VILLENEUVE « Des sujets forts » pour les 42e Rencontres d’été de la Chartreuse
En juillet, le théâtre investit les deux rives du Rhône, avec d’un côté le Festival d’Avignon, et juste en face les Rencontres d’été de la Chartreuse de Villeneuve, qui fêtent cette année leur 42e édition du 4 au 24 juillet.
Et cette année, une douzaine de spectacles et une exposition sont au programme, avec « des sujets forts », annonce la directrice de la Chartreuse Catherine Dan, « mais c’est toujours le théâtre qui est mis en avant, ce sont avant tout des textes de théâtre. »
« Des écritures fortes »
Et cette année, la programmation fait la part belle à la jeunesse, avec « des premiers textes pour certains, mais toujours des écritures fortes. » Ainsi, Yann Verburgh revient à la Chartreuse après une résidence cet hiver pour y présenter Ogres, lecture puissante et bouleversante, sorte de tour du monde de l’homophobie qu’il avait déjà présenté en février lors d’une Nuit de la Chartreuse.
Cette fois-ci, les élèves des classes option théâtre du lycée Frédéric-Mistral d’Avignon seront chapeautés sur scène par deux acteurs professionnels, Gautier Boxebeld et Thomas Pouget. « La pièce part de faits réels et bascule dans la fiction, présente l’auteur, dont c’est le premier texte, récompensé par deux aides à l’écriture. Ce n’est pas du théâtre documentaire, mais un théâtre documenté. L’idée est de dénoncer sans poser de jugement. »
« Quelque chose de physique »
La strasbourgeoise Aurore Jacob sera elle aussi présente, avec « un texte très étonnant », dixit Catherine Dan. Tiré de l’ouvre de la jeune autrice Au bout du couloir à droite, le spectacle Toute ressemblance ou similitude est une adaptation libre réalisée par Olivia Grandville, « une des rares à être à la fois chorégraphe et comédienne » note la directrice.
Il s’agit de « l’histoire d’une danseuse qui se retrouve enfermée sans qu’on ne sache pourquoi, alors qu’elle était en train d’attendre le bus », explique Aurore Jacob, qui explique avoir « travaillé sur une musicalité qui ne passe pas par le rationnel mais par quelque chose de physique. » Peut-être ce qui a donné envie à la chorégraphe de l’incarner.
La violence faite aux femmes
Autre premier texte et autre sujet fort, Depuis l’aube (ode au clitoris), de Pauline Ribat. Comme Yann Verburgh, la jeune autrice est elle aussi passée par la Chartreuse pour écrire ce texte présenté lors d’une Nuit, qui développe le thème des violences faites aux femmes.
« En 2013, je suis tombée sur un reportage fait par une jeune femme belge (Sofie Peeters, ndlr) qui avait caché une caméra dans son sac pour raconter le harcèlement de rue, explique Pauline Ribat. Ça m’a interpellée, j’ai réalisé que mon oreille s’était habituée au fait de me faire traiter de salope, et ça m’a fait peur. » En découle une pièce en trois tableaux, traitant tour à tout les insultes, les agressions sexuelles et enfin le plaisir, avec deux comédiens, Adama Diop et Lionel Lingesler, avec Pauline Ribat sur scène. « J’ai demandé à des hommes car on a besoin d’une parole commune », explique l’autrice, déminant toute velléité de déterrer la hache de la guerre des sexes.
Les SMS dans la relation amoureuse
Des auteurs plus expérimentés seront également présents. Ainsi, Carole Thibaut et la compagnie Sambre présenteront Une liaison contemporaine, une installation sur « les SMS, qui créent une nouvelle forme de relation, de langage entre les êtres. » Pour ce faire, « on a inventé après deux ans de recherches avec le collectif In Vivo une boîte avec des parois en plexiglas avec des projetions vidéo, des sons, une sorte de monde à part avec tout le dialogue SMS en audio », présente Claire Thibaut.
Les 777 jours et nuits de la relation amoureuse en question seront ainsi retracés en continu. Autour de l’installation, une petite bibliothèque amoureuse sera proposée, à laquelle « tout le monde peut prêter ou donner un livre en échange d’une entrée gratuite sur les 3 premiers jours de l’installation », détaille Catherine Dan. Toujours autour de l’installation, un tableau noir et un écritoire seront destinés à recueillir des messages amoureux.
« Une expo où on ne va rien voir »
Parmi la galerie de sujets forts présentés lors de cette édition, citons également le mensonge public avec Mensonges de Véronique Bellegarde ou le génocide rwandais avec Samedi détente de Dorothée Munyaneza, dont c’est le premier texte.
Parallèlement au théâtre, une exposition est proposée. Faisant suite à l’attentat de Charlie Hebdo, Uniforme, exposition responsable se présente comme « une expo où on ne va rien voir », note Catherine Dan. A la place, une série de cadres blancs, avec à côté des cartels décrivant ce qu’on devrait y voir, pour voir « ce que deviendrait un monde où un ordre politique, religieux ou moral peut décider de faire disparaître les images et l’expression. »
La programmation de ces 42e Rencontres d’été prouve, si quiconque en doutait, qu’on en est loin.
Le programme complet est ici.
Thierry ALLARD
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