Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 06.03.2016 - eloise-levesque - 3 min  - vu 575 fois

PORTRAIT DU DIMANCHE Emilie Chéné, objectif Rio 2016

Emilie Chéné s'entraîne au tennis club d'Alès avec un fauteuil spécifique. Eloïse Levesque/Objectif Gard

A 35 ans, Emilie Chéné, paraplégique, a mis sa carrière professionnelle entre parenthèses pour se consacrer à plein temps à la préparation des Jeux Paralympiques de Rio en septembre prochain. Actuellement 40e au classement mondial, la tenniswoman a deux mois pour atteindre la 24e place.

"La compétition, c'est du mental". C'est la dernière ligne droite pour Emilie Chéné, 5e joueuse française de tennis en fauteuil roulant, alésienne d'adoption. De tournois en entraînements, la jeune femme ne ménage pas ses efforts pour atteindre l'ultime objectif, le graal des sportifs de haut niveau : les Jeux Olympiques. "C'est le seul événement qui offre une telle fenêtre médiatique sur l'handisport. Pendant 15 ans, on montre au monde entier qu'on est des sportifs comme les autres", commente Emilie Chéné.

Tout démarre en Vendée en 1995. Adolescente, Emilie, joueuse occasionnelle de basket, découvre une malformation congénitale qui atteint des membres inférieurs. Elle devient paraplégique et passe un an en centre de rééducation. Une épreuve qui ne l'empêche pas de poursuivre ses études et de devenir assistante sociale. Mais la jeune femme, auparavant sportive, a besoin d'être physiquement active. Ce n'est qu'à 28 ans, sur le tard, qu'elle fait le "non-choix" du tennis. "Le basket était trop violent en handisport et j'avais besoin de repartir à zéro", se souvient-elle. Et de préciser : "Le tennis alliait le technique et le mental, ça a commencé comme ça".

D'un loisir sans prétention, la discipline va devenir un moteur de vie. Emilie est rapidement repérée par la fédération nationale et obtient une bourse pour booster son niveau. En 2010, Christel Abt, entraîneur fédéral basée au Tennis club d'Alès, lui propose de la rejoindre en capitale cévenole. Dès lors, la joueuse vise bien plus haut. "Je suis venue pour m'éclater et tenter de monter en international. C'est plus facile que dans le sport valide car on est beaucoup moins nombreux sur la ligne de départ", admet-elle.

6 ans de préparation

Depuis 6 ans, Emilie Chéné se prépare pour la consécration, les Jeux Paralympiques. "C'est le temps nécessaire pour que le tennis s'exprime vraiment", annonce-t-elle. Entraînements quotidiens, séances de physiothérapie pour une meilleure récupération, suivi nutritionniste, accompagnement par un préparateur mental, la trentenaire fait tout pour être la meilleure. Elle se paye même le luxe d'une disponibilité professionnelle en octobre 2014 et atteint le 23e rang mondial, et le 4e français.

Mais la vie offre ses revers, à bon ou mauvais escient. A l'automne 2015, l'histoire se répète et de nouveaux problèmes de santé obligent Emilie au repos total. Elle chute à la 40e place et voit son rêve s'envoler. Heureusement, Emilie se relève au bout de deux mois. Loin d'être affaiblie, elle dispose désormais d'une arme que les longues journées de travail lui avaient pillées : le plaisir. "Je me suis rendue compte de ma chance. Prise par l'enjeu, j'étais devenue trop exigeante. Je m'autorise maintenant le lâcher-prise. Les résultats n'en seront que meilleurs", assure la sportive.

"Il y a plein de choses à faire, même avec quatre roues sous les fesses!"

Et des résultats, elle va en avoir besoin. Le 23 mai, le comité olympique arrêtera le classement pour ne retenir que les 24 meilleurs mondiaux. Emilie doit gagner 16 places en seulement deux mois. Taïwan, Suisse, Japon, Afrique du Sud, elle doit désormais grappiller des points en championnats pour retrouver son niveau. "Je sais que j'en suis capable, je connais ma valeur", se targue-t-elle.

Ensuite ? JO ou pas, Emilie n'est pas sur de poursuivre sur la voie de la compétition. "Je prendrai du temps pour moi, j'ai besoin de voir ma famille, mes amis, j'ai fais beaucoup de sacrifices. Puis, j'aimerais transmettre ce que j'ai appris, me pencher sur les jeunes qui croient que tout est fini à cause d'un accident de parcours. En fait, tout commence. Le handicap m'a ouvert des portes que je n'aurais jamais explorées. Il y a plein de choses à faire, même avec quatre roues sous les fesses!", conclut-elle.

Eloïse Levesque

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