Ce changement de dernière minute qui voyait Alejandro Conquero remplacé par Juan Carlos Carballo aura été salutaire. Le jeune a gracié un novillo de Cuillé. Manolo Vanegas a coupé quant à lui deux oreilles.

Cette novillada était un peu bizarre. Seuls 4 novillos étaient combattus par 2 novilleros. Les pupilles de Philippe Cuillé, empresa des arènes, auront tenu toutes leurs promesses. Manolo Vanegas saluera à l'issue de son premier duel et coupera deux belles oreilles après son second. Juan Carlos Carballo indultera son second opposant, un magnifique et complet novillo.

Manolo Vanegas est prêt à passer la vitesse supérieure. Le jeune accueille son premier Cuillé les genoux plantés en terre et offre quelques beaux gestes au capote. Maturité et savoir-faire, quiétude et sagesse font de lui un novillero puntero qui voit clair dans le jeu de son novillo qui manque hélas de transmission. Trois épées lui coupent l'herbe sous le pied et l'empêchent de ravir des trophées.

Pour son second duel, c'est un novillo à cornes qui sort du toril. Vanegas le reçoit avec classe et l'accueille avec douceur dans des terrains qu'ils apprécient mutuellement. Une faena adroite mais majoritairement gauchère, précise dans son architecture, pousse le novillero à s'engager toujours plus. Le petit se paiera même le luxe de faire passer le novillo dans son dos... Mais à force de jouer avec le feu, on se brûle! Il se fera prendre sans gravité et estoquera son opposant avec brio. 2 oreilles.

Le remplaçant qui n'était pas venu à Alès pour rien aura marqué les arènes du Tempéras. Si l'habit ne fait pas le moine, le costume choisi n'aura pas intrigué longtemps l'aficion pantoise devant un tel jeune. Dès la réception de son premier novillo, les qualités toreras de Juan Carlos Carballo étaient telles qu'il se laissa aller à des gestes doux et soyeux. Le coeur est là, la création aussi mais l'épée freinera les ardeurs d'un public conquis par un poignet qu'il manie à merveille. Le novillo sera applaudi à l'arrastre.

Enfin, le grand moment! Dernier exemplaire de la novillada. Le jeune entre en piste, file droit au toril, se met genou et attend patiemment la sortie d'un novillo sauteur. A la pique, l'adversaire répond coup pour coup et sauve sa vie en répétant ses charges sous l'acier du picador. A la muleta, la noblesse fait suite à la bravoure. Un novillo "bonbon", sans vice ni malfaçon que Juan Carlos Carballo toréera à merveille. Le jeune se tord dans tous les sens, se plie comme la sagne chère au campo de Cuillé mais ne rompt jamais. Dans l'assemblée, quelques cris à la grâce se font entendre... Ils s'amplifient avec le temps qui passe et les passes qui s'enchaînent. Enfin, le mouchoir orange, synonyme d'indulto, est sorti et le novillo est renté, vivant, au toril. Il deviendra reproducteur. Le jeune, lui, savoure l'instant, deux oreilles symboliques que nul ne trouvera dans les arènes lui seront virtuellement attribuées. Accompagné de sa cuadrilla et de l'éleveur, un tour de piste félicite la belle rencontre.

Un grand moment, une belle novillada rythmée et enjouée pour une matinée dominicale qui restera dans l'histoire alèsienne.