Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 14.04.2016 - anthony-maurin - 4 min  - vu 286 fois

FAIT DU JOUR Le Préfet briefé sur les aléas climatiques du Gard

En compagnie d'un prévisionniste de Météo France, Didier Lauga et Carl Accettone ont pris connaissance de l'ampleur et de la diversité des phénomènes climatiques qui agitent le Gard chaque année (Photo Anthony Maurin)

Avec un gain de 7000 habitants par an, le Gard, qui connaît des épisodes climatiques extrêmes, doit former et informer la population à ces risques. Récemment arrivé à la tête du département, le Préfet Didier Lauga a demandé un "briefing" qui lui a été dispensé par les équipes de Météo France.

La pluie, la sécheresse, le vent, la canicule, la surcote mais aussi la neige et parfois le froid extrême, le Gard connaît une concentration d'aléas climatiques qui lui vaut une place de choix parmi la liste des départements français classés comme étant "à risque". Prévoir en amont, suivre l'événement au plus près et connaître le terrain et ses particularités, voilà le rôle primordial que tient Météo France dans la prévention des risques liés au climat. Dans ce cadre, Françoise Marche, directrice interrégionale basée à Aix-en-Provence et Stéphane Ross, responsable Gard-Lozère de Météo France recevaient le Préfet Didier Lauga et son directeur de cabinet Carl Accettone pour un briefing complet et évocateur.

"Tout le monde comprend pourquoi le Préfet s'intéresse à la météo... Nous avions besoin de faire le point, maintenant nous voyons la réalité comme elle est! C'est clair, le Gard est un beau département mais les risques y sont nombreux". Des phénomènes semblables à la puissance de l'ouragan Katrina qui a ravagé les USA, des torrents d'eau et des rivières qui gonflent comme le gardon qui au niveau du Pont Saint-Nicolas arrive à 19m de profondeur en période de forte crue, des villes entières ravagées et bien sûr, des morts.

Petite infographie pour montrer que notre région est une des pires en  matière d'aléas climatiques (Photo Anthony Maurin)

Entre les cartes, les couleurs, l'infrarouge, les études rétrospectives, les radars, le robot sonde... "Tout cela est très mystérieux pour nous... Je pensais entrer dans un local avec une grenouille!" s'amuse le Préfet qui aura tôt fait de prendre l'ampleur de la gravité des phénomènes subis par le département et dont il était déjà bien conscient "je ne pourrai pas dire que je ne savais pas...".

"Nous essayons d'être au top de ce qui se fait dans le monde! Avec notre radar, il est très difficile d'être plus précis à l'heure actuelle mais le Gard connaît des événements qui sont incroyables par leur intensité. Il est difficile d'anticiper ces phénomènes car les mécaniques sont nombreuses et compliquées. Nous faisons des progrès, depuis peu nous parvenons à détecter des choses encore méconnues il y a quelques années! Il reste cependant une part d'incertitude mais connaissant vos besoins et la réactivité qu'il vous faut, nous nous organisons pour faire face à ces enjeux et vous guider au mieux dans la gestion de ces crises" affirme Stéphane Ross.

Savoir quelle cellule nuageuse va poser problème, en connaître son évolution pour placer de manière stratégique les forces vives sur le terrain afin de protéger les biens et les personnes, sans Météo France, les secours iraient à tâtons et perdraient du temps... "Gagner 2 ou 3h, pour nous, c'est décisif. C'est aussi pour cela que je suis venu. Je tenais à vous dire merci pour ce que vous faites car en période de crise, nous n'avons pas le temps d'en parler" note le Préfet Lauga.

De l'histoire de la météorologie à la gestion de crise des derniers épisodes en date, les responsables de Météo France ont assuré une explication pédagogue et pointue. Du centre national toulousain en passant par le relais interrégional d'Aix pour terminer en local avec Nîmes, le quadrillage de la structure est quasi parfait et indispensable malgré les coupes budgétaires connues ces derniers temps. "Tant que la goutte d'eau est dans les airs, on parle météo. Dès qu'elle touche le sol, ça devient un problème d'hydrologie! Heureusement, nous travaillons de concert pour vous apporter le maximum d'éléments" brosse Stéphane Ross.

Stéphane Ross explique au Préfet et à son directeur de cabinet l'ampleur, la rapidité et les dégâts que causent les aléas climatiques connus dans le Gard (Photo Anthony Maurin)

Alors comme tout le monde confond, voilà un petit rectificatif... Le système orageux méditerranéen, comme la crue de Nîmes en 1988 et le fameux phénomène Cévenol qu'a connu Anduze en 2002, sont deux choses différentes mais qui peuvent hélas se cumuler. Le système orageux méditerranéen consiste à voir des orages s'abattre en pleine et sur le littoral, c'est un phénomène qui se crée sur place. Le phénomène Cévenol est quant à lui une accumulation de pluies continues due à des nuages qui stationnent face à un massif montagneux comme les Cévennes et qui ne parviennent pas à passer au-delà.

Après avoir entendu des chiffres ahurissants, "le record de précipitations est détenu par Valleraugue avec plus d'une tonne d'eau par mètre carré... Ici, on se réveille à partir de 150 mais nous atteignons très rapidement les 300, 400 voire 600 par endroits!" poursuivent les météorologues. "Je suis toujours surpris par la rapidité à laquelle l'eau monte, le Préfet de Région aussi donc nous y sommes très sensibles, même un nageur olympique n'arriverait pas à nager!" rappelle le Préfet avant d'ajouter "je n'avais pas pensé à la neige mais je suis soulagé de ne pas avoir le risque du tsunami en plus...!".

D'ici 2100, la température devrait augmenter de 5°C. Les périodes de canicules pourraient atteindre 20 jours par an et dans l'exact contraire, l'extrême froid ne devrait plus trop engourdir les Gardois. Par contre, les précipitations hivernales devraient connaître une hausse sensible, tout comme les phénomènes de pluie extrême, de sécheresse, de surcote marine avec certainement une hausse du niveau de la mer d'au moins 40 cm (ce qui mettrait Arles sous l'eau). Vous l'aurez compris, dans le futur, les enjeux seront certainement de contrecarrer les plans de l'eau mais surtout de savoir la récupérer avant qu'elle ne disparaisse...

"La vigilance a la faiblesse de sa force, elle est robuste, rustique mais certainement pas autosuffisante. La majorité des morts dans le Gard lors d'épisodes météorologiques est due à des imprudences alors que la vigilance n'est que jaune... Le premier acteur de sa sécurité, c'est le citoyen lui-même!" concluent les protagonistes.

Prévenus au plus vite, les Gardois doivent comprendre les enjeux sécuritaires face à de tels phénomènes indomptables (Photo Anthony Maurin)

Anthony Maurin

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