Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 02.10.2015 - eloise-levesque - 4 min  - vu 127 fois

RING POLITIQUE Jean-Paul Fournier (LR) : "Les parlementaires sont trop nombreux, il en faut 1/3 de moins"

Jean-Paul Fournier en commission au Sénat. Eloïse Levesque/Objectif Gard

Ce mois-ci Objectif Gard délocalise son "Ring Politique" au Sénat où siège depuis 2008 le sénateur-maire Les Républicains Jean-Paul Fournier. Trois interviews du Nîmois vous sont proposées aujourd'hui : dès 7 heures sur le thème Personnalité et Politique ; à 10 heures sur la politique de la ville et à 13 heures sur le rôle de Jean-Paul Fournier au Sénat. A 16h, un quiz sur le département clôturera la journée.

Objectif Gard : Vous êtes sénateur depuis 2008 mais cette fonction est très méconnue du grand public. Quel est votre quotidien ?

Jean-Paul Fournier : Le Sénat est l’assemblée des Sages. Elle bénéficie d’une certaine stabilité par rapport à l’Assemblée Nationale. L’activité a surtout lieu les mardis et mercredis. Je viens régulièrement. Le matin, on a des réunions de groupes politiques. Il y a chaque semaine des nouveaux sujets sur la table. On détermine notamment qui va intervenir en séance. Il y a un turn-over obligatoire pour les questions orales. L’après-midi, on a des réunions de commission. On a aussi des invitations dans les ambassades. J’ai récemment été à celle de Pologne. Ca permet de poser des questions aux ambassadeurs.

OG : Quelle est la dernière question que vous ayez posée dans l’hémicycle ?

JPF : Elle portait sur les buralistes. On a voté contre le parquet blanc. On est pas pour le tabac. Mais seule l’Australie a mis en place cette mesure et on ne peut pas dire que ça soit un succès. Maintenant, le projet doit revenir à l’Assemblée.

OG : Concrètement, quelles sont les missions des commissions ?

JPF : Il y a divers discours et prises de positions sur des sujets d’actualités. J’ai notamment été marqué par celle d’un Etat-major sur la Syrie. C’est ce qui m’intéresse le plus dans ma fonction. Ca permet d’avoir une vue plus large de la politique, notamment sur la question du terrorisme.

OG : Pourtant, d’après votre bilan 2015, vous n’y posez jamais de question….

JPF : Il y en a toujours 4 ou 5 qui posent toujours les mêmes questions redondantes. C’est parfois de la figuration...

OG : Vous êtes aussi peu présent à l’hémicycle… Des sanctions viennent de tomber pour les sénateurs qui sont présents moins de la moitié du temps. Risquez-vous d’en avoir ?

JPF : Il y a parfois des commissions en même temps et il faut faire des choix. Même s’il est vrai que je ne viens pas aux séances de nuit. Cependant, je ne pense pas risquer de sanctions.

OG : 44 présences en commissions contre 150 pour votre homologue Les Républicains Philippe Bas (Manche)... Vous semblez de manière générale peu actif dans votre fonction. Vous ne recevez pas des indemnités pour vous simplement vous instruire….

JPF : Non, j’apporte mes connaissances de terrain. Je suis payé pour représenter un département, son économie et ses problèmes de chômage. Il y a deux mois, on a organisé une semaine sur le terroir gardois. On a amené nos produits AOC au Sénat. On a également inscrit le riz de Camargue en AOC. On a un potentiel important qu’il faut valoriser. Enfin, mon enveloppe parlementaire sert notamment à aider les petites communes en difficulté. Leurs maires font tout eux-mêmes et reçoivent 400€ d’indemnité par mois. Ils ont besoin d’aide.

OG : Le Sénat est actuellement à droite tandis que l’Assemblée nationale est à gauche. Lorsque les deux chambres ne sont pas d’accord, le dernier mot revient au Palais Bourbon. Finalement, le Sénat est-il vraiment utile ?

JPF : On fait quand même avancer les choses en votant des amendements, notamment sur la loi Notre, le vin et le paquet neutre. L’Assemblée tient compte de notre avis. Ca apporte de la sagesse. Après, il est vrai que l’idéal est que les deux chambres soient du même bord.

OG : Concrètement, vous avez des exemples d’amendements apportés par le Sénat ?

JPF : Il y en a plus de 1500 par an. Je ne saurai vous dire.

Peu d'élus présents mercredi au Sénat. Eloïse Levesque/Objectif Gard

OG : Une autre problématique interroge les électeurs. Les votes se font régulièrement par groupe. Pour la loi sur le non-cumul des mandats, les chiffres officiels annoncent 327 votants alors que l'hémicycle était quasi-vide. Seuls 7 sénateurs se seraient déplacés aux urnes. Est-ce normal ?

JPF : Ce n'est pas systématique. Mais le présent de l'assemblée a mis des contraintes et il va falloir être plus présent à l'avenir.

OG : Globalement, le nombre de parlementaires est proportionnellement bien plus élevé en France qu’en Allemagne ou aux Etats-Unis. Les sénateurs sont-ils trop nombreux ?

JPF : Oui ! On n’a pas besoin d’avoir 6 députés dans le Gard. Il en faudrait 1/3 de moins et passer de 925 parlementaires à 600.  C’est ce que Sarkozy compte faire en 2017 s’il est élu aux Présidentielles.

OG : Pourquoi ne pas l'avoir fait avant ?

JPF : On prend parfois conscience des choses après coup.

OG : Vous avez participé à la rédaction du rapport de lutte contre le terrorisme publié en avril avec 110 propositions. Y-a-t-il eu une suite ?

JPF : On a auditionné beaucoup de ministres, de responsables associatifs. Il a été suivi d’une déclaration de Cazeneuve sur le fichage, les centres de déradicalisation et la mise en place d’un numéro vert. Je tenais particulièrement à ce qu’on sépare les détenus terroristes des autres pour éviter toute « contagion ». Mais je ne sais pas si ce sera suivi.

OG : Que pensez-vous de l’intervention de la France en Syrie ? Doit-on négocier avec Bashar-El-Assad ?

JPF : Oui, il faut intervenir. Je pense qu’on ne réussira pas sans des troupes au sol sous l’égide de l’ONU. Cet avis n’engage que moi et pas mon groupe. Ca veut pas dire que je suis pour Bashar-El-Assad. On le traitera après. Il ne faut pas laisser pourrir la situation car la France est la première visée. Je crois que Poutine et Obama vont réussir à se mettre d’accord et l’Hexagone va passer à côté.

Propos recueillis par Abdel Samari, Coralie Mollaret et Eloïse Levesque

Eloïse Levesque

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