Lorsque la porte explose, en pleine nuit, elle n’écoute que son courage...

Il fait nuit noire, ce dimanche soir de mars 2015. Un couple de commerçants d’Alès, âgés d’une cinquantaine d’années, entend résonner le système d’alarme de leur maison isolée. Le couple, vivant dans le village, n’a pas le temps de réagir. « Ils se trouvent face à leur porte d’entrée lorsque trois coups de feu éclatent », raconte le conseiller de la Chambre de l’instruction de Nîmes. Trois hommes armés et munis de cagoules s’acharnent à coups de pied et de hache. Ils parviennent à pénétrer dans la demeure. Mais ils ne savent pas encore qu’ils vont se retrouver face à une femme qui a déjà connu 17 cambriolages et qui est déterminée à ne pas se laisser faire ! La victime parvient à attraper un gros couteau de cuisine et menace à son tour ses agresseurs en leur hurlant : « je vais vous planter ». Il n’en faut pas plus pour paniquer les pieds nickelés du braquage.

Face à la détermination de la quinquagénaire, deux hommes cagoulés s’enfuient en courant. Le troisième, en possession d’un fusil, tire un nouveau coup dont l’impact évite de peu le couple et se loge dans l’armoire. On a évité le drame et la commerçante a obtenu que ses agresseurs rebroussent chemin. Dans la fuite, les trois hommes vont oublier une hache et un bidon d’essence sur lesquels de l’ADN va être retrouvé.

"J'ai fait une bêtise"

Un an après la tentative de braquage, trois jeunes hommes, tout juste majeurs, sont interpellés, mis en examen et incarcérés début février 2016 sur Alès. L’un d’entre eux, un étudiant inconnu des services de police a été libéré il y a quelques jours par le juge des libertés et de la détention de la cité cévenole. Le procureur a fait appel et la chambre de l’instruction devait statuer mercredi matin pour savoir si le garçon restait en liberté ou retournait en prison. « J’ai fait une bêtise », explique cet étudiant de 19 ans, visiblement ému de se retrouver face aux juges. « C’est plus qu’une bêtise, ce sont des faits d’une particulière gravité », reprend le magistrat.

D’autant que cette tentative de braquage « a été minutieusement préparée », estime Christophe Raffin, l’avocat général qui demande la réincarcération de l’étudiant. En effet, un mois avant l’agression, les trois complices ont repéré les lieux. Quinze jours avant ils sont même rentrés dans le garage qu’ils ont trouvé très mal rangé ! « Nous sommes venus la veille, mais comme la maison était allumée, nous avons fait demi tour », complète le prévenu. Un trio qui pensait pouvoir se partager un formidable butin caché dans un coffre fort. Il devait y avoir entre 100 000 et 150 000 euros provenant de la vente d’un commerce, selon des renseignements qu’ils auraient obtenus d’un quatrième homme qui, lui, est toujours recherché. L’arrêt a été mis en délibéré.

Boris De la Cruz