NÎMES 42 ème rentrée littéraire à la librairie Diderot
Une petite librairie indépendante en plein centre ville de Nîmes officie depuis 42 ans avec une éthique toujours aussi exigeante.
Se cantonner à vendre des livres, est devenu chose rare chez nos amis libraires. De loin l'idée de vouloir leur jeter la pierre, la concurrence 2.0 s'est faite plus rude, et dans une société où tout va trop vite, se plonger dans un livre semble presque désuet. Force est de constater que les librairies indépendantes ne pullulent pas. Mais elles existent, en France plus qu'ailleurs. On en compterait 3 000, contre 25 000 points de vente où le livre trouve aussi sa place. Mais quel intérêt pour le lecteur, au delà de l'acte citoyen qui maintient tant bien que mal un commerce de proximité en voie de disparition, de ne pas tomber dans la facilité de la commande par internet. "On n'est pas là simplement pour indiquer une étagère ou pour passer commande. On est un lien social ici, on vous conseille, on échange sur nos expériences de lecture" répond Alain Nunez, gérant de la librairie Diderot à titre bénévole.
C'est devenu presque un combat. Pour croire en des idéaux progressistes où l'argent et le profit n'a pas sa place, il faut se lever tôt en 2015. "D'un point de vue commercial, la rentabilité est de 2 % dans une librairie indépendante. Autour de moi, c'est la même logique, nous travaillons avec des bénévoles, des passionnés qui donnent un sens à ce que l'on fait." Dans les modestes locaux de 50 m2 de la rue Émile Jamais, pas de papeterie où de produits dérivés. La littérature progressiste est mêlée aux best-sellers de la rentrée, Christine Angot (Un amour impossible, Flammarion) croise Mathias Enard (Boussole, Actes Sud), et la jeunesse a son coin qui lui est dédié. Mais l'essentiel de l'activité de la librairie Diderot n'est pas là. En réalité, 80 % du chiffre d'affaire se ferait en extérieur, en partenariat avec des comités d'entreprise, des collectivités locales, des associations, des syndicats. Car ils ne le cachent pas, Nicole Dajon, à l'origine de la création de la librairie en 1973, et Alain Nunez cultivent leur attachement au Parti Communiste. "Cela fait partie de notre identité, même si l'on souhaite s'ouvrir à d'autres choses" complète Alain Nunez.
C'est aussi la raison pour laquelle la librairie attire un public particulier, plutôt urbain, "engagé avec une sensibilité sociale", une clientèle plus féminine aussi, qui préserve cette exception culturelle française, "le plus grand réseau au monde" selon le syndicat de librairies françaises.
Baptiste Manzinali
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