ALÈS Grève des avocats : "On est payé au lance-pierre!"
Depuis ce matin, 140 barreaux sur 163 sont en grève en France. Parmi eux, les 40 avocats d'Alès veulent faire changer l'image de la profession, réputée comme riche et enviable. Dans la capitale cévenole, 60% des dossiers sont issus de l'aide juridictionnelle, payée en moyenne 6 € de l'heure avec la nouvelle réforme.
Mercredi, la ministre de la Justice a fait machine arrière sur la réforme de la loi de Finances, qui prévoit une participation des avocats au financement de l'aide juridictionnelle. Insuffisant pour le Conseil National des Barreaux. "On attend des écrits", scande Claire Sadoul, bâtonnière déléguée à Alès. Loin de lever la grève qu'ils mènent depuis une semaine vis-à-vis des dossiers de l'aide juridictionnelle, les avocats ont donc durci le ton. Ils ont cessé toute activité, fermé leur cabinet et annulé leurs rendez-vous. Car la grogne ne s'arrête pas là.
"La Garde des Sceaux propose de diminuer de moitié les rétributions des avocats. On ne touchera plus en moyenne que 6€ de l'heure pour ces dossiers. Une indemnisation qui ne prend pas en compte les kilomètres que l'on doit faire", ajoute Claire Sadoul. Certes la plupart des avocats ont également des dossiers plus importants, mais l'aide juridictionnelle représente tout de même 60% de l'activité globale à Alès. Ce chiffre monte à 80% sur le familial et le pénal. Certains débutants ne fonctionnent qu'avec ces clients. Et le paiement ne s'effectue qu'une fois la procédure achevée. "On n'est pas des nantis qui essaient de défendre leur chapelle", rappelle Maître Geelhaar. "On est payé au lance-pierre", avance même Emilie Porcara, jeune avocate.
Avec la réforme, les avocats craignent que certains cabinets ne diminuent l'aide juridictionnelle, au détriment des justiciables les plus précaires. "Il faut bien qu'on vive! Pour rentrer dans nos charges, il nous faudrait 90€ de l'heure!", répète Claire Sadoul. "Même les salariés des cabinets sont en danger", souligne Emilie Porcara.
De son côté, Christiane Taubira défend son texte en rappelant que le seuil d'accès à ce dispositif va passer de 941 € à 1 000€/mois de revenu pour un foyer. "Un smicard ne peut toujours pas y avoir accès", fustige Claire Sadoul.
La grève sera au moins maintenue jusqu'au prochain examen du texte mercredi prochain. Deux manifestations auront lieu à Alès devant le Palais de justice, les 27 et 28 octobre.
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