Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 30.05.2016 - boris-de-la-cruz - 2 min  - vu 421 fois

INSOLITE La poule protégée s’invite sur le chantier du TGV et… au tribunal

Photo DR

Connaissez-vous l’outarde canepetière ? Non… Eh bien il fallait venir mercredi dernier à l’audience du tribunal correctionnel de Nîmes. En près de trois heures de caquetage vous seriez devenu un spécialiste de cette poule protégée. Une espèce si particulière et très menacée en Europe que pour la déloger de son habitation il faut employer les grands moyens. Imaginez un peu, seule une autorisation ministérielle peut permettre au commun des mortels de déplacer cette basse-cour naturelle. Et gare à ceux qui viendraient la brusquer... C’est le cas d’un groupe d’intérêt économique (GIE) en charge de réaliser les monumentaux travaux de la nouvelle ligne TGV entre Nîmes et Montpellier.

Des millions d’investissement sur la nouvelle ligne TGV contrariées par l’outarde

Des ouvriers ont eu la bonne idée de couper l’herbe sur des espaces sensés accueillir la poule aux œufs d’or. Personne ne sait si le désherbage à Beauvoisin, Aubord ou Nîmes, a été délibéré ou pas, mais ce qui est certain c’est que les responsables du fauchage se sont retrouvés en correctionnelle pour « destruction, altération et dégradation d’une espèce animale protégée non domestique » et « perturbation volontaire des espèces animales protégées ». Car, la fameuse outarde a la bonne idée de trouver refuge sur la zone des Costières classée en zone de protection spéciale pour les oiseaux (Natura 2 000).

Et en juin et juillet 2013 et 2014, patatras, les ouvriers ont coupé l’herbe de la poule alors qu’elle est dans une période de nidification. C’est le cas notamment à Nîmes le 19 juin 2013, où 2 500 m2 de terrain sont défrichés. « On reconnaît l’erreur sans souci, d’ailleurs c’est nous, lorsque nous nous en sommes rendus compte qui avons appelé les services de l’Etat concernés », affirme le responsable du GIE.

« Il aurait fallu déposer une autorisation administrative avec une étude d’impact et des mesures conservatoires », glisse un agent d’état spécialiste des oiseaux protégés. Pour ce procès pas moins de deux associations sont venues plaider la cause de l’outarde... « Les travaux ont été effectués pendant la période de nidification, c’est un véritable dommage environnemental, glousse le représentant de France Nature Environnement qui demande 10 000 euros de dommages et intérêts pour chaque association pro-outarde. C’est une espèce protégée qui fait l’objet d’un plan national d’action avec 730 000 euros investis en 2 ans. »

Même si aucune outarde n’a été tuée lors des travaux de la nouvelle ligne TGV, c’est le fait de couper l’herbe qui aurait contrarié la poule !

Pour la vice-procureure Stéphanie Mollard « il s’agit de deux délits constatés sur trois sites. Vous avez été gagnés par la course au temps, c’est un manque de diligence », estime la représentante du Parquet de Nîmes qui demande une sanction de 10 000 euros d’amende en partie avec un sursis contre la structure qui a effectué les travaux.

Le tribunal « pondra » sa décision dans quelques semaines.

Boris De la Cruz

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