Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 22.01.2016 - thierry-allard - 4 min  - vu 495 fois

ARAMON Michel Pronesti : "il y a encore une chance" pour la centrale EDF

Le maire d'Aramon Michel Pronesti (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

A un peu plus de deux mois de la fermeture annoncée de la centrale thermique EDF sur sa commune, le maire d’Aramon Michel Pronesti évoque le sujet et ses conséquences pour la commune et la Communauté de communes du Pont du Gard.

Objectif Gard : le 1er avril prochain, ce sont bien plus que 160 emplois directs que la commune d’Aramon risque de perdre avec la fermeture de la centrale thermique EDF. Concrètement, quelles seront les conséquences pour la commune ?

Michel Pronesti : Les risques sont multiples. Le tissu industriel d’Aramon, avec ses trois piliers que sont Sanofi, Expansia et la centrale EDF permettai t à Aramon d’apporter une richesse économique et sociale à son territoire propre et bien au delà, au travers de la création de la Communauté de communes qui récupère la taxe professionnelle. Avec cette fermeture, Aramon est meurtrie, et tout un territoire qui vit par l’économie produite par Aramon essentiellement. Le territoire de la Communauté de communes vit au travers d’une richesse économique produite à 85 - 90 % sur Aramon.

EDF? "Ce sont des tricheurs"

Comment jugez-vous la méthode d’EDF sur ce dossier ?

Ce sont des tricheurs. Le mot est un peu fort, mais je le pense. EDF a avant tout depuis sa création une activité industrielle, à but de service public, d’où une grande part de responsabilité qui incombe à l’Etat. Même aujourd’hui, si EDF est une entreprise privée, l’Etat est actionnaire à plus de 75 %, mais ne joue pas son rôle de régulateur économique. De plus, on sent qu’avec la COP21, ce problème de fermeture s’est accéléré, que l’électricité produite par les hydrocarbures était en ligne de mire. Je ne suis pas contre la COP21, il était nécessaire et indispensable de prendre des décisions fortes, mais la France n’a pas de leçons à recevoir, surtout en matière de gaz à effets de serre produits par son énergie. Les gaz à effet de serre produits par la centrale d’Aramon sont une goutte d’eau dans l’océan. C’est une aberration, un danger pour la France et la sécurité de son réseau électrique. La centrale a un rôle de régulateur en période de pointe. Si demain il y a un pic énergétique, ne craint-on pas un blackout ? C’est une décision hâtive, dangereuse, incontrôlée, qui ne satisfait que la gestion financière de l’entreprise et ses actionnaires.

La centrale devait initialement fermer en 2023.

Oui, et EDF avait investi 150 millions d’euros pour la mettre aux normes, aujourd’hui on les met à la poubelle ? Il faut, pendant les sept ans qui nous restent, mettre tout en œuvre pour définir ce qu’on va faire sur les espaces que détient EDF, à savoir la centrale et 4 hectares potentiellement aménageables pour l’industrie. Tout ça doit se faire de manière réfléchie.

Vous appelez à la mobilisation et organisez une réunion publique le 30 janvier. N’est-il pas trop tard ? Y a-t-il encore une chance de sauver cette centrale ?

Oui, il y a encore une chance.

Qu’est-ce qui peut faire pencher la balance ?

Que la population d’Aramon et d’ailleurs prenne conscience des conséquences d’une fermeture qui iront vers la fiscalité. Et dans une période morose comme aujourd’hui, est-ce une solution ? Nous avons un Président de la République qui jusqu’à présent n’a pas répondu aux deux courriers que nous lui avons adressés, il faut qu’il prenne conscience que l’Etat qui se veut garant de l’emploi va accélérer le processus de perte d’emploi sur notre secteur, avec 160 emplois directs et 450 emplois induits. Il ne peut pas prendre ce sujet à la légère. Un nouveau préfet vient également d’arriver, il peut y avoir du changement.

Pour la Communauté de communes, "il y a plusieurs scénarios"

Au niveau de la Communauté de communes du Pont du Gard, la fermeture de la centrale entraînerait 4 millions d’euros par an de pertes fiscales. Une perte financière considérable, qui peut aller jusqu’à remettre en cause l’existence même de la Communauté de communes ?

Il y a plusieurs scénarios. On peut prendre la décision de rester en l’état, la loi le permet. Par contre, il y a un risque soit de baisse du service rendu à la population, soit d’une hausse de la fiscalité pour maintenir ces services. Un autre scénario est la mutualisation ou la fusion avec d’autres collectivités à proximité : Beaucaire Terre d’Argence ou la Communauté de Communes du Pays d’Uzès.

Et le Grand Avignon ?

Non, ce n’est pas à l’étude. Ce dossier va se décanter d’ici mars, d’une part la décision ou pas de fermeture de la centrale, et la décision qui est liée de rester ou pas en l’état au niveau de la Communauté de communes.

"Une commune qui n’investit pas est vouée à mourir"

Vous avez été réélu en 2014 pour un deuxième mandat. Quelle impulsion voulez-vous donner à Aramon d’ici 2020 ?

Déjà lui permettre de continuer à exister, lui permettre de continuer à investir. Depuis 2008 nous investissons 1,5 à 2 millions d’euros par an, soit 15 millions investis jusqu’à présent, et nous avons encore des projets. Une commune qui n’investit pas est vouée à mourir, une commune qui investit vit et fait vivre.

Et pour finir, un projet marquant pour 2016 ?

Redonner confiance et vie au cœur de ville, à travers la réhabilitation d’un bâtiment central fermé depuis des décennies. On investit 3 millions d’euros pour apporter du dynamisme, de la vie, de la culture, du lien social, avec la création d’une médiathèque, d’une école de musique, de logements et d’espaces pour les aînés, pour un projet intergénérationnel. Ce projet a déjà pris corps, et il prendra 2016 et 2017.

Propos recueillis par Thierry ALLARD

Thierry Allard

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