Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 04.11.2015 - baptiste-manzinali - 3 min  - vu 273 fois

FAIT DU JOUR Migrants : La Préfecture du Gard réduite au rôle d'observateur ?

L'aéroport de Garons devrait accueillir un nouvel avion en provenance de Calais ce mercredi. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Plusieurs avions ont atterri sur le tarmac de l'aéroport de Garons en provenance de Calais en quelques semaines. À bord, une centaine de migrants transférée au CRA (Centre de Rétention Administrative) de Nîmes où ils sont enfermés, puis libérés, après un imbroglio juridique.

Difficile d'anticiper. L'affaire n'est pas prête de se régler et un nouvel avion devrait débarquer cet après-midi à l'aéroport de Garons. Mais dans les instances gardoises, nul ne sait combien de migrants, ils contiendront. Plusieurs avions, dont deux contenants 46 d'entre eux ont déjà été accueillis, en plus d'une dizaine auparavant. Mais, là aussi, la préfecture du Gard a beaucoup de difficulté à livrer des chiffres exacts, "entre 80 et 120" selon une source interne. De fait, c'est la sous-préfecture de Calais qui gère la situation au niveau national et qui décide d’affréter des avions aux quatre coins de la France où des centres de rétentions existent, dont Nîmes, pour désengorger ses services largement saturés. À Coquelles, dans le Pas de Calais, la capacité d'accueil du CRA est de 60 individus, plus du double à Nîmes.

azaaPar définition, les CRA sont censés retenir les étrangers sans titre de séjour sur le territoire français et organiser leur voyage vers un pays qui les accepte. Seulement, leur transfert ressemble plus à un éloignement temporaire de Calais où la situation est plus que préoccupante - 6 000 migrants seraient dans l'attente dans un bidonville, avant qu'ils n'y retournent par leurs propres moyens une fois libérés. Car tous ont manifesté leur souhait de rejoindre l'Angleterre, et ne peuvent par conséquent, être considérés comme réfugiés, ou en situation irrégulière. C'est en tout cas ce que disent les accords de Schengen, non ratifiés par l'Angleterre. Le résultat donne une politique européenne incompréhensible où chacun se renvoie la faute, et donne lieu à des pratiques que beaucoup estiment à la limite de la légalité.

La majorité des migrants remis en liberté. À Nîmes, le juge des libertés Jean-Louis Galland, s'est saisi de l'affaire pour remettre ces migrants en liberté sans attendre les cinq jours requis, considérant qu'il y avait une privation de liberté. Après une première procédure d'appel demandée par le parquet qui lui a donné raison, l'affaire est partie en cassation : "J'avais demandé à la préfecture quelle diligence ils avaient accompli pour reconduire ces migrants à la frontière, ils n'ont pas voulu me répondre. J'ai donc ordonné leur remise en liberté. Mais ma décision a été infirmée par la jurisprudence du conseil constitutionnel. Je n'ai donc pas le droit d'ordonner leur libération avant un délai de cinq jours." À l'heure actuelle, la majorité des migrants débarqués à Nîmes ont été remis en liberté pour cause d'annulation du placement en rétention par le tribunal, et seraient repartis à Calais par leurs propres moyens. Une dizaine serait toujours retenue au centre de rétention de Nîmes.

rfdddLa Préfecture du Gard, réduit au rôle d'observateur, est totalement dépassée. Pourtant, d'ici quelques semaines, elle pourrait accueillir quelques 300 réfugiés, aux trois CADA (Centre d'Accueil de Demandeurs d'Asiles) que compte le département. Des CADA qui, selon nos informations, seraient déjà saturés. Pour anticiper leurs venues, une augmentation du nombre d'obligations de quitter le territoire aurait été délivrée. "On a l'impression que la Préfecture veut faire de la place pour accueillir les syriens d'ici quelques semaines. C'est sélectif et ce n'est pas équitable" nous avait indiqué Luc Dardonville, vice-président de la FCPE à l'école Prosper Mérimée, dans une précédente interview.

Baptiste Manzinali

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