Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 18.06.2016 - anthony-maurin - 3 min  - vu 540 fois

NÎMES Morte pour 20 euros et un sac qui ne fermait pas

Beaucoup de monde pour ce rassemblement en hommage à Danièle C. (Photo Anthony Maurin)

En hommage à Danièle C., décédée des suites d'une agression pour 20 euros en plein coeur du quartiers des Oliviers, un grand rassemblement citoyen était organisé.

Nous sommes le 16 janvier dernier à 18h30. Danièle C., 78 ans, vient de terminer les quelques courses qu'elle devait faire auprès des commerçants de son quartier et s'apprêtait à rentrer chez elle quand elle s'est faite agressée violemment. Un geste qui causera son décès. La vie d'une famille va basculer et pour son mari, ses enfants et petits-enfants, tout va va changer sans raison. Si, pour 20 euros.

"Les courses étaient finies. Ma mère a ouvert le coffre de sa voiture pour y poser le pain mais elle a eu peur de faire des miettes. Elle s'est alors ravisée et a ouvert sa portière. Il la guettait. Tout s'est enchaîné très vite, tout a basculé très vite. Il a mis sa capuche et s'est décidé à agresser ma mère. Il l'a poussée violemment, elle n'a pas compris puis s'est retournée. Il risquait d'être identifié alors il l'a à nouveau poussée mais, cette foi-ci, de toutes ses forces. Il était jeune majeur ou peut-être mineur, 2 autres jeunes sont venus lui proposer de l'aide alors qu'elle était à terre. Elle leur a dit merci mais nous ne les connaissons pas et nous lançons un appel à témoin. Ma mère a eu la hanche fracturée mais elle est retournée au bureau-tabac pour raconter son agression. Enfin, elle a repris la voiture et évidemment, elle n'a pas pu en sortir à cause de sa hanche..." raconte un des fils de Danièle C..

Le fils de Danièle C. a remercié les personnes qui sont venus apporter leur soutien à sa famille (Photo Anthony Maurin).

"On a voulu voler le sac d'une mamie. Un sac qui avait du mal à se fermer, un sac qui ne contenait que des papiers, des numéros de téléphone, des adresses, des mouchoirs et 20 euros...". Après une arrivée aux urgences du CHU Carémeau et un long séjour dans l'hôpital, Danièle reviendra un temps à la maison avant de retourner au CHU pour y mourir.

"J'étais brisé, ma famille était brisée car nous avons perdu de manière dramatique la plus formidable des mamans. Nous sommes aujourd'hui impuissants, les bras coupés et tout ça malgré-nous et dans notre propre quartier. Notre famille est discrète, nous travaillons, nous sommes calmes... Ma famille est digne, soudée et forte mais nous sommes effondrés et ravagés par la douleur et la lâcheté de ce geste. J'ai décidé de me battre, il faut respecter les gens... On a tous eu 15, 17 ou 20 an, on a tous fait des bêtises mais être jeune ne signifie pas être mauvais, hélas, l'escalade peut être rapide. L'agresseur de ma mère est un assassin, il est peut-être là, ici, devant ma famille, avec nous et je me tiens debout devant lui" poursuit le fils de Danièle C..

Danièle C. est décédée suite à son agression... pour 20 euros (Photo Anthony Maurin).

Un grand rassemblement d'environ 300 personnes s'est tenu à l'endroit même des faits. A Deux pas des commerces du quartiers des Oliviers. "Ma maman était institutrice et nous nous sommes installés dans ce quartier car nous nous y sentions bien. On y a construit nos souvenirs, mais ce qui est arrivé n'avait aucune raison d'arriver, aucune. Le quartier change. Je connais bien ce quartier, nous habitons à quelques rues de là depuis 49 années. Nous sommes Nîmois, je suis Nîmois, nous aimons ce quartier, ses rues et ses arbresLa peur peut changer de camp, l'agresseur a fait une bêtise, qu'il se rende avant qu'on ne le retrouve parce que dans un quartier, tout se sait...".

Tout se sait et pourtant, depuis des mois, l'enquête est au ralentie. "L'enquête... Il n'y a pas de caméra ici mais cela ne veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir d'enquête! Le signalement est quasi inexistant mais quand on cherche, on trouve. Ma mère n'est ni un quota ni un ration d'enquête. Police et Justice doivent faire leur travail".

(Photo Anthony Maurin).

Sans réponse face à un tel acte, la famille s'est mobilisée pour créer de toute pièce ce rassemblement. Pour ne rien oublier et peut-être délier quelques langues. " J'ai mis un à un 5000 tracts dans vos boîtes aux lettres, je suis maintenant le meilleur ami de vos chiens et je sais comment rentrer chez vous sans les faire aboyer. Je n'ai pas assez de mots pour vous remercier de votre présence. Nous désirons tous qu'il y ait un avant et un après un après ce soir" concluait le fils de Danièle C..

Le jour de son agression, Danièle fêtait son anniversaire.

Une minute de silence, respectée et solennelle clôturait le rassemblement.

Anthony Maurin

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