roms visibles"

Petr Vaclav, réalisateur de "Zaneta", également appelé "La nuit approche". EL/OG

Le réalisateur tchèque Petr Vaclav présente ce soir en avant-première au festival Itinérances son nouveau film "Zaneta" : l'histoire d'une femme Rom, mère d'une fillette en bas âge, en quête de travail et de dignité dans une société tchèque qui lui est hostile. Rencontre.

Objectif Gard : Pourquoi vous êtes-vous intéressé au thème des Roms ?

Petr Vaclav : Mon premier film, "Marian", réalisé en 1996, traitait déjà du destin des Roms en Tchécoslovaquie après l'arrêt du communisme. Ensuite, j'ai travaillé en Italie et j'entendais régulièrement parler de qui se passait dans le pays, notamment des violences et des discriminations envers les Roms. Je me demandais comment ils vivaient ça. Il fallait en parler tout en évoquant ce que devenait cette société tchèque.

O.G : Dans le film, vous ne mettez pas en avant que cette famille est Rom. On le devine presque. Pourquoi ce choix ?

P.V : Je ne voulais pas les pointer du doigt ou les stigmatiser. Pour le public tchèque, c'est évident dès le début du film qu'ils sont Roms. Pour les autres spectateurs, ils finissent par le comprendre. Je trouve intéressant qu'ils ressentent les problématiques des personnages avant de savoir qui ils sont et leur histoire.

O.G : Votre objectif est-il de donner une autre image des Roms ?

P.V : C'est de les rendre visibles et audibles. On ne les voit ni à la télé, ni au cinéma, excepté pour les représenter comme des voleurs ou des assassins. Ça leur manque qu'on ne parle pas d'eux autrement.

O.G : Ce film se veut-il réaliste ?

P.V : Oui. Même s'il est difficile de saisir la ténuité des choses. Je pense qu'il est conforme à une réalité, car il y en a d'autres aussi. J'ai cherché l'exemplarité.

O.G : Comment coller au plus près de la réalité ? 

P.V : Pendant deux mois, j'ai rencontré beaucoup de familles Roms, j'ai dormi chez eux. Ensuite, j'ai écrit le scénario depuis Paris. Puis j'ai effectué 7 mois de casting où j'ai cherché un peu partout dans les fêtes, les cafés, des personnes correspondant à ce que je cherchais. J'ai vu des centaines de gens et ça a encore nourrit mon scénario. Finalement, les acteurs que j'ai choisis sont tous des non-comédiens.

O.G : Pourquoi les Roms sont-ils ainsi discriminés en République Tchèque ?

P.V : Les Roms tchèques ont presque tous été exterminés pendant la seconde guerre mondiale. Ceux qui sont restés ont ensuite vécu comme une communauté de seconde classe. Par la suite, les communistes ont essayé de les assimiler mais c'était trop brutal. Ils ont mis les enfants dans des écoles pour attardés mentaux. Ils les ont brisés. Cette politique a mené de nombreux enfants à la DDASS. La société a essayé de les changer en les laissant à part.

O.G : Vous vivez en France depuis dix ans. Quelle politique le gouvernement français devrait-il adopter envers les Roms ?

P.V : Pour l'instant ça se passe par la force. Ca manque d'humanisme. Si on ne peut pas changer les parents, on peut changer les enfants, et leur permettre de vivre comme le reste de la population. Pour cela, il faut arrêter de les stigmatiser.

Propos recueillis par Eloïse Levesque

"Zaneta" ou "La nuit approche', projeté en avant-première à 18h ce mercredi soir au Cratère d'Alès, en présence du réalisateur.

Sortie au cinéma le 6 mai 2015.

Eloïse Levesque

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