ALÈS La Cantarelle, la réinsertion par le jardin
Sur les hauteurs de Rochebelle, dans un coin de nature étonnant, l'association de soutien pour l'insertion (ASPI) accueille 18 bénéficiaires tout au long de l'année. Objectif : rompre l'isolement social par le jardin.
Patricia tenait autrefois une papeterie à Paris. Mais la vie urbaine la lasse. Il y a 10 ans, elle s'installe à St-Ambroix pour "se rapprocher de la nature". Depuis, le monde de l'emploi ne veut plus d'elle. Plusieurs sessions de formation n'y ont rien changé. "J'ai une pré-qualification d'aide à la personne mais je n'ai pas mon permis. Or il faut un véhicule pour l'accompagnement", précise-t-elle.
A 56 ans, la retraite approche et Patricia vit toujours du RSA. Elle a "baissé les bras sur l'emploi". Pourtant, elle veut continuer d'avoir des projets. Refusée à un récent chantier d'insertion, toujours pour des problèmes de mobilité, elle se voit proposer par sa conseillère de signer un contrat avec la Cantarelle, une association qui a pour but de lever les freins à l'emploi, de reprendre confiance en soi, de réapprendre à travailler en groupe. "Ces capacités se perdent avec l'isolement", rappelle Maud Massé, animatrice socio-professionnelle. Seule obligation : venir au minimum quatre demi-journées par semaine, bénévolement et volontairement.
En septembre, Patricia rejoint les 18 bénéficiaires de l'ASPI. Elle s'y rend trois jours par semaine en bus et participe à divers ateliers, à commencer par le jardin de 1,5 ha. "Je redécouvre les plantes, la botanique, c'est un retour vers une activité, un contact avec les gens", commente la quinquagénaire. Les fruits et légumes cultivés servent à l'élaboration - par les bénéficiaires - des repas quotidiens. Mieux, une fois par mois, avec 7 de ses camarades, elle prépare un grand festin avec des invités - le buffet des jardiniers - qui finance d'autres activités : randonnées, matériel... "J'ai l'impression de ne pas toucher le RSA sans rien faire", affirme-t-elle. Et de poursuivre : "Je ne suis pas contre le fait d'obliger ceux qui touchent les minimas sociaux à effectuer du bénévolat, ça remet dans l'ambiance, on a l'impression de faire quelque chose".
Gestion d'un budget, élaboration d'un projet professionnel, l'ASPI sert aussi de tremplin. En parallèle de son contrat de 6 mois, Patricia souhaite intégrer une formation d'employée commerciale de magasin à l'Afpa. Sa dernière chance. "Si ça ne marche pas, je vais peut-être retourner à Paris", conclut-elle.
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