Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 04.07.2015 - thierry-allard - 3 min  - vu 269 fois

ST-QUENTIN-LA-POTERIE La Revue Dessinée, ou la rencontre entre le journalisme et la BD

Pchep, Anne Simon et Kris, hier soir à Saint-Quentin-la-Poterie (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Les 14e rencontres de la BD et de l’illustration d’Uzès se sont ouvertes hier soir à Saint-Quentin-la-Poterie par une rencontre avec une partie de l’équipe du trimestriel La Revue Dessinée.

Une revue lancée en 2013, « mais un projet né deux ans avant d’un groupe de dessinateurs et journalistes, se souvient Kris, scénariste et directeur de la communication de la Revue. L’idée était de créer quelque chose qui n’existait pas encore, une revue d’information, d’enquêtes et de reportages en BD. »

« Pas se contenter d’un texte illustré »

L’équipe se lance avec 5 000 euros. 8 numéros plus tard, le titre est rentable, « la vraie surprise », dixit Kris. Il faut dire que la Revue Dessinée propose à la fois du contenu, avec des enquêtes au long cours sur l’assassinat du juge Renaud ou le gaz de schiste par exemple, des récits plus courts et de l’humour, et du dessin de qualité, avec des auteurs parmi les meilleurs du moment.

De plus, « ça fait 20 ans que ce genre se développe et trouve son public, beaucoup de gens sont venus à la BD par la BD documentaire », note le scénariste. Pour autant, il n’est pas toujours facile de parvenir à réaliser les enquêtes ou les reportages : « soit on a la chance que la BD apparaisse comme inoffensive, notamment par rapport à la télévision, ou alors on a le cas inverse du refus total, la personne peut imaginer la BD comme un truc drôle, bête, trash, explique Kris. Ça demande parfois des trésors de patience. »

Les dessinateurs sont libres, avec une seule consigne : « il faut que le dessin joue sa petite musique personnelle, on ne peut pas se contenter d’un texte illustré », note Kris, avant de louer la subjectivité de la BD, qui « dit ‘je’ en permanence, cette honnêteté impossible à dissimuler nous sert. »

« Le meilleur moyen de raconter cette histoire »

Une façon de travailler complètement inhabituelle pour les auteurs — « qui ont parfois du mal à sortir de leur atelier », pour Kris —, comme le confirme l’autrice Anne Simon, qui cosigne dans le dernier numéro avec la journaliste Sabrina Kassa un sujet sur le passage du bastion communiste Bobigny à droite en 2014 : « c’était complètement nouveau pour moi, j’ai suivi la journaliste partout pendant six mois. Je me suis retrouvée avec des tonnes d’informations, ça a été dur de remettre tout ça en place. »

Dans ce même numéro le dessinateur Pochep a mis en images le récit d’un pasteur suisse qui quitte les ordres après une crise de vocation. Pour lui, parti d’un récit « d’une page et demi », « la BD était le meilleur moyen de raconter cette histoire. »

Et des histoires à raconter, la Revue Dessinée n’en manque pas, à en croire Kris : « on reçoit énormément de projets de journalistes, plus que de dessinateurs. » Des journalistes souvent jeunes, chez qui « on ne retrouve pas l’ignorance de la BD qu’on a pu constater dans les grandes rédactions. »

Néanmoins pour Kris les choses changent, notamment depuis janvier : « depuis les attentats de Charlie le grand public a pris conscience que le dessin pouvait être une arme. Aujourd’hui le dessin est regardé autrement, il a gagné ses lettres de noblesse. »

La Revue Dessinée, trimestriel en vente en librairie ou sur abonnement, 15 euros le numéro.

Et aussi :

Le programme des 14e rencontres de la BD et de l’illustration d’Uzès est ici.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Thierry Allard

Culture

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio