ALÈS Coupures d'eau illégales dans plusieurs logements de la ville
Pour un impayé de 78 €, la Régie publique de l'eau d'Alès a coupé l'eau de Françoise*, 58 ans, habitante du centre ville. Un processus illégal depuis 2013, qui concernerait potentiellement 600 foyers de la ville en défaut de paiement.
Françoise*, 58 ans, est au RSA et vit de petits boulots depuis 15 ans. "Après mon divorce, j'ai dû arrêter de travailler pour élever mes enfants et je n'ai jamais plus retrouvé d'emploi stable. Je suis trop vieille", ironise-t-elle. Résidant dans un grand deux pièces HLM de la rue de la Meunière, l'Alésienne touche 450€ par mois et paie un loyer de 250€ hors charges. Elle n'a pas payé l'eau depuis octobre dernier. "J'ai reçu une facture de 23€ puis de 78€. Je n'ai pas pu payer tout de suite mais j'ai bien l'intention de le faire. J'ai trouvé un emploi saisonnier dans un restaurant à partir de juin, qui pourrait se prolonger par la suite. J'ai demandé un délai jusqu'à août à la REAL qui a refusé. J'ai été coupée le 3 mars", raconte la quinquagénaire, qui devra par la suite débourser 50€ pour rétablir l'eau. Pourtant, cette disposition est illégale depuis la loi Brottes, votée en avril 2013.
Par la suite, la Régie des eaux d'Alès a installé une pastille aux robinets de Françoise pour apporter un faible débit. Appelée "lentillage", cette procédure est également interdite. "Je me lave et je remplis mes bouteilles d'eau chez ma mère", rappelle la locataire.
Par ce biais, la REAL souhaite mettre la pression aux abonnés en défaut de paiement, afin de les faire réagir. Contactée par Objectif Gard, cette dernière n'a pas souhaité nous répondre, tout comme la mairie d'Alès. "Selon les chiffres que nous a donné la Régie publique, sur 23 000 comptes, 600 sont en délicatesse de paiement et donc potentiellement concernés par ce type de coupures", répète Jean-Michel Suau, élu Front de Gauche au conseil municipal, en soutien à Françoise. "S'ils ne réagissent pas, on les traînera devant la justice", a prévenu Franck Lucide, président du collectif alésien de lutte contre le chômage, qui a reçu d'autres plaintes de locataires dans la même situation.
*Nom d'emprunt
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