Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 04.11.2016 - baptiste-manzinali - 4 min  - vu 148 fois

VENDREDI CULTURE Wax Tailor : "La musique noire américaine est mon pilier "

DR.

À l'instar des Daft Punk et autre Justice, Wax Tailor est l'un de ces rares dj's français à s'exporter à l'étranger. En dix ans de carrière, ce natif de Vernon (Eure) a eu le temps de produire quatre albums dont trois certifiés disques d'or. Un succès qu'il doit en partie à ses performances scéniques, souvent à guichets fermés. Il revient avec un album, By any beat necessary et une tournée qui l’emmène sur la scène de Paloma ce mercredi 9 novembre.

Objectif Gard. Le 31 août dernier, tu dévoilais un clip avec Ghostface Killah (ex chanteur de Wu Tang Clan). Le morceau intitulé Worldwide est issu de ton nouvel album. Comment s'est passée cette collaboration ?

Wax Tailor. Notre première rencontre date de 1996, en backstage, après un concert du Wu Tang. Je suis incapable de dire à quelqu'un "vas-y, faisons un morceau." Là j'ai juste pensé à lui tout de suite sur ce morceau, ça me semblait une évidence. Une fois passés les filtres de son manager, on a beaucoup discuté. C'est le genre de personnage qu'il ne faut pas chercher à pervertir, il ne faut pas lui demander autre chose que ce qu'il est. Le rapport à la route est omniprésent dans mon nouvel album, ce qui m'intéressait c'était d'avoir le sien, qu'il raconte sa vie schizophrénique après vingt années passées en tournée. Il a fait le travail très sérieusement, c'est une super expérience.

OG. Tu parles du rapport à la route, ta musique sonne aussi comme une synthèse de 60 ans de musique américaine.

WT. C'est un peu mon ambition en effet, faire le lien entre les artistes de la nouvelle génération comme Tricky, et ceux plus anciens comme Lee Fields qui figurent également sur l'album. La musique noire américaine est mon pilier.

OG. Tes productions sont très travaillées, est-ce que tu cherches à recréer un son vintage, ou tu es plus dans la modernité ?

WT. Je parle souvent du meilleur des deux mondes. Si on devait faire un parallèle, quand tu écoutes l'album Back to black d'Amy Winehouse, tu te rends compte que Mark Ronson (le producteur) a utilisé tous les sons et les codes d'une époque mais avec une production moderne. À l'inverse d'un label comme Daptone Records, dont j'aime beaucoup le travail mais qui sont plus dans le voyage dans le temps, genre : "Venez on est en 68". Moi je suis plus dans l'anachronisme, utiliser plein de sons de différentes époques que je travaille selon des codes de production d'aujourd'hui.

OG. Mark Ronson, c'est une référence pour toi ?

WT. Ce qu'il a fait avec Amy Winehouse, ça me parait remarquable. Ce qu'il fait aujourd'hui, ça l'est moins à mon goût. C'est très bien produit, mais trop commercial pour moi.

OG. Tu entâmes une tournée française avant de t'envoler pour les États-Unis. Comment est accueillie ta musique la-bas ?

WT. On me parle souvent de french touch, mais au final c'est pas tellement vrai en ce qui me concerne. Lors de ma première tournée aux USA, les gens ne savaient même pas que j'étais français. À New York on pensait que j'étais de Londres, à San Francisco on pensait que j'étais de New York. Après ce n'est pas un moteur absolu, la musique est plus importante, et la mienne est tellement influencée par une certaine forme de culture américaine, que la différence est difficile à déceler. Mais elle existe, j'ai quand même des influences plus européennes dans la façon de digérer tout ça. On injecte inconsciemment autre chose, notamment dans la façon de construire un spectacle, on est plus sophistiqué et ils le ressentent.

OG. Tu as donc une vision européenne de la scène, et du rapport au public ?

WT. Ça oui, c'est sûr. Aux États-Unis, il y a plusieurs niveaux. D'un côté les grosses machines comme Beyoncé qui vont faire des shows incroyables, et d'autres artistes plus alternatifs qui ont beaucoup moins de moyens et d'aides. En France on a quand même un environnement plus facile quand tu démarres, il y a toujours une association ou une Smac pour t'accompagner, on a cette chance donc on va accorder de l'importance à des choses qui pour eux sont du détail. La première fois que j'ai joué aux États-Unis, j'insiste pour avoir un bon tissu noir à mettre sur ma table de dj pour faire jolie, les mecs n'ont pas compris. Pour eux, cela ne changeait rien. Ben si, ça change tout justement. C'est comme si tu faisais un diner romantique mais que tu oubliais de mettre trois bougies. Pour eux, on est des romantiques.

OG. Est-ce que tu peux envisager ta musique autrement que dans une démarche positive ?

WT. C'est intéressant car souvent, on me dit que dans ma musique il y a de la mélancolie. Dans l'appréciation des gens, ça veut dire que ma musique n'est pas suffisamment positive pour eux. Le côté positif pour moi il passe par l'énergie. Je ne suis pas idiot et naïf sur l’Amérique et la situation là-bas, mais eux ils ont l'esprit hyper positif. Nous, on se complaît dans un problème alors qu'eux cherche des solutions. Victor Hugo disait : "La mélancolie, c'est le bonheur d’être triste". Je trouve que cette phrase résume bien ma musique. C'est juste une question de sensibilité.

Mercredi 9 novembre 2016, 20h00, grande salle de Paloma.

Prévente Plein / Réduit : 23 / 19 €

Soir même Plein / Réduit : 26 / 22 €

Baptiste Manzinali

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