FAIT DU JOUR Bilan positif pour la Feria de Pâques dans les arènes
C'est la première grande feria française, la feria d'Arles donne un bref aperçu des forces en présence en ce début de saison taurine. Les vieux briscards donneront du fil à retordre aux jeunes loups qui doivent encore apprendre le métier.
C'est un bilan relativement positif que l'on peut dresser au sortir de la feria d'Arles, édition Pâques 2016. Les maestros attendus sont bien présents, les toros, par contre, contrebalancent ce sentiment.
Vendredi soir, la course camarguaise n'aura pas fait grand bruit. Samedi, c'était au tour d'une corrida de gala d'ouvrir en trombe cette feria pascale. Castella, Manzanares et Lopez Simon, trois triomphateurs madrilènes, trois matadors de renom. Si le Biterrois Sébastien Castella a fait le job et même un peu plus en donnant une vraie leçon de toreo à ses compagnons de cartel, c'est fort logiquement qu'il sortira en triomphe de cette première course. Manzanres, aux abonnés absents, a frôlé la correctionnelle et ne ravira aucun trophée. Le jeune Alberto Lopez Simon, qui a fait une énorme saison 2015, a du mal à se mettre dans la peau d'une figure de la tauromachie. Lui aussi coupera une oreille à chaque toro mais sans trop de panache.
Dimanche matin, la novillada de Blohorn et du Laget était annulée à cause des fortes pluies et pour préserver la piste pour la corrida du soir. Les jeunes se montreront en septembre, lors de la future édition de la Feria du Riz, c'est annoncé. L'après-midi promettait monts et merveilles avec un duel quasi fratricide entre El Juli et Roca Rey. Le premier est le numéro un depuis plus de 10 ans, le second, à l'âge de 10 ans, serrait la main du premier avec le plus grand des respects. Aujourd'hui, ils toréent ensemble et partagent la même affiche. Pour les départager, les toros de Daniel Ruiz, les préférés d'El Juli... Bref, Jedi et Padawan devaient attiser le feu qui brûle en eux. Le Juli devra attendre son dernier toro pour lui couper les deux oreilles mais ses trois oppositions furent plaisantes à voir et intéressantes à regarder. Le petit péruvien Roca Rey coupe une oreille à son premier, une autre à son deuxième mais rien à son dernier. Des gestes, des attitudes et une tauromachie pas comme les autres feront de lui le prochain numéro un. Roca Rey est déjà grand mais c'est peut-être son irrépressible respect envers El Juli qui l'a empêché de faire mieux.
La journée du lundi démarrait le matin par la traditionnelle corrida équestre, la corrida de rejon. Andy Cartagena ne fera strictement rien sauf peut-être un peu de dressage, ce qui n'est pas un bon signe quand on sait qu'il devra toréer tout seul six toros à Palavas prochainement... Comme toujours, c'est Diego Ventura qui sortira en triomphe des arènes. Le Portugais est le numéro un des centaures. Son premier duel est magique jusqu'au moment où il perd pied, tombe au sol avec sa monture, heureusement plus de peur que de mal, aucune blessure pour la bête et le bête. Après sa seconde opposition, il coupera deux appendices et marquera le coup de fort belle manière. Un toreo resserré, plus serein, moins vulgaire et dans des terrains improbables comme lors de ses quiebros millimétrés. La Nîmoise Lea Vicens y allait aussi de sa plénitude et de son toreo épuré et classique. Elle progresse dans tous les domaines, elle est sur la bonne pente et gagne du terrain sur ses concurrents. Elle ne fait pas de faute de goût, ne met pas en danger ses montures et préserve l'essence même de l'art équestre quand d'autres rendent hommage au cirque. Une oreille de poids, il ne manque plus que le panache.
Pour la corrida de clôture, on ne sait pas si on attendait plus les toros ou les hommes. Pour les bêtes à cornes, les exemplaires de chez Pedraza de Yeltes, une petite ganaderia qui sera appelée à devenir grande, pas de surprise. Enfin si, la confirmation d'une bonne surprise. De la noblesse, un fond de bravoure et peu de vice dans le comportement général. Pour les piétons, Manuel Escribano, manquant un peu de fraîcheur, semble las de ces représentations. Il sourit moins, est moins enjoué quand il pose les banderilles et ne parvient plus à se relâcher quand il le faudrait. Le natif de Gerena risque de connaître une longue saison. Juan del Alamo, qui clôturait la feria, coupera une petite oreille à son premier mais ne parviendra pas à soulever les foules. Il montrera conviction, engagement et détermination mais techniquement, même s'il est abouti, son toreo manque peut-être d'intelligibilité. L'intelligibilité, c'est une marque de fabrique de Thomas Joubert, tout comme la sincérité et la véracité d'ailleurs. L'Arlésien triomphera de son retour dans les arènes qui ont vu couler son sang lors de son alternative. Il se mettra en quête d'une tauromachie suave, sans fioritures mais emplie d'amour et de passion. Le jeune transporte les gradins, fait souffler un vent de quiétude et coupe les deux magnifiques oreilles de son dernier. Un grand triomphe pour Thomas, un vrai triomphe, peut-être le seul de la feria.
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