Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 18.08.2016 - tony-duret - 2 min  - vu 1730 fois

NÎMES EN « 30 » L’histoire de la Place Séverine

Séverine

Pour l'été, Objectif Gard revient sur l'histoire de la ville de Nîmes pendant les années 30. L'occasion de remonter le temps et d'évoquer la capitale gardoise, il y a maintenant plus de 80 ans. 

En 1934, le conseil municipal de Nîmes délibère sur plusieurs noms de rues ou de places. La délibération sur le nom de la Place Séverine (rond-point sud de l'avenue Jean-Jaurès) sera contestée. Un certain Colonel Blanchard (opposition de droite) émet des réserves sur ce personnage qui a toujours combattu les spectacles taurins. Ironique, il indique qu'on a qu'à donner son nom a la Place des Arènes en commentant :"Séverine régnant, il n'y aurait plus de corridas de toros". M. Dugas (opposition de droite) précise qu'il serait curieux de voir le Conseil Municipal de Nîmes consacrer l'adversaire acharné de nos libertés !

Mais qui était Séverine ? Femme libre et militante engagée, socialiste, ensuite communiste, elle succéda à Jules Valles à la direction du journal "Le cri du Peuple". Elle le quitta en 1888 suite à un conflit avec Jules Guesde, qu'elle jugeait, à l'époque, trop marxiste. Pacifiste, elle condamna l'union sacrée en 1914 et adhéra à la SFIO en 1918. Collaboratrice à l'Humanité, elle adhéra en 1921 au parti communiste, qu'elle fut obligée de quitter à cause de sa participation à la création de "la ligue des droits de l'homme".

Le buste de Rodin pour Séverine

La vie privée de Séverine fut aussi riche que sa vie politique. Née Caroline Rémy, elle se sépara de son premier mari, Montrobert, et attendra que le divorce fut autorisé en France pour épouser en seconde noce le docteur Adrien Guebhard (1824-1924). C'est grâce à la fortune de ce médecin, héritier d'une famille Suisse fortunée, qu'elle sauvera le journal "Le Cri du peuple" alors en difficulté financière. Dans sa jeunesse sa beauté attira le sculpteur Rodin. Au cours de séances de croquis en vue de réaliser son buste, l'artiste lui fit des avances appuyées. Mal perçues par Séverine, elle mettra fin aux séances de pose, mais le sculpteur réalisera tout de même son buste en marbre. Cette jeune et belle femme, très recherchée, sera remarquée par un autre grand artiste, Pierre Auguste Renoir, qui réalisa un tableau d'elle. Une autre rencontre, plus anodine, c'est celle de Séverine avec Henri Bauquier, le 14 mai 1912. A cette occasion, elle lui dédicaça sa photo. Ce dernier sera le fondateur du Musée du Vieux Nîmes en 1920. Ce document se trouve dans les archives du musée. Séverine décédera en 1929.

Au cours de cette séance du conseil municipal, on nomma le rond-point nord de l'avenue Jean-Jaures, place Jules Guesde. Pied de nez à l'histoire, car c'est l'avenue Jean-Jaurès, référence incontournable de la gauche Française qui relie ces deux personnalités, un moment antagonistes et pourtant de même sensibilité politique.

Cette chronique estivale hebdomadaire a pu être réalisée grâce au travail exceptionnel de recherche de Georges Mathon, historien nîmois. Pour en savoir plus : http://www.nemausensis.com

Tony Duret

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