Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 07.01.2016 - anthony-maurin - 5 min  - vu 461 fois

NÎMES Film et exposition pour expliquer les cultures taurines

La grande histoire des cultures taurines expliquée dans une exposition qui tourne en rond et crée un cercle vertueux qui donne des arguments décisifs en faveur de ces ancestrales cultures (Photo Anthony Maurin : ObjectifGard)

Non loin du forum romain de la Maison Carrée, les cultures taurines semblent plus que légitimes après visionnages de l'exposition et du film d'André Viard (Photo Anthony Maurin : ObjectifGard)

Les cultures taurines sont aujourd'hui relativement localisées mais par le passé elles étaient universelles et sont même les premières à être restées dans l'imaginaire de l'Homme. L'héritage vivant laissé est en voie d'extinction mais notre sud préserve et sait encore vivre avec le taureau et le toro.

Nîmes est une ville taurine, le Gard est un département taurin, n'en déplaise à certains. Si cela n'a rien de honteux, faudrait-il pour autant s'enorgueillir de vivre encore au côté d'un culte aussi vieux que l'Homme? Certainement. Cette chose est rare de nos jours, l'Histoire fait défaut dans la conscience collective mais l'Observatoire National des Cultures Taurines dirigé par André Viard tient à exposer l'histoire connue mais oubliée.

Pour André Viard qui vient de réaliser un film évoquant ce phénomène, "Tout est vrai, même la peinture que l'on voit, qui est le premier exemple de culture taurine. Elle est dans la grotte de Villars en Dordogne et date d’il y a 23000 ans. Ce film est documenté de manière universitaire, tout ce qui est dit est inventorié depuis longtemps mais personne ne l’avait mis bout à bout ! La tauromachie ne date pas du 17ème siècle, c’est bien plus vieux ! Nous avons inventé peu de choses, sauf peut-être la muleta... La culture taurine est probablement née avant la musique, enfin, nous avons des preuves de son existence que nous ne trouvons que plus tard pour la musique. Cette culture est, selon ce que l’on sait actuellement, la première culture à avoir été représentée. Ces peintures étaient placées dans les endroits les plus reculés, les plus sacrés des grottes. C’était comme une religion. Combattre le taureau n’était pas donné à tout le monde, c’était l’apanage des plus forts, des rois, une sorte de test, la sublimation de l’Homme".

Frédéric Pastor, André Viard, Franck Proust et Daniel Jean Valade expliquent les cultures taurines et les défendent contre vents et marées.

Grosso modo, tout démarre en France, en Dordogne dans la grotte de Villars il y a 23000 ans, une bagatelle! Sur une peinture, on voit une scène taurine. Ce chasseur de taureau est le premier héros de l’Humanité, pour que l’Homme vive, le taureau doit mourir. D’ailleurs, on retrouve sensiblement les mêmes thèmes, 12000 ans plus tard à la grotte Chauvet où l’Homme incarnait aussi la force. On y voit les prémices du minotaure. Et, bizarrement, les grottes dans lesquelles on retrouve ces œuvres picturales délimitent encore aujourd’hui la zone de la France taurine. Un hasard si logique.

"Carré d’Art est un lieu éminemment culturel et donc légitime pour cette exposition et ce film. Nous sommes ici sur le forum romain ! Dans les réserves taurines de Carré d’Art, qui sont d’une grande richesse, nous avons toutes les gravures de Goya, même celles sur cuivre, le monde des cultures taurines est ici chez lui !" évoque Daniel Jean Valade, adjoint à la culture de la ville de Nîmes.

Cette exposition et ce film retracent de manière quasi exhaustive la connaissance qu'a aujourd'hui la société sur ce que le taureau a pu représenter dans le temps et à travers le monde. Une histoire oubliée qu'il fallait remettre au goût du jour. "Notre cible n’est pas l’aficion. Nous devons décomplexer les gens, n’ayons pas honte de ce que nous aimons car l’Homme l’aime depuis la naissance de l’Humanité ! Faisons-le savoir aux plus jeunes, le but n’est pas de créer des aficionados, nous voulons juste que les gens sachent que la tauromachie est culturelle, qu’elle est ancestrale" poursuit André Viard.

