Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 12.04.2016 - thierry-allard - 4 min  - vu 177 fois

GARD RHODANIEN Un budget "volontariste" voté après d’âpres débats

Hier soir, lors du conseil communautaire de l'agglo du Gard Rhodanien, à Saint-Julien-de-Peyrolas (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le conseil communautaire de l’agglo du Gard Rhodanien se réunissait hier soir à Saint-Julien-de-Peyrolas avec un ordre du jour copieux qui comportait le vote du budget primitif 2016.

Un budget voté après un débat de plus d’une heure où les critiques parfois âpres n’ont pas manqué.

« Un budget contraint mais volontariste »

Lourde tâche que celle du vice-président aux finances Guy Aubanel. Chargé de présenter le budget primitif, le maire de Saint-Laurent-de-Carnols a défendu le travail des services, en affirmant que « les recettes ont été estimées au plus juste pour que ce budget soit le plus sincère possible » et ce alors que « les dotations de l’Etat ont encore été revues à la baisse. » Résultat : « les dépenses devront être maîtrisées malgré un changement de périmètre avec le deuxième Relais assistants maternels (RAM, ndlr) ou l’instruction des permis de construire, pour maintenir un service de qualité sans augmenter la fiscalité des ménages et des entreprises. »

Au rayon dépenses, le budget prévoit des frais de personnel de 13 215 480 euros, « ce qui veut dire que les départs ne seront pas remplacés », explique le vice-président. Au rayon des investissements, « nous avons des projets structurants, avec le Centre d’excellence numérique (CEN, autrement appelé Pôle d’Excellence rurale ou Scène campagne, ndlr), la Maison multi-loisirs verts et l’Ardoise éco fret » a présenté Guy Aubanel, le tout avec un autofinancement « de 1,5 millions l’an dernier, et de 345 000 euros cette année. Ce n’est pas suffisant, mais il faut bien faire avec, les dotations baissent chaque année. »

Au total, le budget de fonctionnement se monte à 53,56 millions d’euros (contre 54,05 réalisés l’an passé), dont 25 millions reversés aux communes, et celui d’investissement à 4,62 millions (contre 4,80 réalisés l’an passé). « Un budget contraint mais volontariste », résume le vice-président.

« J’ai l’impression qu’on pilote à vue »

Pas de quoi convaincre les élus apparentés à l’opposition, comme le maire de Lirac Stéphane Cardènes : « les perspectives budgétaires sont inexistantes, j’ai l’impression qu’on pilote à vue » avant de préconiser la mise en place d’un « plan pluriannuel d’investissements. » Le président Jean-Christian Rey lui répondra que « le schéma de mutualisation et le pacte fiscal et financier (présenteront) un plan beaucoup plus général, avec une partie investissements et mise en commun des moyens. » Plus tard, le maire de Saint-Nazaire Gérald Missour, visiblement pas convaincu, estimera à son tour ne pas savoir « où nous allons » en prenant l’exemple d’intercommunalités voisines comme celles de Montélimar ou Monteux qui « a tout parié sur les activités de loisirs (avec notamment le parc Spirou, ndlr), ils font un pari mais au moins ils ont un chemin. »

« Vous ne partagez pas les projets, c’est une chose, et que vous préfériez Spirou au L’Ardoise éco fret, c’est votre droit, lui répondra le président, goguenard. Dire que nous n’avons pas de vision n’est pas la réalité, le développement économique c’est un tout. L’emploi est notre priorité, dans tous les secteurs d’activité. » « La communauté de communes de Montélimar a été créée en 1992, nous en 2013, il faut comparer ce qui est comparable », estimera pour sa part le vice-président Christophe Serre. « Ce n’est pas la durée d’existence qui doit faire le cap », rétorquera Gérald Missour.

Le maire de Saint-Etienne-des-Sorts Didier Bonneaud fustigera lui la part budgétaire réservée aux investissements, « trop réductrice », avant de rappeler que « dans mon village je réserve 30 à 40 % du budget à l’investissement chaque année. » Le député Patrice Prat prendra ensuite la parole pour s’émouvoir du fait qu’il n’avait pas reçu l’état des subventions obtenues pour le Centre d’excellence numérique de Cornillon (« J’avais compris que tu les voulais pour le débat budgétaire », lui répondra Jean-Christian Rey tandis qu’une liasse de documents était remise au parlementaire laudunois) avant de demander des précisions sur l’affectation de l’emprunt de 2 millions d’euros budgété. « Il n’est pas fléché, on vote une enveloppe globale », lui répondra le président.

Le député Patrice Prat, lors de son intervention (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« Venez à l’agglo, regardez, faites des photocopies »

Patrice Prat reprendra la parole quelques minutes plus tard sur un ton nettement moins apaisé : « je suis obligé de réagir. Je découvre des documents en session budgétaire censés m’éclairer sur le concours de la région, du département et de l’Etat, or là j’ai une compilation de courriers avec un flou artistique sur la véracité et la fiabilité des chiffres ! » Dans une longue tirade, Patrice Prat estimera que « quelque chose ne tourne pas rond » avant de fustiger des documents « pas suffisamment clairs » qui le conduisent à « (s)’interrog(er) sur votre manière de mener ce dossier. »

« Il n’y a pas de flou, lui répondra quelque peu agacé le président. On a 1,13 million d’euros de l’Etat et 1 million d’euros de la région, sachant que le Conseil départemental a payé le concours d’architecte. Les documents sont sérieux et fiables. » « Je ne veux pas de polémique, mais ces explications brouillonnes sont loin de m’avoir convaincu », soufflera le député. « Le dossier du Centre d’excellence numérique fait plusieurs kilos, venez à l’agglo, regardez, faites des photocopies » lui lancera Jean-Christian Rey avant d’annoncer que « le 23 mai on doit faire un conseil d’agglo sur la CDCI, et on fera un point précis sur le Centre d’excellence numérique. »

Patrice Prat, pas convaincu donc sur le CEN, a en revanche salué des éléments positifs, comme la stabilité de la fiscalité, le projet L’Ardoise éco fret, le deuxième RAM ou la politique de la ville, avant de regretter la stagnation des attributions compensatoires après la baisse de 2015 et sa position sur le CEN pour justifier son abstention à venir.

Le président conclura en répétant que « ce budget est volontariste, de fondation, sans toucher à la fiscalité ni aux attributions compensatoires malgré la baisse des dotations. Notre gestion est rigoureuse. »

Le budget sera voté avec douze voix contre, celles de Christian Roux, Claudine Prat, Serge Rouquairol, Laurent Nadal, Anne-Marie Aymeric, Yves Cazorla, Gérald Missour, Jean-Marie Daver, Stéphane Cardènes, Didier Bonneaud, Alexandre Pissas et Sylvie Nicolle ; et cinq abstentions, celles de Patrice Prat, Patrick Palisse, Serge Tichadou, Maria Seube et Pierre Baume.

Et aussi :

Et les transports alors ? : personne ne l’avait relevé, mais point de transports dans le budget, alors que l’agglo récupèrera la compétence à la fin de l’été. « Les transports feront l’objet d’un budget annexe » précisera en fin de conseil Jean-Christian Rey.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Thierry Allard

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