Il revient de loin : proche de l’effondrement en 2011, lorsqu’une poutre avait cédé, la lavoir municipal de Pont-Saint-Esprit a bien failli voir son histoire, vieille de plus de 180 ans, s’achever sous la pelle d’un bulldozer.

Sauf que l’équipe municipale emmenée par Roger Castillon, fraîchement élue cette année là, n’a pas voulu laisser ce patrimoine mourir.

Deux ans de travaux

Il faut dire que le lavoir, inscrit en 2005 à l’inventaire des monuments historiques, est un des plus grands — et des plus remarquables — de la région, « le seul classé aux monuments historiques, avec celui de Saint-Victor-la-Coste », a noté l’architecte des bâtiments de France Jacques Dreyfus lors de l’inauguration hier soir. Alors après les travaux d’urgence, visant à refaire la charpente et à éviter un effondrement complet, la ville a souhaité le restaurer complètement. Deux ans de travaux, achevés en décembre dernier, ont été nécessaires.

Les bassins ont été restaurés et remis en eau, avec de l’eau provenant d’une source passant à proximité, et le parvis a été entièrement refait et dallé. Le monument est également mis en lumière « avec une cinquantaine de projecteurs de très faible intensité, pour un éclairage homogène et pas spectaculaire pour une nouvelle manière de voir le lavoir, avec également un jeu sur l’eau avec des projecteurs immergés », a expliqué l’architecte Alexandre Autin. Concernant les bassins eux-mêmes, « c’est un retour exact aux dispositions d’origine » et les abords, « un écrin pour le monument », qui a vocation à (re)devenir « un lieu de vie, de rencontres », pour Jacques Dreyfus.

Une mobilisation générale pour sauver le lavoir

D’importants travaux, pour plus d’un million d’euros, subventionnés par la DRAC, le département, la région, le ministère de l’Intérieur (à titre exceptionnel) et la Fondation du Patrimoine. « Sans ces aides, nous n’aurions pas pu le faire », a reconnu le maire Roger Castillon. Il faut dire que la ville a financé « seulement » un peu plus de 200 000 euros sur ses fonds propres, soit environ 20 % du montant total des travaux.

Une mobilisation générale de tous les acteurs, donc. Il faut dire que « ce patrimoine avait été oublié pendant de nombreuses années, il était en très mauvais état et posait même des problèmes de sécurité », rappellera le délégué régional de la Fondation du Patrimoine Alain Brès. Une fondation qui n’aurait pas dû participer, le lavoir ne rentrant pas dans ses critères, « mais nous avons fait une dérogation. » En tout, plus de 110 donateurs ont participé à la souscription publique lancée par la Fondation, apportant 25 000 euros, « un montant remarquable » dixit le délégué régional.

Le conseiller départemental Christophe Serre s’est quant à lui félicité de voir « enfin une municipalité à Pont qui tient ses promesses » avant de souligner que le Département avait « aidé Pont-Saint-Esprit comme elle n’a jamais aidé une commune en termes de restauration du patrimoine. » Des aides visant notamment à développer le tourisme dans une ville qui est « aujourd’hui belle, et qui sera demain magnifique. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com