Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 06.07.2015 - baptiste-manzinali - 3 min  - vu 855 fois

SCANDALES DE L'ÉTÉ Eric Cantona, la mauvaise pioche

Eric Cantona. Crédit photo Pinterest.

Il restera dans les mémoires comme le joueur le plus cher du Nîmes Olympique, et le moins prolifique. Cantona, c'est un transfert de 10 millions de francs payé par des fonds publics pour 17 matchs...et deux buts. Une histoire qui se terminera par la condamnation de Jean Bousquet pour abus de bien sociaux. La ville s'en souvient encore.

1991. Quel doux rêve enfin réalisé, celui de voir l'équipe première de la ville refaire surface en Division 1, après 10 ans d'absence. Arrivé à la tête du club en 1982, le patron de Cacharel Jean Bousquet affiche clairement ses ambitions, personnelles et politiques. Elu maire l'année d'après, puis député en 1986, il fait construire un nouveau stade de 18 000 places assises pour un coût de 160 millions de francs. Grandeur et décadence, nostalgie d'une époque faste, à l'image d'un personnage public de haut vol faisant jouer ses nombreuses relations personnels dans l'industrie, la mode, la politique, et désormais le football, pour appâter sponsors et grands joueurs. Jorge Dominguez, Tom Lokhoff, John Mac Donagh, Cristen Nygaard, Philippe Vercruysse, Roger Van Gool, José Cucciuffo, William Ayache, Vincent Bracigliano, Laurent Blanc, Eric Cantona. Tous ont porté le maillot rouge et blanc orné du blason au crocodile. Mais pour le dernier, qui n'est pas encore surnommé "Eric The King" dans son hexagone, la saison sera courte.

Alain Espeisse : "Avec Eric, j'ai rencontré un Monsieur"

Alain Espeisse. Carte panini. DR

10 millions de francs, c'est le montant du transfert payé par le club pour s'octroyer les services d'Eric Cantona. Son salaire : 280 000 francs par mois. Des montants colossaux pour l'époque, rendu possible grâce aux fonds publics de la ville débloqués par le maire Jean Bousquet, qui laisse sa place de président du club à Michel Mezy, du moins sur le papier. Arrivé de l'Olympique de Marseille, Cantona est sollicité par des clubs comme l'OL ou le PSG, mais à la surprise générale, c'est avec un promu qu'il signe, le Nîmes Olympique, qui fait son retour parmi l'élite. À ses côtés, Philippe Vercruysse ou William Ayache forme un effectif rêvé. "J'ai rencontré Eric parce qu'on partageait nos chambres. J'étais l'un des premiers à avoir la Nintendo, on jouait à Mario Bros. C'était un super mec, il arrivait au restaurant en disant "c'est tout pour moi". J'ai rencontré un Monsieur" se souvient Alain Espeisse, milieu de terrain du Nîmes Olympique de 1982 à 1993.

Un rêve de courte durée

Les six premiers matchs de Canto sous les couleurs de Nîmes Olympique sont peu réjouissants : 4 matchs nuls et 2 défaites, suivis par une blessure à la cuisse qui le rend indisponible pendant un mois. Sans lui, les crocos ne font pas mieux et se retrouvent même à la 19 ème place du championnat, en avant dernière position. C'est le fiasco. En coulisse, on voit rouge. Petit lot de consolation lorsque Eric fait son retour et marque....sur penalty contre Lille. Victoire 1 à 0. Puis, cinq défaites successives contre le PSG, Rennes, Toulon, Caen, Metz. "Canto" perd les pédales et commet un coup d'éclat, le premier d'une longue série tout au long de sa carrière, lors d'un match contre l'AS Saint-Etienne. En jetant le ballon au visage de l'arbitre, il récolte un carton rouge et quatre matchs de suspension par la FFF qu'il traite "d'idiots". La sanction est ramenée à deux mois de suspension. Sanguin et impulsif, Cantona réagit en résiliant son contrat avec le club gardois, prétextant prendre sa retraite sportive à seulement 25 ans. Pour ne pas léser le Nîmes Olympique, il fait un premier chèque de deux millions de francs au club avant de rebondir en Angleterre à Leeds. Le club britannique participera aussi à rembourser une part au club gardois.

La suite on la connait : Leeds, puis Manchester, Cantona renait de ses cendres et devient The King, mais laisse derrière lui un royaume à feu et à sang. Le Nîmes Olympique ne se remettra jamais de cette perte financière. Sur le déclin, l'année d'après est synonyme de descente en ligue 2, puis en national. Le chapitre de la Division 1 est, depuis, enterré.

Image d'archive de Jean Bousquet et Norman Foster. DR • Picasa

Quelques années plus tard, la justice rattrapera Jean Bousquet, poursuivi pour ingérence et abus de biens sociaux. D'abord, pour avoir bénéficié de décembre 1990 à mars 1994 du gardiennage de sa propriété de 150 hectares pour un montant des prestations de 1,35 million de francs, payé par la mairie de Nîmes par le biais de fausses factures. Ensuite, pour avoir bénéficié des services de deux employés de Cacharel à des fins personnels. Et pour finir, l'entrepreneur en charge de travaux sur le Carré d'Art - qu'il a lui même fait construire - l'accuse de l'avoir contraint à verser un pot-de-vin de 900 000 francs au Nîmes Olympique pour éponger les dépenses faramineuses. Condamné à un an de prison ferme en décembre 1996, il s'en sortira avec du sursis.

Baptiste Manzinali

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