En effet, les crânes de taureaux étaient les premiers totems de l’Humanité; le 1er mythe écrit concerne la mort d’un taureau céleste; le A de l’alphabet est né de la stylisation d’une paire de cornes; Osiris, dieu du panthéon égyptien, est assimilé au taureau au pelage blanc Apis; dans le même style, Ramsès II était surnommé "taureau puissant". Mais c’est certainement la mythologie grecque qui parachève l’ampleur du taureau dans le monde des vivants. Aujourd'hui pourtant, le contresens guette...

"La domestication des taureaux sauvages a empêché que cela continue et ça a eu raison d'une partie des cultures taurines. Chez nous, si elles existent encore, c’est parce que nous avons su conserver la race des taureaux sauvages. La domestication, c’est l’abattoir, le rendement de la viande, nous, nous préservons la bravoure, la corrida et les cultures taurines en général sont les meilleurs modes de préservation. On est loin du discours des anti-corrida" torée André Viard.

Et les oublis sont nombreux... Hercule est lui aussi lié à cet animal. La route qu’il prend pour revenir du sud de l’Espagne, c’est encore l'actuelle route dite "du toro" et qui passe par l’Andalousie en allant vers Gibraltar. Chez les Celtes, les rois ou héros de guerre sont appelés "taureau de combat", on consomme y même le sang du taureau lors des élections. De son côté, Jules Cesar, en passant par l’Espagne, importe les taureaux à Rome où ils intègrent les jeux, tuant même les premiers chrétiens dans l’arène ce qui leur vaudra l’inimitié de l’Église. Dans le passé, la corne était le symbole de la puissance et de la fertilité... Les cultures taurines sont universelles et non locales ! Il n’y a pas de traditions locales dans cette affaire, cette culture est variée, elle vient du Sud, du Nord, de l'Est, mais sa première représentation est chez nous. Nous avons su conserver quelque chose qui a disparu ailleurs au fil du temps, il faut maintenant remettre les cultures taurines à leur vraie place.

Pour Alain Gaido, président de l'Union des Villes Taurines de France, "Je suis très content d’avoir pu produire en partie ce film de 70 minutes, cette exposition et tout ce qui va suivre ! Cela servira la promotion des cultures taurines car les professionnels, les directions des arènes et leur billetterie participent aussi à cet effort".

Ce documentaire est universel et sera diffusé gratuitement, en versions française, espagnole et anglaise. Il sera prochainement en ligne, téléchargeable gratuitement sur Viméo. La bande annonce du film est déjà sur Youtube (en tapant Tauromachies Universelles).

A côté de ce film des enfants sont venus voir l'exposition finement pensée et muséographiée telle l'Histoire taurine qui s'enroule autour de nous. Frédéric Pastor, adjoint à la tauromachie de la ville de Nîmes ajoute, "on a sondé un peu les établissements scolaires pour la diffusion du film et ils étaient enchantés et ont répondu très rapidement de manière positive. Une école entière viendra et d'autres classes seront aussi à Carré d'Art pour voir l'expo et le film, c'est une excellente chose".

Et Jean-Paul Fournier, sénateur-maire de Nîmes, de reprendre, "J’ai plaisir à voir André Viard à Nîmes, j’apprends beaucoup de choses grâce à son magazine ! Cette histoire est très belle, le film et l’exposition doivent être vus par le plus grand nombre, nous n’avons pas à avoir honte ! Je défends la corrida au Sénat, cette culture n’a rien à voir avec ce que l’on peut voir aujourd'hui sur les affiches des anti-corrida".

De son côté, Franck Proust, député européen pense que "Ce travail est exemplaire. Il y a une vraie qualité de recherche, on voit toutes les facettes de ces cultures. On y parle d’histoire mais aussi d’environnement, il faut le montrer dans les écoles, c’est le cœur de notre patrimoine. Il faudrait peut-être que je prenne une caisse de DVD pour le montrer au Parlement même si la tauromachie ne fait pas partie des prérogatives de l’Europe".

Pour simple information, "Si l’Observatoire National des Cultures Taurines fonctionne avec 4000 euros par an, la communication anti-corrida se fait confortablement avec 300 millions d’euros" conclut André Viard.

L'exposition serait prolongée jusqu'au 17 janvier 2016.

Anthony Maurin

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