Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 14.01.2016 - baptiste-manzinali - 2 min  - vu 1895 fois

CINÉMA Les Tuche 2 : comme un goût de déjà vu

Les Tuches 2, au cinéma le 3 février. DR

Le 3 février prochain sort en salle Les Tuche 2, réalisé par Olivier Baroux, suite d'un premier volet qui avait réuni 1,5 millions d'entrées. Le réalisateur et l'acteur principal, Jean-Paul Rouve se sont déplacés au Kinépolis Nîmes à la rencontre du public. L'occasion pour ObjectifGard de se plonger une fois n'est pas coutume dans la peau d'un critique cinéma, avec franchise et honnêteté. 

Rares sont les films d'1h30 qui paraissent une éternité. Les Tuche 2 est de cette trempe, pourtant visiblement calibré pour maintenir en éveil le spectateur à grands coups de clichés que l'on pensait définitivement enterrés sur la famille bidochon idéale. Chômeurs, feignants, moches, alcooliques, homophobes, Olivier Baroux n'a pas fait dans la finesse, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais sait-il de quoi il parle ? Sous fond d'une morale type "l'argent ne fait pas le bonheur" mais y contribue visiblement, le spectateur assiste à un enchainement de sketchs qui ne fonctionnent pas, et atteignent quelques sommets de lourdeur. Ce deuxième volet nous embarque en Amérique, pays où les rêves les plus fous sont réalisables, y compris celui de devenir chirurgien réputé quand on est un chômeur de la France profonde, celle qui ne travaille pas et se nourrit essentiellement de frites. C'est en tout cas le tableau que dresse Olivier Baroux en deux minutes montre en main. Le fils prodige est parti étudier aux États-Unis, et la famille Tuche lui fait la surprise de le rejoindre. Il n'en faudra pas plus pour prétexter d'un film.

Lorsque Jean-Paul Rouve, dont le personnage inspiré du Marcel de "Radio bière-foot" avec Les Robins des bois tire un peu sur la longueur, s'engage dans un running gag mal senti "On peut perdre une carte bleue, mais on ne peut pas perdre 15 cartes bleues" jusqu'à l'usure "On peut perdre 15 cartes bleues, mais on ne peut pas....ah si on peut", on comprend alors qu'il manquait un dialoguiste digne de ce nom pour sauver ce film de l'absence de scénario. Olivier Baroux, du duo Kad et Olivier, nous avait habitué à mieux, à plus de politiquement incorrect notamment dans Mais qui a tué Pamela Rose, sorti en 2003. Mais au delà de l'écriture, c'est aussi la direction d'acteurs - ou simplement le jeu de ces derniers - qui flanche. Pierre Lottin alias Wilfried, agace dans son interprétation du rappeur ch'ti, au regard vide et à la limite de l’illettrisme. Et que dire de Ken Samuel qui interprète ce père de famille, riche et sans scrupule, hyper protecteur envers sa fille, et surtout trop prévisible.

À quelques minutes de la fin, le film change de cap sans prévenir pour tenter de prendre position sur le mariage pour tous. Mais le propos, là encore, est poussif, et relève de la caricature outrancière du papa bœuf qui finit par accepter l'improbable homosexualité de son fils, sous les yeux d'un prêtre déguisé en Elvis, puisque nous sommes à Las Vegas.

Nul doute que Les Tuche 2 va occuper la tête des classements du box office pendant quelques semaines. Jusqu'au jour où le public se lassera de ses mécaniques cinématographiques qui se répètent en boucle : éloge de la stupidité, argent, prise de conscience et moralité.

Baptiste Manzinali

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