Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 03.12.2015 - anthony-maurin - 3 min  - vu 235 fois

FAIT DU JOUR Rencontre agresseur-agressé pour diminuer la récidive

L'équipe de l'AGAVIP gardoise contribue déjà à la justice restaurative avec l'organisation de rencontres entre agresseur et agressé.
Photo Anthony Maurin : ObjectifGard)

Symbole d’égalité, de fermeté et de rigueur, la justice française n’arrive plus à être efficace avec ses outils traditionnels. Ce monde si particulier connaît aujourd’hui un remaniement d’importance avec à la justice restaurative incitée par la ministre Christiane Taubira.

Ça va être difficile de faire évoluer les esprits mais quand on est au pied du mur et qu’on ne peut pas l’escalader, il faut savoir le contourner. En France, le mur de la justice inquiète la population qui voit des prisons en surpopulation, un taux de récidive improbable et pas de baisse significative du nombre de délits et de crimes.

La Justice restaurative gérée par l’Association Gardoise d’Aide aux Victimes d’Infractions Pénales et Médiations (AGAVIP) est à présent en place dans le département. Impulsée par Robert Badinter il y a une trentaine d'année,  cette nouvelle notion nous vient d’Howard Zehr, un américain qui a une toute autre approche de la justice et qui propose mieux qu’une réinsertion réussie, une rencontre entre agresseur et agressé.

Savoir pour mieux comprendre

Pour Gabriel Audisio, référent justice restaurative pour l’AGAVIP, "ici on noue des liens et on réintègre dans la société ceux qui étaient en marge. C’est l’inverse de la justice actuelle. Jusqu’à quand va-t-on investir des millions et des millions d’euros dans des prisons et dans une politique qui ne fonctionne pas ? Enfermer les gens qui retournent en prison quelques temps après leur sortie n’est pas une chose intelligente, il faut faire autrement. Les pays scandinaves et l’Allemagne sont des exemples confirmés de justice restaurative. Dans ces pays, des prisons ferment !".

Et c’est là qu’intervient cette justice restaurative. La clé de cette nouvelle forme de justice n’est en aucun cas une possible remise de peine comme on pourrait l’imaginer. Non, aucun cadeau n’est fait à l’agresseur qui souhaite participer au programme. Il n’y a pas de carotte donc, la sincérité des acteurs est réciproque.

Une parole libératrice

La justice restaurative fait se rencontrer agresseur et agressé. "La parole est libératrice car le procès ne permet pas tout... Là, on est en face à face, on se parle entre humains, c’est une révolution dans le domaine de la justice pénale qui a l’habitude de punir les agresseurs seulement pour non-respect du pacte social" brosse le président de l'AGAVIP Michel Belin.

Les rencontres agresseur/agressé sont le but avoué de la justice restaurative qui voit en cet échange le moyen de faire passer plusieurs messages. Pour les victimes, parler à une personne ayant commise le même type de délit ou de crime que ce qu’elle a pu subir a l’intérêt de faire comprendre les raisons de ce passage à l’acte. Pour l’agresseur, être confronté à la souffrance, au désarroi, à l'incompréhension ou au possible pardon d’une victime peut servir de cadre à une nouvelle vie.

Aujourd’hui, 17 personnes, toutes bénévoles, travaillent dans le département sur ce projet humaniste de nouvelle justice mais les enjeux nationaux font du Gard un pôle quasi expérimental. "Nous nous sommes aperçus que chaque département travaillait dans son coin mais que nous ne nous tenions pas informés de notre travail respectif… Alors, nous organisons à Nîmes la première rencontre nationale de la justice restaurative le 12 décembre prochain à l’Atria. Une trentaine de départements sera à nos côté pour une mise en commun de nos travaux" ajoute le président de l’association AGAVIP Gard.

AGAVIP, 1 rue Raymond Marc 30000 NIMES

04 66 21 55 28 (du mercredi au vendredi de 09h à 12h et de 15h à 19h)

Anthony Maurin

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