Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 29.07.2016 - elodie-boschet - 2 min  - vu 267 fois

ALÈS Conflit entre automobilistes : "J’ai sorti la serpette pour leur faire peur"

Tribunal d'Alès.

Ce vendredi après-midi, Farid, 29 ans, était jugé en comparution immédiate au tribunal d’Alès pour violence avec arme suite à un différend avec une automobiliste.

Un refus de priorité comme il y en a tant, chaque jour, sur les routes. Sauf que celui-ci s’est soldé par des menaces à la serpette. Ce mardi 26 juillet après-midi, Farid est au volant de sa voiture avec son épouse et leurs enfants, à Alès. Il refuse alors la priorité à un second véhicule, occupé par Sylvie et sa fille Laura. Les grands gestes, klaxons et insultes commencent entre les deux conducteurs qui finissent par se retrouver à l’arrêt, côte à côte.

Pris de colère, Farid s’empare de sa serpette, rangée à côté de son siège. Bras tendu, il s’approche de la voiture de Sylvie en criant et en brandissant l'arme. Apeurées, la mère et la fille démarrent leur auto et prennent la poudre d’escampette, avant d’aller porter plainte au commissariat d’Alès. Quelques heures plus tard, Farid est interpellé à son domicile et placé en garde à vue.

Cet après-midi, dans le box des accusés, Farid s’exprime d’une petite voix pour expliquer son geste. « J’ai coupé la priorité, j’ai fait un geste de pardon. Elle klaxonnait derrière moi en me demandant de m’arrêter. J’aurai pas dû m’énerver comme ça, je le regrette », dit-il.

- Et que faisait cette serpette dans votre voiture ? Ce n’est pas sa place !, interroge le président du tribunal, Thibault Graffin.

- C’est mon outil de travail et elle s’est retrouvée là. J’ai eu une mauvaise réaction et je le regrette amèrement, répète l’accusé.

- Que comptiez-vous faire avec cette serpette contre ces deux femmes ?, poursuit Thibault Graffin.

- Je l’ai sorti pour leur faire peur, répond Farid.

L’accusé a déjà fait l’objet de cinq autres condamnations pour des faits similaires. La dernière en date lui a valu un séjour en prison, de 2010 à 2013. Une période qui l’aurait profondément marqué. « Votre femme déclare que vous êtes bizarre, renfermé et qu’elle ne vous reconnaît plus », expose le président. Une attitude que l’accusé justifie par « des angoisses » dues à sa détention : « Je ne sors pas, je n’arrive pas à aller vers les gens, je suis triste (…) J’ai gardé des habitudes après la prison mais je ne suis pas quelqu’un de violent ».

Le substitut du procureur, Nathalie Welte, n’est pas de cet avis. « On a l’impression dans son discours que sa réaction d’avoir sorti une faucille est légitime ! On ne sait pas comment la situation aurait tournée si les deux femmes n’avaient pas pris la fuite ».

Mais dans les faits, Farid « n’a porté aucun coup sur qui que ce soit », rappelle son avocate, Laurence Bourgeon, déplorant que l’actualité « déforme » la réalité : « Je ne trouve pas du tout que ce soit inquiétant si on oublie qu’il est musulman ou qu’il a une longue barbe ! »

Le tribunal en a jugé autrement en condamnant Farid à 18 mois de prison dont huit avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans, avec obligation de soins et de travail.

Élodie Boschet

Elodie Boschet

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