FAIT DU JOUR Procès de Julien Sanchez : « Ce n’est pas une enseignante qui me fera taire »
Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire, répondait, ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Nîmes, de diffamation et injure publique contre une enseignante de la CGT.
La justice a des charmes insoupçonnés. Les passants qui marchaient près du Palais de Justice de Nîmes ce jeudi après-midi ont eu la chance d’entendre une centaine d’hommes aux voix viriles s’égosiller sur l’Internationale côté CGT, et sur la Marseillaise côté Front National. Si la musique adoucit les mœurs, elle semble en revanche dans l’incapacité d’adoucir les cœurs. Ceux des deux camps sont repartis chez eux aux alentours de 16h, campant respectivement sur leurs positions, et toujours aussi farouchement opposés à celles de leurs adversaires.
Pour mémoire, le président Bandiera du tribunal correctionnel de Nîmes examinait la plainte déposée par Sylvie Polinière, enseignante au lycée Paul Langevin à Beaucaire. Cette dernière s’est estimée bafouée quand elle a lu dans la presse les mots d’un communiqué publié sur le site de la ville de Beaucaire : « Ce ne sont pas quelques syndicalistes enseignants sans éducation, privilégiés, aigris et sectaires, dont le comportement n’a rien à envier à celui de racailles, qui impressionnent la municipalité ». Pour Julien Sanchez, rien de choquant. Ces mots ne seraient qu’une réponse à l’attitude des membres du conseil d’administration du lycée Langevin : « On a refusé de me serrer la main. Les membres n’ont pas voulu siéger. J’ai été insulté et il ne faut pas insulter des élus de la République. Ce n’est pas une enseignante qui me fera taire », témoigne Julien Sanchez, confiant avant le début de l’audience.
Durant le procès, où les soutiens des deux camps ont envahi la salle, c’est d’abord Yoann Gillet, son directeur de cabinet, qui se fait remarquer. Amateur des clichés, et confondant le tribunal avec la chapelle Sixtine, le jeune homme a été contraint de supprimer sa photo. Tant pis pour les souvenirs… A la barre, son élu, semblait lui aussi manquer de souvenirs. Ayant oublié le contenu de ses propos lors de son passage à une émission de radio un an plus tôt, le président ironisera sur sa « mémoire défaillante ». En revanche, sur les propos du communiqué incriminé, Julien Sanchez, grand seigneur, assume tout et refuse de dévoiler les noms de ses collaborateurs dans ce « texte collectif ». « Ils ne m’ont pas choqué, explique-t-il au président. Les professeurs ne sont pas traités de racailles. Il est écrit que leur comportement n’a rien à envier à celui de racailles. Ce n’est pas pareil ! » Le président tranche : « Ce n’est quand même pas un compliment ». Du moins, ça n’a rien à envier à une provocation. Si ce n’est plus. C’est justement ce à quoi devra répondre la justice quand elle rendra sa décision le 22 septembre prochain à 14h. Une occasion de plus d’entendre de jolis chants. Pour les mélomanes : sachez que le spectacle est gratuit.
Tony Duret
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