Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 06.11.2015 - elodie-boschet - 3 min  - vu 1002 fois

ALÈS Olivier Delcayrou, le sous-préfet de proximité

Olivier Delcayrou, nouveau sous-préfet. EL/OG

Deux mois après son arrivée à Alès, Olivier Delcayrou, 45 ans, impose un nouveau style à la sous-préfecture. Arrivé tout droit de Toulouse, il affiche un dynamisme et une volonté de fer qui dénotent de son prédécesseur. Ses priorités : l'emploi, la sécurité et les territoires.

Alès, ce n'est pas la ville rose. Olivier Delcayrou a eu l'occasion de le constater depuis sa prise de fonction le 7 septembre dernier. En quelques semaines seulement, l'ancien directeur de cabinet du préfet de Haute-Garonne a été confronté à des problématiques de taille : inondations, fermeture de l'abattoir, insécurité routière. De quoi se mettre rapidement dans le bain. Discret, attentif et tout-terrain, celui qui était aussi ingénieur du génie rural des eaux et des forêts semble déjà avoir une excellente connaissance des dossiers alésiens. Dossiers qu'il a souhaité abordé ce vendredi matin, en conviant la presse locale autour d'un petit déjeuner dans son bureau. Pendant près de deux heures, il a exposé avec sérénité ses ambitions et propositions pour l'arrondissement.

L'emploi

16 %. C'est le chiffre du chômage sur l'arrondissement d'Alès. Un chiffre qui vaut à la ville la seconde position dans le classement régional – après Agde – mais aussi une place dans le top 5 des bassins d'emplois les plus sinistrés de France. Et les spécificités alésiennes ne sont pas réjouissantes : ce sont très souvent des chômeurs « de longue durée » et 50 % d'entre eux ont plus de 50 ans.

Olivier Delcayrou ne prétend pas avoir la solution miracle. Mais il propose la mise en œuvre de deux outils : un service public de l'emploi de proximité et une équipe dédiée à l'accompagnement de projets. La première mesure s'adresse aux employeurs : « Il s'agit d'élaborer avec eux un plan d'actions en faveur de projets locaux de développement de l'emploi », explique t-il. Le second dispositif porte sur la création d'une « équipe projets ». Objectif ? « Accompagner les porteurs de projets qui sont soumis à des procédures multiples et obscures ». L'équipe proposera des méthodes plus simples et lisibles et se positionnera comme un partenaire de l'entrepreneur.

La sécurité

Sur la question de la sécurité, l'arrondissement d'Alès va donner du fil à retordre au sous-préfet. La délinquance y est plus importante qu'ailleurs. Si les atteintes aux biens sont plutôt « contenues » avec une baisse de 5,5 % depuis l'année dernière, les violences aux personnes sont en nette augmentation (+ 12%). « Ce sont de plus en plus souvent des violences qui n'ont pas de but mercantile : conflits intrafamiliaux, rixes, agressions sexuelles...». Pour inverser la tendance, Olivier Delcayrou exige des forces de police et de gendarmerie « d'être extrêmement présentes sur la voie publique ».

Cette présence renforcée s'observe également sur les routes. Le sous-préfet le martèle : les chiffres du département sont mauvais. Quant à l'arrondissement, 15 personnes ont perdu la vie au 31 octobre 2015 contre 13 personnes pour toute l'année 2014. « Les accidents sont beaucoup plus graves. Nous sommes face à des comportements qui se relâchent ». Olivier Delcayrou espère trouver des améliorations à travers la prévention et les contrôles routiers.

Autre sujet de préoccupation : les inondations. Celles des 12 et 13 septembre derniers ont plongé le sous-préfet dans la réalité cévenole. Une trentaine de communes sont concernées par l'état de catastrophe naturelle. Une subvention exceptionnelle de 170 000 euros a également été accordée à Molières-sur-Cèze pour engager les premiers travaux. Là aussi, le représentant de l'Etat mise sur la prévention, avec les Programmes d'actions de prévention contre les inondations (PAPI). « Ils sont sous maîtrise d'ouvrage des collectivités locales. C'est elles qui doivent s'organiser pour entretenir leurs cours d'eau », rappelle l'ancien ingénieur. « Concernant le Grabieux, nous avons convaincu l'agglomération d'Alès et le Smage de lancer une étude afin d'avoir une vision concrète ».

L'égalité des territoires

Ce sera sans doute l'une des tâches les plus complexes. La nouvelle réorganisation proposée par le préfet du Gard Didier Martin a déjà fait s'égosiller plusieurs élus. Olivier Delcayrou tient à clarifier un point : « Il ne faut pas que les gens aient l'impression que c'est le préfet qui a décidé de cette carte tout seul dans son coin. D'autant qu'aujourd'hui, c'est aux élus de donner leurs avis, de faire des contre-propositions ». Celles-ci seront présentées aux membres de la commission départementale de la coopération intercommunale, qui auront trois mois pour se rapprocher à nouveau des communes. Les périmètres seront définitivement arrêtés au 31 mars 2016.

Devant les inquiétudes de certains, le sous-préfet se veut rassurant : « Je n'oppose pas 'agglo' à 'ruralité'. Le 1er janvier 2016, nous aurons une future grande région. Est-ce que nos collectivités doivent rester éclatées, avec peu de moyens ? Ne devons-nous pas plutôt nous rapprocher pour imaginer et concevoir des services de qualité ? Toutes les communes ne peuvent pas installer le haut-débit toutes seules. Elles doivent intégrer un rapport de force pour exister ». Pas sûr que ces arguments apaisent les « anti-agglo ». Olivier Delcayrou en a conscience. Il sait qu'il faut faire « de la pédagogie ». Il a déjà commencé.

Élodie Boschet

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