Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 08.03.2016 - baptiste-manzinali - 3 min  - vu 135 fois

FAIT DU JOUR La Journée des femmes fait débat au Conseil départemental

Denis Bouad, attentif au débat sur la parité hommes-femmes. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

La Journée des femmes existe depuis 1911. Pourtant, 105 ans plus tard subsistent des inégalités qui font débats y compris au sein du Conseil départemental. Hier soir, la conseillère du canton de la Grand'Combe, Isabelle Fardoux-Jouve, a convié les élus à l'Hôtel Mouret pour en débattre.

Qu'il est encore bien difficile pour les hommes d'intégrer cette égalité des sexes qui égratigne leur virilité. En flattant le rôle nouveau des femmes dans la politique, ils succombent encore à de vieux réflexes emprunts d'un sexisme passif. Parce que la femme a aussi le droit d'être incompétente, du moins autant que les hommes, et qu'elle ne veut aucun traitement de faveur. Mais là encore, c'est en employant ce terme, "la femme" au lieu "des femmes", que l'homme a bien du chemin à faire dans la compréhension de leurs revendications.

Au singulier, la femme est un mythe rattrapé par la société de consommation pour une marque de lessive, une crème hydratante ou un parfum. "Dire les femmes, c'est reconnaître qu'elles sont différentes les une des autres" précise Isabelle Fardoux-Jouve. Conseillère départementale du canton de la Grand'Combe, elle est à l'initiative d'une soirée débat qui s'est tenue hier soir à l'hôtel Mouret. Dans la salle, les élus de la majorité de Denis Bouad, qui n'était pas peu fier de leur représentativité paritaire : 23 femmes et 23 hommes. "Depuis bientôt un an, on a passé un cap a t-il lancé, ça nous a permis de prendre conscience qu'elles pouvaient avoir de bonnes idées sur tous les dossiers, pas seulement à propos des collèges." Quelques sourires gênés dans la salle. En pensant vanter les mérites de la gente féminine, Denis Bouad a fait une erreur classique. L'égalité des sexes ne passe pas par la mise en avant de leurs talents, qui sous-entend qu'elles n'ont pas droit à l'erreur, et que leurs facultés sont si exceptionnelles, rares, qu'elles méritent d'être soulignés. Mais le président du Conseil départemental est loin d'être le seul à blâmer.

"La génération des années 70 a cru que c'était gagné"

Pour s'intégrer dans un milieu comme celui de la politique, exclusivement réservé aux hommes il y a encore peu de temps, beaucoup ont du faire le jeu de leur collègues et jouer des coudes. Comment faire jeu égal avec les hommes dans un pays qui n'a abrogé qu'en 2013 une loi datant de 1800 interdisant le port du pantalon aux parisiennes si elles ne tenaient pas un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval. Un texte qui n'avait, certes, plus aucune valeur juridique, mais qui témoigne de la fébrilité des avancées sur le sujet.

À l'hôtel Mouret, la comédienne Sophie Millot, auteure d'un conférence théâtralisée sur le sexisme intitulée "55 minutes dans la tête d'un femme", est venue compléter le débat à l'appuie de quelques citations dont le public était invité à retrouver les auteurs. Pour exemple, Freud est à l'origine de la superbe : "L'envie de réussir chez une femme est une névrose.". Charles de Gaulle a aussi son petit avis sur le sujet : "Un ministère de la Condition féminine ? Et pourquoi pas un secrétariat au Tricot ?" Une phrase prononcée en 1967, un an avant que le Mouvement de libération des femmes - entre autres - ne fasse chavirer l'homme d'Etat. Au Conseil départemental, aucune des 23 femmes n'a fait part de quelconques discriminations au quotidien. Pourtant elles existent, à commencer par leur placement sur des circonscriptions réputées difficile à gagner lors des législatives. Un point sur lequel Denis Bouad estime "qu'il y a un vrai problème de renouvellement de la classe politique." Et le monde économique n'est pas épargné, seulement deux femmes figures parmi la liste des 100 plus grands PDG de France.

Le chemin est encore long avant qu'une réelle parité effective soit constatée, notamment dans le monde du travail où les inégalités sont les plus accrues. "La génération des années 70 a cru que c'était gagné, on a mal transmis. Aujourd'hui il y a un vrai recul de la pensée" estime Isabelle Fardoux Jouve, peu enthousiaste à propos de la Journée des femmes, qui "fait le bonheur des marchands de fleurs." Le 8 mars aurait-il perdu de son sens ?

Baptiste Manzinali

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