Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 16.07.2015 - baptiste-manzinali - 3 min  - vu 861 fois

FAIT DU JOUR Ils veulent créer une école de la mode à Nîmes

Sonja Oroz et Christophe Lebourg, créateur de la Compagnie de Nîmes. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Christophe Lebourg et Sonja Oroz ont une idée folle, créer une école de la mode à Nîmes, loin du rythme effréné de la capitale. "Ralentir le temps pour la réflexion". Un projet ambitieux et à contre-courant.

Les modes passent, le style est éternel. Christophe a 17 ans lorsqu'il intègre la Chambre syndicale de la Haute Couture à Paris et se rêve déjà en Yves Saint-Laurent. "J'avais l'ambition de lancer mon premier défilé à 21 ans, comme lui." Voeu exaucé, il intègre très vite des maisons de prestiges comme celle de Claude Montana ou Yohji Yamamoto et lance sa propre collection sous le nom de Christophe Dimitrios en hommage à ses origines Grecques au Louvre, aux côtés de Jean-Paul Gauthier. Christophe Lebourg fait dans le minimalisme, habille la femme selon ses revendications du moment : Elle est élégante, autonome et discrète en chemisier blanc et pantalon noir. "Il y avait un vrai manifeste de ma part". Sa marque passe les années 80 à toute allure, alors qu'il multiplie les collaborations avec Cacharel, Lanvin, Agnès B, Balmain, Rodier, "Je faisais 6 ou 7 collections par saison. Si j'étais resté à Paris, je serai mort." Prêt à porter, grande distribution, Christophe fini par craquer. En 1994, il stoppe sa marque, et quitte définitivement le Paris de la mode devenu dangereux, démesuré et irrationnel, pour la qualité de vie en province.

Une école nîmoise sur le modèle de la Fabrica en Italie

Sonja Oroz et Christophe Lebourg, créateur de la Compagnie de Nîmes. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

De son côté Sonja Oroz, d'origine Serbo-Bosniac, a grandi à Zurich. Diplômée d'Esmod et du London College of Fashion, elle travaille dans le prêt à porter et la grande distribution comme styliste, ainsi que pour des marques Suisses pendant une dizaine d'années. Arrivée à Nîmes en 1997, elle cogère un studio de création graphique à Alès pendant 5 ans. Aujourd'hui, elle forme avec Christophe Lebourg le duo fondateur de la Factory, une plateforme culturelle dédiée à la mode, un lieu de transmission, un laboratoire d'idées. "C'était un peu vague au début, cela a mis du temps à prendre forme mais nous avions l'envie de mettre nos compétences en commun" souligne Sonja qui anime en parallèle un blog, Feutre Noir. Il y a 4 ans, tous deux se retrouvent jury du BTS Design de mode au lycée Hemingway où ils découvrent des talents insoupçonnés. "On ne s'y attendait pas, certain avaient du talent au moins à l'échelle de ce que l'on trouve à Paris." Afin de les garder à Nîmes, ils montent une deuxième entité après celle de la Factory, la Compagnie de Nîmes, un collectif de jeunes créateurs. Le terreau idéal pour monter une école passerelle à Nîmes sous le modèle de la Fabrica, école italienne située à Trévise et financée par Benetton. "Les élèves y sont considérés comme des professionnels à part entière. C'est une erreur d'opposer les jeunes et les moins jeunes. On veut casser ce rythme de hiérarchie dans les sociétés". Une vision idéaliste qui a fait ses preuves chez nos cousins latins, la Fabrica fête ses 21 ans d'existence.

Convaincre les politiques. Sur le papier le projet a de quoi séduire, des propositions ont été faites du côté d'Arles et d'Avignon. Mais c'est à Nîmes que Christophe et Sonja veulent installer cette école. "Il y  a cette volonté de dire : Arles, c'est la photo, Montpellier c'est la danse, Avignon c'est le théâtre. Et bien Nîmes, c'est la mode." Pour s'entourer, le duo compte sur les anciens de Cacharel, dont quelques-uns sont restés ici, mais attend beaucoup d'un soutien politique. "Notre projet n'est pas économique, alors on nous cherche un loup." Fondée sur le système d'autofinancement du crowdfunding et de l'actionnariat des élèves inscrits, le projet parait ambitieux. Trop peut-être. Un parcours du combattant qu'ils ne regrettent pas. "Depuis 2012, on vit des moments terribles, difficiles, mais géniaux. C'est aussi une école de la vie."

Pour le moment, la Factory organise des conférences en partenariat avec le lycée Hemingway, et projette de se rapprocher des Beaux-Arts et l'Université Vauban. D'un autre côté, l'heure est à la rechercher d'un emplacement pour La Compagnie de Nîmes qui devrait se concrétiser d'ici un an.

Plus d'informations sur http://factory30.tumblr.com et http://lacompagnie.tumblr.com.

Baptiste Manzinali

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